Les acteurs de la pêche artisanale optent pour la sensibilisation afin de contrer les méfaits de la pêche illicite. Le Réseau des femmes de la pêche artisanale du Sénégal (Refepas) s’érige en première ligne.
Pour un mal qui fait perdre au Sénégal 150 milliards de FCfa par an, selon l’Usaid, les acteurs se mobilisent. Hier, vendredi 11 juillet, à la mairie de Thiaroye-sur-Mer, les acteurs de la pêche artisanale se sont rencontrés dans le cadre d’un atelier de deux jours. Organisée par le Réseau des femmes de la pêche artisanale du Sénégal (Refepas), la réunion tente de sensibiliser les uns et les autres sur les méfaits de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (Inn). « Il est temps, en tant que femmes, mères, épouses et sœurs des pêcheurs, d’amorcer la conscientisation des acteurs. La raréfaction des ressources est causée, en grande partie, par les mauvaises pratiques de pêche », a déploré Diaba Diop, présidente du Refepas.
Dans le contexte sénégalais, la pêche Inn désigne les activités qui violent les lois et règlements nationaux et internationaux. Cela inclut la pêche sans autorisation dans les zones maritimes, le non-respect des quotas de capture et l’utilisation de méthodes interdites. Elle a des impacts négatifs significatifs sur l’environnement et l’économie du Sénégal. Secrétaire exécutif de l’Association ouest-africaine pour le développement de la pêche artisanale (Adepa), Moussa Mbengue demande aux usagers de la mer de cesser la pêche des poissons juvéniles. « Les pratiquants de la pêche juvénile sont les premiers ennemis de la pêche. La ressource halieutique est un patrimoine national et l’État doit la préserver en durcissant la loi contre les mauvaises pratiques », a déclaré M. Mbengue. Pour Bassirou Diarra, chargé du plaidoyer pour les océans à Environmental Justice Foundation (Ejf), le Sénégal doit prendre des dispositions, pour que la lutte contre la pêche illicite soit effective.
« Les femmes transformatrices ont un rôle à y jouer. Nous pensons qu’il faut les appuyer pour sensibiliser aussi bien les femmes que les pêcheurs, les mareyeurs et même les consommateurs, et ce, de manière générale. Il s’agit de faire en sorte que, dans toute la filière, de la pêche jusqu’à la consommation, les gens soient impliqués », a préconisé M. Diarra. Le Sénégal, à l’instar des autres pays côtiers du monde, s’est engagé à lutter contre la pêche Inn, selon Coumba Ndofène Diouf, agent à la Direction des pêches maritimes (Dpm). Il a renseigné que l’une des stratégies majeures est l’accord sur les mesures du ressort du port. « C’est une stratégie qui impose aux États côtiers d’être désormais en harmonie avec un certain nombre de principes, notamment l’acceptation pour les navires industriels d’entrer au port. Aujourd’hui, n’importe quel bateau de pêche industrielle ne peut plus entrer au Port autonome de Dakar. Lorsqu’un navire est identifié comme bateau de pêche Inn, tous les États côtiers, riverains ou lointains, sont informés à travers un signalement », a-t-il expliqué.
Décret de reconnaissance des femmes transformatrices : derniers ajustements techniques
Dans le trio des acteurs de la pêche artisanale qu’elles forment avec les pêcheurs et les mareyeurs, les femmes transformatrices de poisson sont les seules à ne pas avoir de reconnaissance juridique. Une telle situation pourrait, sous peu, être un vieux souvenir, d’après la Direction des pêches maritimes (Dpm). « Il y a quelques réglages techniques à faire, mais nous avons l’intention de signer le décret de reconnaissance », a informé Coumba Ndofène Diouf, agent à la Dpm. Il a fait savoir que le ministère des Pêches, des Infrastructures maritimes et portuaires est sensible au plus haut point à l’urgence de faire signer ce décret. Dans le circuit depuis des années, le décret de reconnaissance du métier de femme transformatrice de poisson est une vieille doléance des acteurs de la pêche artisanale.
Babacar Guèye DIOP