Infographe, informaticien, directeur d’une radio communautaire, entrepreneur, Lamine Baldé est un véritable touche-à-tout. Le trentenaire s’est donné comme défi de réussir à Vélingara en dépit des écueils.
VÉLINGARA-Lamine Baldé, plus connu sous le nom de Seefo n’est plus à présenter à Vélingara. Le trentenaire est un véritable couteau suisse. Il s’est fait un nom dans le domaine de l’infographie et du multimédia, et tient une entreprise située dans le quartier « Samba quinze ans », un business qui roule à plein régime.
À Seefo Multimédia, les employés sont en pleine activité. Ils s’occupent des commandes. Un peu plus loin, dans son bureau, Lamine Seefo montre à un de ses apprenants comment fonctionne la machine de tirage grand format. Dans le métier depuis plus d’une dizaine d’années, le jeune au corps svelte a su s’imposer à force de volonté et de persévérance. « L’entrepreneuriat n’est pas facile sans financement. Mais nous avons suivi notre passion et arrivons à nous en sortir tant bien que mal », avoue le trentenaire.
« La passion permet de déplacer des montagnes », dit-on. Seefo a suivi son amour pour l’informatique et s’y épanouit pleinement. Un intérêt qui a commencé au lycée. « Je me suis intéressé à cela en classe de seconde. J’installais des ordinateurs, des imprimantes dans les écoles de la place pour gagner des sous. Cela m’a permis de gérer ma scolarité jusqu’en Terminale », explique-t-il. En classe d’examen, le jeune Seefo tente le concours de SupImax, une école de formation en multimédia basée à Dakar. Il réussit le test haut la main, suit une formation de trois ans et en sort avec son diplôme en poche en 2019. « Je suis revenu la même année pour lancer mon business. Je voulais vraiment révolutionner le numérique ici. L’objectif était de montrer que Vélingara n’a rien à envier à Dakar », affirme-t-il.
Informer et éveiller
Pionnier dans le domaine du multimédia dans la commune, Lamine Baldé a débuté en développant un système de communication interne. « J’ai constaté que nous avions des problèmes d’accès à l’information. J’ai ainsi commencé à partager des messages sous le nom de « Xibaaru bimbilaw » (infos matinales) », explique-t-il fièrement. Il résumait tout ce qui se passait à Dakar en un texte pour ses contacts. « C’était bien avant WhatsApp, et les retours étaient très positifs. Ce réseau est arrivé par la suite et m’a permis d’amplifier le support », renseigne-t-il. Les infos matinales connaissent ainsi une seconde vie avec les groupes Whatsapp.
D’une idée venue sur un coup de tête, Seefo se retrouve rapidement avec des milliers de lecteurs. Cela suffit pour l’encourager à créer sa chaine en ligne dénommée « Goreel Tv ». Goreel vise à rendre l’information et les services accessibles. Seefo multimédia voit le jour quelques mois plus tard avec à son actif une dizaine d’employées.
Les ambitions de Lamine Baldé pour Vélingara ne s’arrêtent pas seulement au multimédia et à l’infographie. « Je suis également dans le domaine des transports, la sérigraphie, la photocopie, l’impression et le traitement de textes et la vidéographie. Nous réalisons des documentaires, des publireportages », informe-t-il. L’entrepreneur s’est aussi lancé dans l’évènementiel avec la location de chaises et de bâches. « L’idée est de montrer aux jeunes que c’est possible de réussir dans son fief natal. Je forme mes employés pour qu’ils puissent être autonomes financièrement. Je leur ai ouvert des comptes bancaires et ils ont leurs petits business à côté pour renflouer leurs caisses », confie-t-il.
Une école de formation en perspectives
Madina Ly et Maodo Baldé sont tous les deux employés à Seefo Multimédia. Les deux jeunes âgés de plus d’une vingtaine d’années affirment être plus autonomes depuis qu’ils bossent pour cette structure. « Je travaille avec lui depuis trois ans en tant que gérante. C’est un homme passionné, sociable, respectueux, généreux et humble », a relevé Madina Ly. Maodo aussi ne tarit pas d’éloges lorsqu’il s’agit de parler de Seefo. « Je lui dois beaucoup. C’est quelqu’un de généreux et qui est très ambitieux », reconnait le jeune sérigraphe.
Abdoulaye Baldé dit être fier de donner de l’espoir à ces jeunes à travers l’entrepreneuriat. Mais cela n’est pas sans écueils d’après le directeur d’une radio communautaire à Kounkané. « Le manque de moyens reste un grand défi pour moi sans compter la concurrence déloyale. Nous n’avons pas de soutien de nos autorités ni de fonds », énumère l’entrepreneur. Mais il en faut plus pour décourager Lamine Baldé, qui ambitionne d’ouvrir une école de formation dans les métiers de l’audiovisuel. De grandes perspectives pour celui qui veut développer son fief natal.
Arame NDIAYE (envoyée spéciale)