La gestion optimale des ressources extractives est l’une des priorités de l’Agenda national de transformation du Sénégal. En ce sens, la Société des mines du Sénégal (Somisen) est appelée à jouer un rôle clé. C’est peut-être ce qui explique pourquoi son Directeur général, Me Ngagne Demba Touré, se signale sur de nombreux fronts afin de faire accomplir à cette structure ses véritables missions. Dans cet entretien, il revient sur l’actualité minière au Sénégal et les pas qu’il a fait franchir à la Somisen, non sans évoquer quelques sujets politiques.
l y a quelques semaines, le Fonsis et la Somisen ont signé un accord de partenariat en vue de la création d’un Comptoir National et d’une usine de raffinage de l’or. Quel est le sens d’une telle initiative ?
Ce partenariat répond à une ambition stratégique majeure : transformer la chaîne de valeur de l’or au Sénégal. Notre pays exporte encore la majorité de sa production aurifère à l’état brut, ce qui limite ses retombées économiques. A travers ce projet, nous visons à industrialiser le secteur aurifère, stabiliser l’économie, promouvoir la souveraineté nationale sur nos ressources et créer une réserve nationale d’or. Nous ambitionnons également de positionner le Sénégal comme un hub régional du raffinage et de la commercialisation des métaux précieux.
Ce Comptoir national, on l’évoque depuis longtemps, mais il a du mal à voir le jour. Quelles seront les barrières à lever pour sa concrétisation et est-ce qu’on peut avoir la garantie que cette fois-ci ce sera la bonne ?
Cette fois, nous avons une approche intégrée pour lever toutes les barrières : mise en place d’un cadre réglementaire sécurisant le rôle du Comptoir et de la Raffinerie, soutien institutionnel renforcé grâce à la collaboration entre la Somisen, le Ministère des Mines et le Ministère des Finances, formalisation des flux d’or avec obligation de passage par le Comptoir, accès à des financements compétitifs via notre partenariat avec le Fonsis, dialogue inclusif et structuration des acteurs de la filière aurifère. Tout est réuni pour qu’il voit enfin le jour. Pour ce faire, nous avons prévu de prendre plusieurs mesures, notamment la création de comptoirs régionaux d’achat, notamment à Kédougou, la formalisation des orpailleurs à travers l’enregistrement et l’identification, la mise en place d’outils numériques de traçabilité, le partenariat avec les autorités locales pour un encadrement de la production. Ces actions permettront de rendre visible, sûr et traçable tout le circuit de l’or artisanal et semi-mécanisé.
Peut-on s’attendre à ce que les sociétés aurifères industrielles soient impliquées dans la création de ce comptoir ? Et si oui comment ?
Oui. Notre stratégie prévoit la récupération effective des parts d’Etat en nature, l’obligation d’affiner l’or industriel dans notre Raffinerie nationale, l’introduction de clauses dans les conventions minières futures pour un meilleur partage de production, un partenariat équilibré valorisant à la fois les intérêts industriels et la souveraineté économique nationale.
Selon des statistiques datant de plus de dix ans, le besoin des bijoutiers sénégalais en or est estimé à 100 kg par an. Ce chiffre est-il toujours d’actualité ? Avez-vous déjà échangé avec les associations de bijoutiers sur la création de ce comptoir ?
Ce chiffre est dépassé. Aujourd’hui, la demande des bijoutiers est estimée entre 300 et 500 kg par an (selon les associations de bijoutiers). Nous avons déjà engagé des discussions structurées avec les principales associations de bijoutiers pour assurer leur intégration dans le projet. Le Comptoir leur garantira un accès sécurisé, compétitif et formalisé à l’or, stimulant ainsi la création de valeur nationale et le développement du secteur de la bijouterie au Sénégal.
Comme le comptoir national de l’or, il y a un autre projet qu’on annonce depuis des lustres et qui ne s’est jamais vraiment concrétisé: l’exploitation du fer de la Falémé. Y a-t-il des chances de le voir enfin se matérialiser à court terme ?
Dans l’Agenda national de transformation, le secteur extractif a été identifié comme l’un des secteurs moteurs. Et dans ce secteur, il y a quatre filières qui ont été retenues: le secteur de la pétrochimie, le secteur des matériaux de construction, le secteur des phosphates et fertilisants, et enfin le secteur du fer et de la métallurgie. Donc, effectivement, l’agenda mise sur la relance de ce projet. Il faut signaler que ce projet tarde à avoir le jour à cause de l’option stratégique de l’ancien pouvoir. Le modèle économique reposait sur l’exportation du fer à l’état brut. Or, pour ce faire, il faut des rails. C’est la raison pour laquelle le projet était très coûteux, parce qu’il fallait trois composantes: la mine, le chemin de fer et enfin le port minéralier. Aujourd’hui, avec l’achèvement futur du chemin de fer Dakar-Tamba, il ne restera à construire que le tronçon Tamba-Falémé. Ensuite, il y a le port minéralier de Bargny-Sendou qui va voir le jour. Pour dire qu’en réalité, le coût du projet n’est plus un obstacle. Deuxième chose, la nouvelle option prise par les autorités, c’est la transformation des mines de fer sur place à travers un complexe sidérurgique.
