À l’initiative du cabinet 3M-Partners & Conseils, les Journées pétrole, dont la 3e édition s’est ouverte, le mercredi 28 mai, à Dubaï, vise à promouvoir le partage d’expériences en matière de négociation et le suivi des contrats de partage de production.
Une anecdote. En 2014, lors d’une mission d’audit des coûts pétroliers d’un opérateur pour le compte d’un pays africain, Gacyen Mouely fait une découverte surprenante : des pénalités fiscales et douanières étaient intégrées dans les dépenses à rembourser par l’État.
Lorsque l’auditeur interroge l’opérateur, sa réponse est aussi déconcertante que révélatrice : « Rien dans le contrat ne dit que c’est interdit. » « Cette phrase résume à elle seule les limites systémiques que rencontrent nos États, et que nous avons retrouvées, mission après mission, sur plusieurs territoires du continent », constate Gacyen Mouely, associé-gérant du cabinet 3M-Partners & Conseils.
Ce qui l’a convaincu à initier les Journées pétrole, une plateforme d’échange d’expériences entre producteurs d’hydrocarbures. La troisième édition, qui s’est ouverte, le mercredi 28 mai 2025, à Dubaï, réunit des représentants de dix pays africains producteurs de pétrole et de gaz, mais aussi des investisseurs privés autour du thème « La négociation et le suivi des contrats de partage de production ».
Le choix de Dubaï n’est pas fortuit. Terre emblématique d’une gouvernance visionnaire des hydrocarbures, devenue un modèle mondial de diversification économique, la ville émiratie est perçue comme le miroir des pays africains dans leur volonté commune de transformer ces ressources en un levier stratégique de développement.
Ces « failles » à éviter dans les contrats Toutefois, M. Mouely dresse trois constats majeurs : des négociations souvent déséquilibrées, où l’État manque d’outils pour défendre ses intérêts ; un suivi contractuel insuffisant et un manque de mutualisation, chaque pays avançant seul face à des défis communs.
Les Journées pétrole visent à répondre à ces « failles ». « C’est une plateforme panafricaine pour coopérer plutôt que subir, pour apprendre les uns des autres, et pour bâtir ensemble une souveraineté énergétique pleinement assumée », explique Gacyen Mouely. En effet, selon lui, le Cpp n’est pas un simple contrat technique.
Il constitue l’ossature de la relation entre l’État et les compagnies pétrolières juridique fiscalité, investissements, contenu local, normes environnementales. Tout y est structuré, soutient-il, invitant les pays africains à négocier avec rigueur, expertise et sens stratégique. Jennifer Jumbe de S&P Global, référence mondiale en analyse des marchés énergétiques, a donné un aperçu stratégique des tendances d’investissement sur le continent.
Elle note, ces dernières années, une attractivité accrue pour les bassins inexplorés. En effet, souligne Mme Jumbe, l’activité de forage suit avec une certaine précision les prix du pétrole. Cependant, les majors se concentrent de plus en plus sur les bassins mâtures et les régions frontières (Nigeria, Angola et le bassin de la Namibie) où se trouvent les plus grandes découvertes.
Ainsi, si depuis 2010, 75% des découvertes portent sur le gaz, il y a « énormément de découvertes non encore monétisées ».
Autrement dit, qui ne sont pas encore entrées en phase de développement. Et seul un nombre restreint de majors disposent de la technologie nécessaire pour l’exploitation des gisements offshore. Sur le plan fiscal, le Maroc et la Côte d’Ivoire sont les pays qui ont la législation la plus attractive, constate Jennifer Jumbe.
Mais la fiscalité n’est pas l’unique critère. Les compagnies sont également très attentives au respect des contrats, la nationalisation et le contenu local.
Envoyé spécial à Dubaï, Seydou KA