Le secteur des Btp sénégalais vit des heures difficiles. En plus de la concurrence étrangère, la dette intérieure, estimée à 300 milliards de FCfa, plombe l’activité.
« La dette de l’État sénégalais envers les entreprises du secteur du Bâtiment et des travaux publics (Btp) s’élève à plus de 300 milliards de FCfa ». La révélation est du nouveau président du Syndicat des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics (Spebtp), Oumar Ndir. Un chiffre important qui en dit beaucoup sur les difficultés étouffant ce secteur à fort potentiel. Même si elle a été effacée pendant un temps, la dette est remontée en flèche. Un manque à gagner inestimable. Pour cause, en termes d’emplois, le secteur du Btp emploie entre 500 000 et 600 000 personnes. Bien accompagné, elle peut être d’un grand apport dans la problématique du chômage des jeunes.
Pour le colonel Mbareck Diop, Secrétaire général dudit syndicat, au-delà de la dette qui étrangle les entreprises, il y a les difficultés d’accès aux marchés, aux financements et au foncier ; la concurrence des entreprises étrangères ; la pression fiscale ; le coût des matériaux et de l’énergie. « Pourtant, le potentiel est là avec des entreprises compétentes bénéficiant d’une expertise avérée et qui ne demandent qu’à travailler. Son poids de 7,3 % du Pib, derrière les services (60 %), l’industrie (17,7 %) et l’agriculture (14 %), nous semble insuffisant », souligne-t-il. Toutefois, M. Diop estime qu’avec le plan de développement décliné par les autorités, l’espoir est permis vu les grands travaux envisagés.
« Quand le bâtiment va… »
À cause de la dette intérieure qui a occasionné la fermeture de certaines entreprises qui n’arrivent plus à payer leurs charges, les pertes d’emplois sont énormes. « Quand le bâtiment va, tout va. Il est important d’impliquer davantage le secteur privé national dans la réalisation des infrastructures indispensables au développement du pays », ajoute-t-il.
Selon les chiffres publiés par le Spebtp, le Btp représente 200 000 emplois directs. Le document précise d’ailleurs que chaque emploi direct dans le Btp crée entre 1,5 et 2 emplois indirects. Cela signifie qu’au Sénégal, le Btp pourrait générer environ 300 000 à 400 000 emplois indirects supplémentaires. « Le Btp soutient potentiellement, au Sénégal, 500 000 à 600 000 emplois. Il y a lieu de signaler que le Btp constitue une pierre angulaire de la vision du « Sénégal 2050 », spécialement dans l’axe 2 « Aménagement et développement durable », mobilisant ainsi des investissements publics et privés dans la réalisation d’infrastructures routières et hydrauliques, d’hôpitaux, de logements, ainsi que dans des projets énergétiques et industriels », détaille le document.
Préférence nationale
Étouffées par la dette intérieure, les entreprises des Btp font également face à une concurrence étrangère assez rude. C’est pourquoi Oumar Ndir plaide pour une préférence nationale. « Les entreprises nationales souhaitent qu’une attention plus importante leur soit accordée, afin qu’elles puissent jouer pleinement leur rôle d’antan pour l’édification des différentes infrastructures que nous empruntons tous les jours dans ce pays. Le Btp constitue une pierre angulaire de la vision « Sénégal 2050 », surtout dans l’axe aménagement et développement durable. Cet axe mobilise des investissements publics et privés dans la réalisation d’infrastructures routières et hydrauliques, d’hôpitaux et de logements, ainsi que dans les projets énergétiques et industriels », plaide-t-il.
Pour le Secrétaire général du Spebtp syndicat, l’approche doit être globale. Le colonel Mbareck Diop insiste sur deux leviers, essentiels à ses yeux. D’abord, développer les compétences avec la formation professionnelle, mais aussi et surtout faire confiance aux entreprises locales dans le cadre de la préférence nationale. Il propose aussi de mettre en place un financement approprié, encourager des partenariats public-privé, privilégier la co-traitance et le transfert de technologie pour les projets complexes tout en mettant l’accent sur la qualité des infrastructures en imposant le respect des normes.
Abondant dans le même sens, le président du syndicat estime que les entreprises sénégalaises du Btp ont l’expertise nécessaire pour réaliser des projets d’envergure. Elles l’ont prouvé partout dans la sous-région, dit-il. C’est pourquoi M. Ndir soutient que la notion de contenu local devrait même être revue. « Il faut revoir la notion de contenu local. Ce n’est pas aux entreprises locales qu’on doit laisser la portion congrue. Elles ont la capacité de faire et de trouver des partenaires aux besoins. Donc, il faut inverser la tendance. Les entreprises nationales doivent prendre le gros des marchés. C’est possible », plaide-t-il.
Oumar FÉDIOR
Oumar Ndir, nouveau président du syndicat du Btp
Oumar Ndir est le nouveau président du Syndicat des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics (Spebtp). Le directeur général du Groupe de SEEE Sénégal a été élu, hier, à l’unanimité, à l’occasion de l’assemblée de la structure. Il remplace à ce poste Oumar Sow, président du groupe Cse. O. FÉDIOR