Le Sénégal est également riche en d’autres minerais comme le zircon, le lithium et dont l’exploitation coûte des milliards d’investissements. Entre reprendre l’exploitation par l’Etat et faire en sorte que les populations riveraines en ressentent davantage les retombées économiques, quelle est la meilleure option selon vous ?
L’Etat représente les populations en réalité. Et notre option est à double volet. D’une part, conserver le régime de promotion des investissements dans le secteur. C’est un secteur qui nécessite des investissements lourds, des investissements privés. Et d’autre part, le renforcement du positionnement stratégique de l’état dans les opérations minières. Nous considérons que l’Etat, sous notre magistère, ne se cantonnera plus dans ces missions régaliennes. C’est-à-dire administrer uniquement le secteur, donner les ressources minérales aux compagnies et se contenter de récolter des dividendes. Pour nous, pour tirer un maximum de profit du secteur minier, il faut une présence opérationnelle de l’Etat.
Qu’est-ce que vous entendez par là ?
Une présence opérationnelle de l’Etat, c’est un Etat qui sécurise ses actifs stratégiques, qui se positionne dans des opérations qui peut exploiter certaines mines. Maintenant, ce n’est pas un régime exclusif. L’Etat n’est pas obligé de se positionner sur tous les minerais ou sur toutes les opérations. Il peut se positionner sur ce que nous appelons les actifs stratégiques. Ce sont des substances minérales inhérentes à la vie économique du pays, inhérentes au développement du pays, mais sensibles du point de vue géostratégique.
Par exemple, le lithium en fait partie. Aujourd’hui, la Somisen a un ambitieux projet de recherche et d’exploitation de lithium. Pour nous, c’est une substance très stratégique à l’aune de la transition énergétique. Et le Sénégal doit, en tout cas, gérer cette substance en étant opérateur. Et c’est la Somisen qui doit assumer cette casquette de l’Etat.
En dehors du lithium, est-ce qu’on peut s’attendre à ce que l’Etat se lance aussi dans l’exploitation d’autres minerais comme l’or ?
La Somisen peut se positionner sur plusieurs substances. Et ce qu’il faut comprendre, c’est que nous avons pris l’option de filialiser le secteur. Le zircon fait partie de la filière des minéraux lourds, tout comme ilménite, le rutile, le leucoxène. C’est une filière où l’Etat du Sénégal doit avoir une stratégie. Dans chaque filière, il doit y avoir une stratégie. Par exemple, pour le phosphate, en relation avec le ministère de l’Industrie, et sous la houlette du Premier ministre, une stratégie nationale de valorisation des phosphates est en train d’être maturée. Et cette stratégie permettra de transformer nos phosphates en engrais sur place pour les besoins d’approvisionnement de notre agriculture. Et c’est pour répondre à notre objectif de souveraineté alimentaire. Donc, le positionnement de l’Etat dans les opérations se fera sur plusieurs filières et selon l’option stratégique qui sera retenue.
Est-ce que cette nouvelle option-là peut conduire à la réforme du code minier ?
Bien sûr. La réforme du code minier sera nécessaire si l’Etat veut tirer profit de son secteur extractif, de son secteur minier. Et cette réforme du code minier devra se faire dans la concertation et avec l’ensemble des parties prenantes, c’est-à-dire les entreprises minières, la société civile, les communautés locales, même les collectivités territoriales.
Et si cette réforme venait à être mise en branle, quelles pourraient être les principales évolutions, selon vous ? Qu’aimeriez-vous voir être mis sur la table ?
D’abord, que l’Etat mette le focus sur la nécessité de transformer les substances minérales brutes extraites de notre sous-sol sur place. Cela va transparaître. Deuxième chose, le partage plus équilibré des revenus issus du secteur minier. Quand je dis partage équilibré, c’est entre l’Etat et les investisseurs, mais partage équilibré entre l’Etat et les communautés locales, mais aussi prise en charge des points essentiels du contenu local.
La Somisen est une structure jeune et vous êtes à sa tête depuis un an. Quelles sont les grandes foulées que vous lui avez fait faire ? Autrement dit votre bilan ?
