Le Ministère des Finances et du Budget de la République du Sénégal a publié son rapport trimestriel d’exécution budgétaire pour le deuxième trimestre 2025, réaffirmant son engagement en faveur de la transparence budgétaire et de la bonne gouvernance financière. Ce rapport exhaustif, élaboré en application de la loi organique relative aux lois de finances, offre une analyse détaillée de la situation financière de l’État à fin juin 2025.
Contexte Macroéconomique : Une Croissance Portée par les Hydrocarbures
Le premier semestre 2025 a été marqué par un contexte économique mondial contrasté, avec un ralentissement aux États-Unis, un rebond en Zone euro et un dynamisme continu des économies émergentes. Au sein de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), l’activité économique est restée soutenue, affichant une accélération de la croissance à 7,1 %.
Sur le plan national, le Sénégal a enregistré une croissance remarquable de 12,1 % de son PIB réel au premier trimestre 2025, principalement propulsée par l’exploitation des hydrocarbures. Hors activités pétrolières et gazières, la croissance se situe à un niveau plus modéré de 3,1 %, soulignant l’impact majeur des nouveaux gisements sur l’économie nationale.
Mobilisation des Recettes : Des Performances Notables et des Défis
À fin juin 2025, les ressources totales du budget général mobilisées s’élèvent à 4 474,1 milliards de francs CFA, atteignant 43,1 % des prévisions de la Loi de Finances Rectificative (LFR). Les recettes propres du budget général ont atteint 2 226,3 milliards de francs CFA, soit un taux de recouvrement de 47,7 % par rapport à l’objectif annuel. Cette performance représente une progression de 8,5 % (+175,3 milliards de francs CFA) en glissement annuel, attribuée à la reprise de l’activité économique et aux efforts des services de recouvrement.
• Impôts directs : Ils se distinguent par un taux de réalisation de 60,3 %, atteignant 913,9 milliards de francs CFA. L’impôt sur les sociétés a particulièrement bien performé avec 392,3 milliards de francs CFA collectés (85,9 % de l’objectif).
• Impôts indirects : Ils représentent 1 074,2 milliards de francs CFA, soit 40,8 % de l’objectif annuel. Les taxes sur les biens et services (831,1 milliards de francs CFA) et les droits de porte (198 milliards de francs CFA) ont été les principaux moteurs de cette dynamique.
• Recettes non fiscales : Elles ont été mobilisées à hauteur de 116,6 milliards de francs CFA, soit 41,2 % de l’objectif annuel. Une augmentation significative de 39,3 % en glissement annuel, grâce notamment aux dividendes et produits financiers (45,6 milliards FCFA) et aux recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures (35,4 milliards FCFA).
• Dons budgétaires : La mobilisation des dons reste un point critique, avec seulement 19,3 milliards de francs CFA (8,0 % de l’objectif annuel de 241,6 milliards FCFA), exclusivement sous forme de dons en capital. Les principaux bailleurs incluent la Banque Mondiale (8,1 milliards FCFA) et Invest International (3,7 milliards FCFA).
Exécution des Dépenses : Maîtrise et Priorités
À fin juin 2025, l’État du Sénégal avait déjà dépensé 2 814,6 milliards de FCFA, soit 44,2 % du budget annuel prévu dans la Loi de finances rectificative (LFR).
-Les dépenses ordinaires
Elles représentent la plus grosse partie des dépenses, avec 2 232,7 milliards de FCFA exécutés (50,4 % des prévisions).
Dette publique : 501,1 milliards de FCFA ont été consacrés au remboursement et aux intérêts de la dette, soit près de 291 milliards de plus qu’en 2024, en raison de l’intégration de dettes bancaires auparavant non reconnues.
Salaires : La masse salariale atteint 724,1 milliards de FCFA, en hausse de 3,3 % par rapport à l’an dernier, pour un effectif de 188 576 agents de l’État.
Transferts courants : Ils se chiffrent à 844,9 milliards de FCFA, en hausse de 31,7 %. Cette progression est surtout due aux subventions à l’énergie, qui passent de 167,8 milliards en juin 2024 à 370 milliards FCFA en 2025, dont 111 milliards pour payer des arriérés de 2024. Plus de la moitié (57,8 %) de ces transferts concernent le secteur des affaires économiques.
-Les investissements publics
Les dépenses en capital (investissements) atteignent 581,9 milliards de FCFA, soit 30,1 % des prévisions.
Sur ressources internes : 186,6 milliards de FCFA (31,8 % de réalisation), dont seulement 11,9 milliards exécutés directement par l’État. Les priorités vont à la sécurité, la défense et les infrastructures économiques.
Sur ressources extérieures : 436,6 milliards de FCFA, orientés principalement vers le secteur tertiaire (185,2 milliards), le secteur quaternaire (150,3 milliards) et le secteur primaire (50,8 milliards).
-Déficit budgétaire et financement
Le déficit budgétaire s’élève à 588,3 milliards de FCFA à fin juin, soit 34,7 % de l’objectif annuel (1 695,9 milliards). Un niveau jugé maîtrisé à mi-parcours. Pour couvrir ce déficit et les besoins de trésorerie, l’État a mobilisé 2 247,8 milliards de FCFA, dont : 1 677 milliards sur les marchés bancaires et financiers, 535,2 milliards via des prêts projets.
Les charges de trésorerie atteignent 1 490,4 milliards de FCFA, dont 1 331,2 milliards pour le remboursement de la dette.
– Retraites et organismes publics
Le Fonds national de retraite (FNR) reste excédentaire, avec un surplus de 13,2 milliards de FCFA à fin juin 2025 (+0,8 milliard par rapport à 2024), grâce à l’arrivée de 11 872 nouveaux cotisants.
Les 160 organismes publics suivis disposent d’un budget global de 1 458,9 milliards de FCFA, mais n’ont absorbé que 29,9 % des crédits (435,6 milliards). Leur dette atteint 820,3 milliards, dont 536,3 milliards auprès des banques, largement concentrés sur le FERA (512,1 milliards).
En résumé, l’État sénégalais affiche à mi-2025 une exécution budgétaire maîtrisée, malgré la pression de la dette et la flambée des subventions à l’énergie. Le gouvernement affirme vouloir poursuivre une gestion transparente et efficace des finances publiques pour soutenir le développement économique et social du pays.