Associé gérant du cabinet 3M-Partners & Conseils, Gacyen Mouely tire un bilan satisfaisant de la 3e édition des Journées pétrole. Ce forum, qui s’est tenu du 28 au 31 mai à Dubaï, a réuni une dizaine de pays africains producteurs d’hydrocarbures pour échanger sur un enjeu clé : la négociation et le suivi des contrats de partage de production.
Quel bilan tirez-vous de la 3e édition des Journées pétrole ?
Premièrement, il y a un fort engouement par rapport aux éditions précédentes, avec la présence de dix pays avec des acteurs institutionnels et privés. Deuxièmement, il est ressorti des échanges, une nécessité, pour les pays africains, de se prendre en charge.
Troisièmement, il est important que les États africains puissent se faire accompagner par rapport aux enjeux du secteur des hydrocarbures, mais aussi qu’ils puissent avoir des outils qui permettent de tirer profit des contrats pétroliers en Afrique.
Comment ce genre de forum peut aider à améliorer la gouvernance du secteur des hydrocarbures en Afrique ?
L’avantage qu’on a avec ce genre de conférences, c’est que nous réunissons des pays africains qui sont à différentes phases de l’exploitation pétrolière : d’anciens et nouveaux pays producteurs et ceux qui sont en phase d’exploration.
Ce format permet aux nouveaux producteurs d’apprendre de l’expérience des anciens afin d’éviter de commettre les mêmes erreurs. Le conseil que je donne, c’est de trouver des solutions africaines aux problèmes africains, parce que nous connaissons mieux nos problèmes et je pense que le fait de nous retrouver à travers le format des Journées pétrole, c’est une occasion d’amener les acteurs à prendre conscience de l’intérêt du pétrole, mais surtout en faire un effet de levier pour transformer nos économies. Nous ne pouvons plus rester sur le modèle ancien où le pétrole est la principale rente. Celui-ci doit servir à transformer l’économie afin de la rendre plus dynamique et profitable aux populations.
Est-ce que l’objectif de départ a été atteint ?
Il est important de bien négocier le contrat afin d’en tirer les avantages. L’un des objectifs de cette conférence, c’était d’amener les pays africains à se doter d’outils et de mécanismes qui leur permettent d’avoir des contrats gagnant-gagnant. Et pour cela, il faut qu’en amont, ces contrats puissent définir dans le temps les avantages que les parties doivent en tirer. Mais une fois le contrat négocier, il faut faire le suivi. Et l’une des failles identifiées durant les discussions est souvent le non-respect par nos États de leurs prérogatives contenues dans le contrat, parmi lesquelles le contrôle.
Quelle est l’importance du format de réunir des acteurs institutionnels et privés ?
L’un des objectifs recherchés à travers les Journées pétrole, c’est le partage d’expériences. Contrairement à d’autres rencontres de ce genre, le format que nous avons choisi est d’avoir des discussions sur des problématiques concrètes. Ce que nous voulons à travers les Journées pétrole, c’est de pouvoir outiller les acteurs qui gravitent directement ou indirectement autour du secteur des hydrocarbures afin d’avoir une gestion efficace des contrats. Par exemple, le thème de cette année porte sur un problème concret : « La négociation et le suivi du Cpp ».
À partir de là, chacun des acteurs a pu apporter sa contribution. Pour mener à bien un contrat, il faut être accompagné, parce que, ne l’oublions pas, le contrat est avant tout un dispositif juridique. La présence de cabinets conseils rentre donc dans cette optique afin d’accompagner durablement les États africains.
Est-ce qu’avec l’accompagnement de cabinets comme 3M-Partners, les États africains négocient mieux leurs contrats ?
Notre approche, c’est de faire en sorte que les prochains contrats qui seront négociés tiennent compte d’un certain nombre d’éléments de manière à respecter la philosophie de ce contrat, c’est-à-dire d’être gagnant-gagnant. Pour cela, il faut que les pays africains soient accompagnés pour profiter pleinement de ces contrats.
Quel retour avez-vous reçu des participants ?
Le mot qui revient, c’est le partage d’expériences entre Africains et la qualité des thèmes et des échanges. Comme je l’ai dit plus haut, la négociation et le suivi sont des éléments clés et stratégiques d’un contrat. Le choix de ce thème a été très apprécié par les participants.
Comment voyez-vous les Journées pétrole dans les années à venir, notamment par rapport aux défis liés à la transition énergétique ?
Encore une fois, l’objectif des Journées pétrole, c’est d’accompagner nos pays pour une meilleure prise en charge des contrats pétroliers. Comme nous sommes dans un environnement qui évolue en même temps que les contrats, les Journées pétrole doivent suivre l’évolution et les thèmes des prochaines éditions tiendront compte de cette évolution de l’environnement et du contexte.
Entretien réalisé par notre Envoyé spécial à Dubaï, Seydou KA