Vous avez bien fait de rappeler que la Somisen est une structure jeune. Elle a été créée en novembre 2020. Mais jusqu’à ma nomination en mai 2024, elle n’avait jamais accompli ses missions, en réalité. Mais avant de dire ce que nous avons fait, il faut faire l’état des lieux, ce que nous avons trouvé sur place. D’abord, la contribution du secteur minier à l’économie du pays, au Pib, était de 4%. La contribution du secteur minier aux recettes de l’Etat était de 9 % à fin 2023, selon le rapport de l’Itie. La contribution du secteur minier à l’emploi était de 0,6%. Donc vous convenez avec moi que le secteur minier ne profitait pas à l’économie du pays. Ça c’est le premier élément. La contribution du secteur minier dans les exportations du pays était de 31%.
Si on fait la lecture combinée de ces statistiques, on se rend compte que si le secteur minier ne profite pas à l’économie du pays, c’est parce que les substances minérales sont extraites et exportées à l’état brut. Or, lorsque vous exportez les minerais à l’état brut, vous exportez de la richesse, vous exportez de la valeur ajoutée, vous exportez de l’emploi. C’est le deuxième élément. La Somisen a globalement deux grandes missions au regard de la loi qui l’a créée. La première grande mission, c’est la gestion du portefeuille minier de l’État. C’est-à-dire que c’est la Somisen qui représente l’État dans les conseils d’administration des sociétés minières et c’est elle qui doit développer des stratégies pour que l’État gagne de l’argent au titre de sa participation dans toutes les sociétés minières où l’État a 10%. Pourtant, la Somisen n’a jamais été présente dans les conseils d’administration.

CP : Moussa SOW
Lorsque nous sommes venus, nous nous sommes battus pour que cela soit le cas. Aujourd’hui, la Somisen est présente dans 11 Conseils d’administration de 13 sociétés minières concernées. Cette présence nous a permis, aujourd’hui, de jouer ce rôle de défense des intérêts stratégiques de l’État dans les opérations minières. Je donne un exemple simple. Au regard de la loi Ohada, avant le 30 juin de chaque année, les sociétés doivent arrêter et approuver les comptes de l’exercice comptable clôt. Et c’est en ce moment-là qu’elles prennent la décision de distribuer ou non des dividendes aux actionnaires. Aujourd’hui, nous supervisons toutes ces sociétés minières pour faire entendre la voix de l’État dans les décisions stratégiques. Parce que les conseils d’administration sont les instances de gouvernance des sociétés. Les directeurs généraux ne sont que les représentants de l’entité exécutive. C’est quelque chose que nous avons reçu et cela renforce le positionnement de l’État.
Par ailleurs, avant, il n’y avait jamais eu d’examen ou d’évaluation de la valeur de la participation de l’État. C’est-à-dire que dans toutes les sociétés minières, l’État n’a que 10% sur nos ressources. Alors qu’il peut augmenter sa participation jusqu’à 35%. C’est-à-dire que l’État peut prendre 25% supplémentaires. Jusqu’à présent, ça n’a jamais été fait. Nous allons développer une stratégie dans ce sens. La gestion du portefeuille minier de l’État n’avait jamais eu de cadre légal. Nous sommes en train de finaliser un manuel de gestion du portefeuille. C’est un code, pas au sens légal et réglementaire, mais un code au sens normatif et organisationnel. Il va servir de bréviaire, de livre de chevet sur comment l’État va superviser, au titre de sa participation, son portefeuille minier. C’est-à-dire examiner la valeur de la participation de l’État, auditer les sociétés pour voir pourquoi elles ne payent pas de dividendes. Prenez l’exemple de la Gco. Elle a fait 883.000 tonnes, un record de production pour l’année 2024 et un record par rapport au chiffre d’affaires qui a connu une augmentation de plus de 21%. Mais la société n’a jamais payé de dividendes à l’État. Autrement dit, dans notre zircon, on n’a jamais récolté un Fcfa au titre de notre participation, qui est de 10 % gratuits en tant qu’État. Il faut un examen de cette situation.
Comment comptez-vous vous y prendre pour inverser la donne ?
