Chez les femmes du département de Podor, l’aquaculture commence à se faire une place. À Agnam Tonguel, localité située dans la commune de Guédé Village (département de Podor), cette activité fait désormais vivre des centaines d’entre elles. Dans cette zone, l’aquaculture est désormais une alternative crédible au maraîchage.
PODOR – Agnam Tonguel vibre au rythme de la récolte. Rien d’anormal, dans une zone où l’agriculture est pratiquée par toutes les familles. Mais cette fois-ci, la récolte ne concerne ni le riz, ni le mil ou le niébé. Le vendredi 11 juillet 2025, sous un ciel menaçant, les populations sont venues de partout pour assister à la moisson du poisson. Une première dans la zone ! Après six mois de travail acharné, les femmes du village d’Agnam Tonguel, dans la commune de Guédé Village, ont récolté le fruit de leur dur labeur.
«Il y a cinq ans, il n’y avait rien ici. Mais avec l’accompagnement de l’Ong espagnole Solidaridad internacional andalucía (Sia), nous avons réussi à faire un premier projet. C’est aujourd’hui une occasion, pour nous, de magnifier l’engagement et la détermination des femmes d’Agnam Tonguel», s’est félicité Abdoul Hamtah Gangué, coordinateur d’Enda Pronat, porteur du projet.
Pour la circonstance, le sous-préfet de Gamadji Saré a fait le déplacement. Mamadou Sy a salué le travail des braves dames. «Dans son programme, l’État du Sénégal encourage l’autonomisation des femmes à travers des activités génératrices de revenus. Ces dernières sont des exemples, et elles méritent d’être accompagnées», a indiqué l’autorité administrative.
Le projet a permis à Agnam Tonguel d’avoir deux bassins d’une capacité de 6.000 alevins chacun.
L’aquaculture, une alternative au maraîchage !
Une initiative qui entre dans le programme global d’Enda Pronat, qui vise à renforcer la souveraineté alimentaire des communautés locales. «Nous sommes très satisfaits de la récolte. Nous avons des individus de plus de 300 grammes. Cela suppose que le travail a été bien fait. Nous félicitons les femmes qui ont abattu un travail remarquable», s’est réjoui Bacary Biaye, chef de l’antenne Nord de l’Agence nationale de l’aquaculture (Ana).
Habituées au maraîchage, les femmes d’Agnam Tonguel ont désormais une belle opportunité pour diversifier leurs sources de revenus. «Au début, nous n’avions aucune idée de la pratique de l’aquaculture. Mais avec le soutien de nos encadreurs, nous avons réussi. C’est un sentiment de fierté qui anime toutes les femmes», a confié Aïssata Dia, une des membres du groupement féminin d’Agnam Tonguel.
Après la récolte, les femmes devront entamer la phase de commercialisation. Le kilogramme est échangé contre 2.500 FCfa. Déjà, en ce jour de récolte, les commandes s’accumulent.
«Certains achètent sur place, d’autres passent commande. C’est une belle expérience», a ajouté Dieynaba Niang, membre du comité de vente.
Dans cette partie du pays, Enda Pronat et ses partenaires collaborent sur des projets structurants. Ils interviennent notamment dans le domaine de l’agroécologie et de l’amélioration de la sécurité alimentaire, avec un accent particulier sur l’appui aux communautés rurales. «Ce moment qui nous réunit est l’aboutissement d’un travail entamé depuis six mois. L’objectif était de satisfaire les besoins des femmes et de lutter contre l’insécurité alimentaire. Je pense que nous avons atteint notre but», a indiqué Papa Simal, représentant de l’Ong Sia, qui intervient au Sénégal depuis une vingtaine d’années. Outre Agnam Tonguel, le projet profite à Médina Fresbé et Mboyo Diéri, deux villages où le dynamisme des femmes n’est plus à démontrer. «
Agnam Tonguel est retenu comme site pilote, et nous sommes dans la perspective d’élargir cette activité dans la commune de Guédé Village», a informé Abdoul Gangué d’Enda Pronat.
Il a rappelé la situation alimentaire préoccupante du département de Podor et le rôle que ces groupements féminins ont à jouer.
Mamadou THIAM (Correspondant)