L’arrêté du ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage suspendant les mesures d’interdiction des exportations de graines d’arachides suscite un accueil plutôt mitigé chez les acteurs de la filière oléagineuse dans la capitale du bassin arachidier.
Kaolack – Premier jour de l’effectivité de la décision gouvernementale suspendant les mesures d’interdiction de l’exportation de l’arachide par les acteurs de cette culture qui structure l’économie régionale. Dans les installations de Copeol, une huilerie privée sur les berges du fleuve Saloum, un frémissement d’animation qui jure avec la morosité observée depuis des mois. Serait-il lié à la bonne nouvelle de la reprise des exportations ? Rien de tel. Renseignement pris, l’usine sous traite certaines activités de la Sonacos de Kaolack. Sur place le responsable technique, Samba Wane, accueille cette mesure plutôt favorablement. « La décision du gouvernement pour permettre la reconstitution du capital semencier et l’approvisionnement des huileries nationales a été une bonne chose même si, à notre niveau, nous n’en avons pas bénéficié au contraire de la Sonacos. Dans notre cas c’est l’accompagnement des banques qui a fait défaut », a-t-il souligné.
Une position mitigée qui contraste avec celle des opérateurs privés stockeurs. Elhadji Boucounta Goumbala, le président de la section régionale de la Fédération nationale des opérateurs privés stockeurs et transporteurs (Fnops/T) s’en frotte les mains. «Cette mesure de suspension des exportations était salutaire. Elle a permis à la Sonacos de faire une collecte record de près de 150.000 tonnes de graines, une performance inédite depuis quelques années. Ce n’est que vers la fin qu’il y a eu quelques difficultés liées à la disponibilité des financements de campagne », reconnaît le responsable local de l’organisation faîtière des opérateurs privés de la filière. Mais de toutes les réactions, celles des responsables du collectif des producteurs et exportateurs de graines d’arachides étaient les plus scrutées. C’est Moustapha Thiam de Kaolack qui s’y colle en l’absence du président Habib Thiam. « Cette mesure s’imposait dans son contexte parce qu’il fallait faire face à l’anarchie qui prévalait dans la commercialisation avec des intermédiaires venus de toutes parts. Car il ne faut pas perdre de vue que les exportateurs nationaux opèrent aussi au niveau national», fait-il observer.
Les acteurs s’interrogent cependant sur la pertinence de la levée de la mesure plus de 4 mois après le démarrage de la campagne de commercialisation. « Dans tout le centre du pays, toute la production a été quasiment commercialisée, les rares graines disponibles sont à chercher dans le sud du pays. C’est un peu tardif», regrette Moustapha Thiam du Copega. Même constat amer chez Samba Wane de Copeol. Ce dernier préconise un ajustement pour limiter dans le temps la levée de la suspension qui permettrait aux exportateurs de réintégrer le circuit commercial et de bénéficier de l’accompagnement de leurs partenaires financiers. C’est l’avis aussi d’El Hadj Boucounta Goumbala de la Fnops/T ouvert aussi à des concertations inclusives de tous les acteurs pour permettre à tout un chacun de jouer sa partition
Elimane FALL (Correspondant)