Labellisé Indication géographique protégée (Igp), le « madd » de la Casamance entre officiellement dans une nouvelle ère. A l’occasion du lancement de la campagne 2025-2026, le 16 juin à Ziguinchor, les acteurs de la filière ont réaffirmé leur volonté de structurer cette production locale à fort potentiel tout en faisant face à de multiples défis.
C’est dans les locaux de l’Ong Économie territoire et développement service (Etds) que la saison 2025-2026 du « madd » de la Casamance a été officiellement lancée. Ce fruit emblématique du sud du Sénégal, récemment labellisé Indication géographique protégée (Igp), une première dans le pays, devient désormais un enjeu stratégique pour l’économie locale. La cérémonie, tenue en présence des acteurs de la cueillette, de la transformation et de la commercialisation du « madd », a donné le ton.
Et c’est parti pour une campagne qui va prendre fin dans les mois à venir. « L’objectif est d’accompagner les acteurs à entamer la campagne dans les meilleures conditions possibles », a affirmé Pape Tahirou Kanouté, directeur exécutif de l’Etds. De plus, il rappelle que malgré sa reconnaissance, la filière reste confrontée à des menaces persistantes, telles que les feux de brousse, les pratiques de récolte peu durables et le manque d’organisation structurée.
Pour contrer ces fragilités, deux centres de groupage ont été installés. Mais, leur nombre reste insuffisant au regard de l’étendue de la zone de production. Et le défi est d’en faire un maillage efficace à l’échelle de toute la Casamance. Le segment de la transformation, dominé par les femmes, souffre quant à lui d’un déficit en équipements modernes. « Seuls 15 % des Gie disposent d’unités de transformation conformes aux normes. La pression des commerçants ambulants, mieux financés et plus réactifs, prive souvent les unités locales de matière première », a déploré M. Kanouté.
Un chiffre d’affaires estimé à 500 millions de FCfa en trois mois d’activité
Côté commercialisation, les efforts restent à amplifier. Le « madd » peine à trouver sa place dans les circuits formels. Pourtant, le label Igp attire l’intérêt au-delà des frontières. Les propos de l’une des présidentes de Gie, Maïmouna Sambou, le confirment. « Lors d’un salon à Osaka, j’ai vendu tout mon stock. Les consommateurs asiatiques étaient séduits par le « madd » labellisé », a-t-elle rassuré. Avec un chiffre d’affaires estimé à 500 millions de FCfa sur trois mois d’activité, la filière reste largement sous-exploitée, car près de 70 % des fruits restent inexploités en forêt.
En parallèle, 30 millions de FCfa de taxes ont été collectés. Une manne financière qui pourrait bénéficier directement aux communautés rurales. Au-delà d’un simple fruit de cueillette, le « madd » devient, aujourd’hui, un marqueur identitaire et un levier économique fort. Pour les initiateurs de la labellisation, l’enjeu est désormais clair : pérenniser la filière, protéger l’environnement, renforcer les capacités locales et positionner le « madd » de la Casamance comme un produit phare sur les marchés nationaux et internationaux.
Gaustin DIATTA (Correspondant)