C’est acté. Le projet de loi portant sur la loi de finances rectificative a été adopté, samedi 28 juin 2025, par la majorité des députés. Une occasion saisie par le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, pour souligner la nécessité de relancer l’économie.
Sans surprise, le projet de loi portant loi de finances rectificative (Lfr) pour l’année 2025, soumis à l’Assemblée nationale, a été adopté. Sur les 165 députés, 139 ont voté, dont 126 pour, 11 contre et 2 abstentions.
Représentant le gouvernement à l’Assemblée nationale, le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, a indiqué que la Lfr intervient dans un contexte économique et financier marqué, entre autres, par une volatilité accrue des cours des produits pétroliers et alimentaires sur le marché international, ainsi que par des tensions commerciales et géopolitiques renforcées.
Il a également souligné qu’elle intervient à une période où se pose un besoin urgent de relancer l’activité économique nationale, notamment à travers un meilleur alignement avec l’Agenda national de transformation « Sénégal 2050 ».
À ce titre, le ministre a déclaré que : « Le projet de loi est surtout motivé par la nécessité de prendre en compte les recommandations formulées dans le rapport d’audit des finances publiques de la Cour des comptes. Il constitue un acte de refondation de la gestion budgétaire ».
Selon lui, cette Lfr vise la restauration de la « transparence et la sincérité budgétaires » par la mise en œuvre des recommandations de la Cour des comptes. Ce, en améliorant les dispositifs et mécanismes de reddition des comptes, grâce au renforcement du système de comptabilité publique. « Les investissements publics financés sur ressources internes ont baissé. Nous l’assumons. Nous sommes dans une situation de précarité budgétaire et financière », avoue le ministre.
Mais, précise-t-il pour rassurer : « La situation n’est pas critique, elle peut être gérée ». À cet effet, il promet une relance de la machine économique. Celle-ci, selon le ministre, passerait à travers un programme de soutien aux secteurs porteurs de croissance, structuré autour de l’apurement des engagements de l’État auprès des acteurs économiques, la réorganisation, le renforcement et l’amélioration de l’efficacité des investissements publics, le soutien à l’investissement privé, l’amorce de la souveraineté alimentaire, etc.
Par ailleurs, le ministre s’est prononcé sur le déficit budgétaire. D’après lui, un déficit budgétaire, économiquement, n’est pas problématique. « Le déficit budgétaire est un indicateur important pour permettre à ce que le régime ne dérape pas, pour qu’on ne vive pas au-dessus de nos moyens. Mais un déficit budgétaire peut relancer une machine économique », a soutenu le ministre, renseignant que le gouvernement s’est engagé, avec ses partenaires techniques et financiers, sur une trajectoire de consolidation budgétaire. « Les difficultés sont là, mais c’est une question de régime. C’est une option politique. Sous l’ancien régime, nous étions à 11,5 % de déficit budgétaire.
On s’est dit que si on veut bouleverser la tendance, il faut qu’on réduise le déficit budgétaire pour l’amener, à l’horizon 2027, à 5 %. On fait tous les efforts nécessaires de coupes de dépenses pour ramener le déficit budgétaire dès 2025 à 7,08 %. La gestion de la dette publique nous a permis de libérer de l’espace budgétaire, rien que sur 2025, la somme de 800 milliards de Fcfa », a souligné le ministre.
« Les 10 207 milliards de FCfa ne relèvent pas de la responsabilité du gouvernement actuel »
Le ministre Cheikh Diba a profité de sa tribune pour répondre à Thierno Alassane Sall, député non-inscrit, et à Abdou Mbow, député du groupe parlementaire de la coalition « Takku Wallu Sénégal », qui ont soutenu que les autorités actuelles ont, en deux ans, contracté une dette de 10.207 milliards de FCfa. Il a démenti cette information, appelant ses adversaires à plus de rigueur dans leurs critiques. « Je pense qu’il faut du sérieux et il ne faut pas nous amener à parler d’une certaine façon.
Ce travail que nous faisons est très sérieux. Il a répondu à des exigences que tout le monde connaît. Les 10 207 milliards de Fcfa ne relèvent pas de la responsabilité du gouvernement actuel, et c’est cela la vérité », martèle-t-il, avant d’ajouter : « Il faut apprécier l’effort de retour à la réalité que nous faisons. Nous avons dépassé l’ère des débats puérils. Nous ne sommes pas là pour jouer. Notre quotidien, c’est de faire en sorte que les prochaines cargaisons de pétrole brut soient financées dans le respect des règles, c’est d’avoir les meilleurs coûts d’approvisionnement par rapport à ces produits ».
Les prévisions de recettes de cette loi de finances rectificative sont arrêtées à 4.884,3 milliards FCfa contre 5.014,3 milliards FCfa dans la loi initiale, soit une baisse de 130 milliards FCfa en valeur absolue. Les dépenses sont révisées à 6.580,2 milliards contre 6.614,8 milliards de FCfa, soit une réduction de 34,5 milliards de F Cfa.
Aliou Diouf