Comment exploiter le potentiel de l’Intelligence artificielle (Ia) tout en maîtrisant les risques qu’elle engendre. C’est autour de cette problématique que la Bceao a organisé, hier, mercredi 21 mai, une conférence internationale sur : « Intelligence artificielle : opportunités et défis pour les banques centrales ».
L’avènement de l’Intelligence artificielle (Ia) a bouleversé les habitudes dans tous les secteurs d’activités. C’est dans ce contexte que la Bceao a initié, hier, mercredi 21 mai 2025, une conférence internationale sur le thème : « Intelligence artificielle : opportunités et défis pour les banques centrales ». Présidant la cérémonie d’ouverture, le ministre sénégalais des Finances et du Budget a indiqué que l’Ia permet, de plus en plus, aux machines de reproduire des tâches habituellement réalisées par l’être humain ». Cheikh Diba estime que cette technologie offre aux organisations publiques et privées des outils innovants permettant l’accélération de la production et l’amélioration de la qualité de service.
À son avis, « son impact se fait sentir particulièrement dans le secteur économique et financier à travers l’innovation, la croissance de la productivité et l’aide à la prise de décision ». Plusieurs États membres de l’Uemoa ont ainsi créé un « environnement propice » au développement et à l’intégration des solutions innovantes à travers l’adoption de stratégies nationales d’Intelligence artificielle ou de transformation numérique. Pour lui, l’objectif est de renforcer l’efficacité de leurs administrations publiques et d’améliorer les conditions de vie des populations, particulièrement par la promotion et l’adoption de l’Ia dans les secteurs à fort impact socioéconomique, tels que l’agriculture, l’éducation, la santé, les services publics, etc. « Cette transformation devrait également conduire à des changements structurels majeurs susceptibles d’accélérer, entre autres, la digitalisation des procédures administratives et de valoriser les données massives, surtout dans les domaines de la recherche, de la conception et de l’évaluation des politiques publiques », a ajouté le ministre.
D’après lui, l’utilisation de l’Intelligence artificielle devrait permettre « d’affiner » les analyses, singulièrement sur les risques économiques et financiers, et ainsi permettre un « soutien accru » dans le financement des économies. Sa conviction est qu’ « une gouvernance solide devrait permettre de tirer le maximum de bénéfices de cet outil tout en assurant l’intégrité en matière de traitement des informations et leur utilisation ». Toutefois, il a souligné que ces objectifs ne peuvent être atteints sans un engagement fort des différents acteurs de l’écosystème bancaire et financier. « Perspectives exceptionnelles » Pour sa part, le gouverneur de la Bceao a affirmé que l’Ia ouvre des « perspectives exceptionnelles » pour les institutions bancaire et financière. Jean-Claude Kassi Brou pense cependant que toute innovation comporte également des défis et des risques à appréhender et à contenir pour assurer son efficacité. À l’instar de plusieurs banques centrales, la Bceao, a-t-il révélé, a mis en place, en juillet 2024, un comité de réflexion sur l’Ia.
Sa conviction est que l’avènement de cette technologie constitue une révolution qui change déjà en profondeur de nombreux domaines d’activités et affecte des pans entiers de la société. M. Brou croit que ce pouvoir transformateur croissant de l’Ia mérite une attention particulière des autorités en charge des politiques économiques. Il a rappelé que le Sommet pour l’Action sur l’Intelligence artificielle, tenu à Paris, en février 2025, a abouti à la signature par une soixantaine de pays d’une déclaration commune en faveur « d’une Ia ouverte, inclusive et éthique ». Il a également indiqué que l’utilisation de l’Intelligence artificielle par les banques centrales reste encore embryonnaire. Toutefois, le gouverneur a rassuré que plusieurs banques centrales s’y engagent déjà de manière résolue afin d’être des acteurs responsables de cette révolution qui se déroule à grande vitesse. À ses yeux, cette rencontre n’a pas pour ambition d’apporter des « réponses toutes faites » aux problématiques qui se posent. D’après lui, elle vise plutôt à permettre aux banques centrales et aux participants de partager leurs expériences pertinentes et diverses dans l’objectif d’enrichir leurs feuilles de route en matière de déploiement de l’Ia au sein de leurs activités ».
Souleymane Diam SY