Dans la transformation systémique de l’économie, le nouveau référentiel des politiques publiques accorde une place importante aux terroirs. Pour les rendre attractifs et compétitifs, l’Apix et l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (Anat) ont décidé d’harmoniser leurs interventions.
D’après un document de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), cité par le directeur général de l’Apix, Bakary Séga Bathily, la région de Dakar concentre, à elle seule, 46,2 % de la richesse nationale avec un Pib de 7960,8 milliards de FCfa. Cinq régions (Dakar, Thiès, Diourbel, Saint-Louis et Kaolack) génèrent 71,5 % du Pib national, laissant les neuf autres régions ne contribuer qu’à hauteur de 28,5 %. Ces inégalités économiques freinent le développement harmonieux du pays. Pour Bakary Séga Bathily, qui s’exprimait lors d’un atelier de cadrage organisé avec l’Agence nationale de l’aménagement du territoire (Anat), hier, à Dakar, cette situation s’explique par la concentration des infrastructures dans la capitale, la centralisation des services, l’accès limité aux financements dans les régions, la faible diversification économique… Un diagnostic qui était pris en compte dans le Plan stratégique de développement publié par le gouvernement. L’Anat, dans le volet aménagement, et l’Apix, pour la promotion des investissements, sont, selon M. Bathily, deux partenaires naturels dans le rééquilibrage des politiques. « Le référentiel « Sénégal 2050 : agenda de transformation » met en lumière ces déséquilibres et prône une répartition plus équitable des richesses. Pour y parvenir, il est essentiel de rééquilibrer nos secteurs économiques à travers l’investissement territorial et la formalisation de l’économie. La création et le développement des Zones aménagées pour l’investissement (Zai) sont une réponse concrète à cette ambition. Ces zones doivent devenir des pôles stratégiques pour l’industrialisation et le développement économique du Sénégal », indique-t-il. Poursuivant, le Dg de l’Apix explique que ces zones permettent de lever les contraintes liées à l’accès au foncier, de sécuriser les investissements grâce à des baux garantis par l’administration, de faciliter le financement des entreprises grâce à la sécurité foncière, d’encourager la territorialisation des investissements privés, etc.
Diagnostic
En mettant en place huit pôles régionaux de développement, l’État du Sénégal, explique Tidiane Sidibé, vise à rétablir la cohérence territoriale afin de corriger le déséquilibre dans l’occupation du territoire et, d’autre part, favoriser une exploitation optimale et durable des énormes potentialités de notre territoire national par des choix pertinents et courageux de développement économique à même de propulser le Sénégal parmi les Nations dites développées. Pour le Dg de l’Anat, la gestion du territoire dans la situation socioéconomique actuelle ne peut plus être assurée par des mesures ponctuelles. En planifiant stratégiquement et de manière prospective, estime-t-il, « nous pouvons non seulement maximiser l’impact économique de nos projets, mais aussi garantir qu’ils soient en adéquation avec les besoins sociaux et environnementaux de nos territoires ».
Pour y arriver, précise Bakary Séga Bathily, il faut une gouvernance adaptée, une répartition optimale des ressources et une programmation rigoureuse des investissements publics. Pour identifier les zones à aménager et attirer les investissements, il s’agira, dans un premier temps, d’évaluer les ressources naturelles et humaines disponibles dans chaque région, en cohérence avec les axes stratégiques de l’agenda de transformation. Ensuite, sélectionner les zones disposant des infrastructures nécessaires tout en veillant à l’intégration communautaire et en privilégiant les zones avec une forte intégration des communautés locales et peu d’emprises à libérer.
Dans cette optique, le Sénégal pourra s’appuyer sur le Plan national d’aménagement et de développement territorial (Pnadt) approuvé par le décret 2022-843 du 12 avril 2022. Selon le Dg de l’Anat, il vise à promouvoir le développement durable du Sénégal à partir de ses territoires par une bonne structuration de l’espace et une valorisation durable des ressources et potentialités. Il permet d’orienter les choix de localisation des projets structurants initiés par l’État et les acteurs économiques et d’identifier pour chaque zone, relativement importante et homogène du territoire, les principaux modes d’utilisation de l’espace et de valorisation durable des ressources naturelles ayant un impact spatial assez important.
Oumar FÉDIOR