Depuis la pandémie de Covid-19, les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) ont placé la souveraineté alimentaire au cœur de leurs priorités. Pourtant, l’objectif reste hors de portée : 3 000 milliards de Fcfa sont encore dépensés chaque année pour importer des denrées de base comme le riz, le lait, la viande ou le blé. Une dépendance structurelle persistante. Selon Amadou Mbodj, directeur de l’Agriculture à la Commission de l’Uemoa, la région continue d’importer 50 % de son riz et 90 % de son blé. Seuls le Bénin et le Niger semblent infléchir cette tendance.
Des obstacles multiples à la production locale
Le Pr Oscar Teka cite des freins majeurs : difficulté d’accès au foncier, financement inadapté, faible mécanisation, mauvaise qualité des intrants et calendrier agricole mal structuré. Ces défis mettent en péril la capacité de la région à nourrir une population estimée à 800 millions de personnes d’ici 2050.
Climat et opportunités à saisir
Le changement climatique, perçu comme une menace, peut devenir une opportunité. Selon le Dr Issoufou Baoua, les prochaines années devraient connaître des pluies abondantes : une aubaine si les États investissent dans des politiques agricoles résilientes.
Appels à repenser les politiques agricoles
Des voix comme celle de Mamadou Cissokho, président d’honneur du ROPPA, dénoncent des politiques « élitistes » et déconnectées des réalités paysannes. Il appelle à plus de concertation locale, à un crédit agricole à taux réduit, et à une décentralisation des innovations agricoles.
Vers un changement de paradigme ?
L’introduction de l’assurance paramétrique, basée sur des indices climatiques, pourrait protéger les petits exploitants face aux aléas naturels. Mais au-delà des solutions techniques, c’est un changement de regard sur l’agriculture locale et ses acteurs qui semble indispensable.
La souveraineté alimentaire dans l’espace Uemoa ne peut être atteinte sans un engagement concret en faveur des petits producteurs, des investissements ciblés, et une meilleure valorisation des ressources locales. Comme le dit le proverbe cité dans le panel : « On ne coiffe pas quelqu’un en son absence ».
Elhadji Ibrahima THIAM