Réunis à Dakar pour leurs 21es journées annuelles, les acteurs majeurs de la filière cotonnière africaine, sous l’égide de l’Association cotonnière africaine, ont affiché une détermination sans faille face aux défis économiques mondiaux et aux contraintes internes. La cérémonie d’ouverture a permis de souligner le rôle crucial de l’or blanc pour les économies africaines et d’esquisser des pistes d’innovation et de collaboration pour un avenir plus prospère.
« Face à un environnement mondial incertain et des défis internes tenaces, le coton africain n’abdique pas, il se relève avec force et innove pour assurer sa compétitivité et sa durabilité », C’est avec ces mots que le président de l’Association cotonnière africaine (Aca), Ibrahim Malloum, a marqué, hier, l’ouverture des 21es journées annuelles de l’organisation à Dakar. Cet événement de premier plan, qui se déroule jusqu’au 17 mai sous le thème : « Renforcer la compétitivité des filières cotonnières africaines : Innovation, durabilité et croissance partagée », réunit des acteurs venus du monde entier pour tracer l’avenir de l’or blanc, « essentiel » pour l’économie de nombreux pays africains.
Le président Ibrahim Malloum a dressé un état des lieux lucide et précis des défis auxquels est confrontée la filière cotonnière africaine. Il a, en effet, évoqué un environnement économique mondial de plus en plus « incertain », marqué par les décisions de la nouvelle administration américaine impactant les cours de bourse et le dollar, ainsi qu’une tendance baissière du marché mondial du coton. Cette situation, a-t-il indiqué, nécessite une prise de conscience afin de renforcer sa résilience, qui plus est, la compétitivité de la filière cotonnière. «Les 21es journées de l’Aca se tiennent pendant que l’environnement économique mondial est de plus en plus incertain. Il est donc impératif de dérouler des actions concrètes et coordonnées pour atténuer les répercussions négatives de cette situation », a déclaré Ibrahim Malloum.
À l’en croire, les défis spécifiques à la filière cotonnière africaine sont nombreux. Il s’agit, entre autres, des coûts élevés des intrants agricoles, retards dans leur mise en place, baisse des rendements dans certains pays, difficultés de mobilisation des crédits de campagne et une forte dépendance des ventes sur un nombre limité de marchés sur un ou deux marchés qui fragilisent son écosystème. « La durabilité du secteur passe nécessairement par une modernisation des pratiques agricoles, une diversification des débouchés et un renforcement. Une approche pourra transformer ces vulnérabilités en opportunités de croissance », a renseigné Ibrahim Malloum. Face à ces défis multidimensionnels, le président Ibrahim Malloum a toutefois tenu à rappeler la capacité de l‘Association à faire preuve de résilience avec notamment le marché brésilien. En effet, depuis sa création en septembre 2002, a-t-il précisé, l’Aca a su surmonter de nombreux obstacles et jouer un rôle essentiel dans la fédération des différentes filières cotonnières du continent. Cette unité retrouvée et renforcée est présentée comme un atout majeur pour faire face aux défis actuels et futurs. Par ailleurs, l’Association s’est, selon lui, affirmée comme un porte-étendard de la défense des intérêts du coton africain, tant au niveau régional qu’auprès des instances internationales telles que l’Organisation mondiale du commerce (Omc). « Depuis sa création, l’Association a toujours montré sa résilience face aux défis. Aujourd’hui, avec une Aca réconciliée et forte, nous pouvons faire face et relever ces défis. Depuis nos débuts en septembre 2002, nous avons parcouru un long chemin, un chemin difficile, parsemé d’embûches, mais passionnant et encourageant. Nous avons réussi à relever le défi en poussant à la forte fédération de toutes les filières cotonnières qui se retrouvent aujourd’hui autour de notre association », a souligné le président Malloum.
Une plateforme d’échanges et de propositions pour l’avenir
En outre, cette édition se veut ainsi un espace privilégié de rencontre et d’échanges entre les différents spécialistes de la filière. L’objectif est de mettre en commun les connaissances, de partager les meilleures pratiques et d’explorer de nouvelles voies pour renforcer la compétitivité du coton africain. Les discussions, a informé Ibrahim Malloum, porteront sur des thématiques « cruciales » telles que l’intensification et la durabilité de la production cotonnière, les stratégies d’innovation, la transformation et la valorisation du coton africain à travers le développement. Il s’agira d’évoquer les problématiques de financement des filières et de gestion des risques liés aux prix, ainsi que l’analyse de l’évolution des cours sur le marché mondial et les perspectives de marché. « Cette rencontre constitue une opportunité unique de rassembler des experts pluridisciplinaires afin d’échanger des idées novatrices, de mutualiser les meilleures pratiques et d’explorer des pistes de collaboration pour dynamiser notre filière. Ensemble, nous avons la possibilité d’apprendre les uns des autres, de nous inspirer mutuellement et, surtout, de conjuguer nos efforts pour bâtir un avenir plus prospère et durable pour le coton africain » a expliqué le président Malloum.
Un engagement renouvelé pour défendre le coton africain
Par ailleurs le président de l’Aca a lancé un appel « pressant » à une implication forte et renouvelée de tous les directeurs généraux des sociétés cotonnières, afin de rendre l’association encore plus dynamique et combative, en particulier dans le contexte actuel d’incertitude et de baisse des cours mondiaux. L’ambition affichée, selon lui, est de redynamiser toutes les commissions de l’Association pour qu’elle puisse continuer à jouer pleinement son rôle de moteur de développement pour la filière. « A cet effet, nous sollicitons de l’implication de tous les acteurs pour relever les ces défis » a insisté le président Malloum. De plus, Ibrahim Malloum a rappelé la place centrale de l’or blanc dans les économies africaines, soulignant qu’il constitue la « locomotive » de l’agriculture dans de nombreux pays, qui assure l’autosuffisance alimentaire dans les zones cotonnières et représente un vecteur essentiel d’industrialisation et de création d’emplois, contribuant à lutter contre l’exode rural. Il a lancé un appel vibrant aux ministres et représentants gouvernementaux présents pour qu’ils deviennent les ambassadeurs de la cause du coton africain, soulignant que des millions d’hommes et de femmes tirent l’essentiel de leurs revenus de cette production. « Nous vous demandons d’être nos ambassadeurs, de porter haut la voix du coton africain dans toutes les instances. Car ce secteur vital nourrit des millions en Afrique, sert de moteur à notre agriculture, garantit notre sécurité alimentaire et ouvre la voie à l’industrialisation. En transformant localement notre coton, nous créerons des emplois, valorisons nos ressources et freinerons l’exode rural. Le coton n’est pas juste une culture, c’est un levier de notre développement économique » a plaidé le président Malloum, insistant sur l’importance stratégique de la filière pour le développement et la souveraineté des nations africaines.
Pathé NIANG