Nous sommes en train d’évaluer la valeur de la participation de l’État et d’examiner toutes les conventions minières à travers la sous-commission de la commission d’examen et de renégociation des contrats que le Premier ministre a installée. Pour le deuxième volet, c’est la conduite d’opérations minières parce que la Somisen appartient à l’État. Il nous faut une société nationale forte comme en Arabie Saoudite, au Maroc, au Chili, en Algérie, c’est une société très forte. Tous ces pays tirent profit de leur secteur extractif parce qu’ils ont des compagnies nationales fortes. Au Sénégal, la Somisen n’a jamais obtenu un seul titre minier, pas même l’autorisation de conduire des opérations minières. Alors que la loi le lui confère. Nous sommes en train de maturer des projets dans chacune des filières pour que l’État assume sa casquette opérationnelle dans le secteur minier. Pour dire qu’effectivement, la Somisen devient aujourd’hui une structure opérationnelle, exploitante, comme Gco, Sabodala Gold operation. Quand vous regardez la structure des recettes du secteur minier, il y a trois paniers de recettes pour l’État. Le premier panier, c’est la fiscalité au sens du code général des impôts et du code des droits. C’est recouvré par ses administrations. Comme par exemple l’impôt sur les sociétés, l’impôt sur les bénéfices des actionnaires. Le deuxième panier, c’est la fiscalité spécifique au secteur minier. Il s’agit notamment des taxes minières, c’est-à-dire les droits d’entrée fixes. Et le troisième panier, c’est les dividendes de l’État actionnaire. Et ça, c’est géré par la Somisen. Avant, il n’y avait pas de stratégie. Aujourd’hui, la contribution des dividendes récoltés par l’État dans les recettes du secteur minière est de 8%. Donc, c’est l’angle mou du dispositif de collecte de recettes du secteur minier. Nous sommes en train de développer une stratégie de valorisation et de rentabilisation des participations de l’État.
On va maintenant parler de politique. Récemment, vous avez fait une sortie pour dénoncer l’attitude de l’opposition. Vos alliés ont fait de même ainsi que des camarades de parti. Dans un contexte où le président invite l’opposition à des discussions dans le cadre de la journée du Dialogue national du 28 mai, ne craignez-vous pas des boycotts ?
Je dois préciser que ce dialogue est un dialogue politique. C’est-à-dire que ce n’est pas une rencontre où on appelle tous les acteurs pour la réconciliation nationale, pour que tout le monde s’entende. Non. Nous sommes pour la démocratie. Et l’un des fondamentaux d’un système démocratique, c’est le multipartisme. Un régime qui gouverne et une opposition qui s’oppose. Depuis le Code consensuel de 1992, à l’issue de chaque élection, les Sénégalais, à travers les partis politiques et les coalitions de partis politiques, s’assoient autour d’une table pour revoir le dispositif. C’est ce type de dialogue qui a permis de ne pas appliquer le parrainage aux élections locales, qui a permis d’élire les maires au suffrage universel direct. A tous ces dialogues, le Pastef s’est toujours fait représenter. C’est un dialogue qui est permanent. C’est à ce dialogue que le président de la République a appelé et l’objectif, c’est la réforme en profondeur du système politique sénégalais. C’est-à-dire la rationalisation des partis politiques, le financement des partis politiques, le parrainage…Cela dit, je ne pense pas que l’opposition va boycotter parce qu’en réalité, tout ce qui en ressortira sera appliqué s’il y a un consensus fort. Donc, stratégiquement, ce n’est pas bon qu’elle boycotte.
Comment appréciez-vous la conduite des dossiers liés à la reddition des comptes ?
Tout d’abord, c’est un travail qui se fait dans la sérénité et dans la rigueur. Je suis pour le respect des principes fondamentaux, le principe de la présomption d’innocence, le principe du respect des droits de la défense, mais aussi pour le principe de célérité. Certains parlent de temps de la justice, mais le principe de la célérité est tout aussi un principe fondamental déclaré dans la loi portant l’organisation judiciaire. Les dossiers judiciaires doivent être traités avec célérité. Ça, c’est un principe. Cela dit, la manière dont les dossiers sont traités montre que le focus n’est pas mis sur la privation de liberté, mais sur le recouvrement des deniers publics. Plus de 15 milliards de Fcfa recouvrés, c’est quand même salutaire. Il faut rappeler que le rapport sur la Covid, par exemple, ne date pas du régime du président Bassirou Diomaye Faye. Donc on ne peut pas dire que l’élément déclencheur des poursuites, c’est-à-dire l’effet générateur, est politique. Et que personne ne nous dise que les ministres ne doivent pas être déférés parce que ce sont les Dage qui sont responsables.
Au regard du décret de 2020, portant un règlement général sur la comptabilité publique, l’article 17 dit clairement que les ministres sont des ordonnateurs. La gestion des crédits alloués aux institutions et aux structures publiques fait intervenir deux acteurs, les ordonnateurs et les comptables. L’article 22 de ce même texte dit que les ordonnateurs sont personnellement responsables de leur gestion et encourent, en cas de faute, des sanctions disciplinaires, civiles ou pénales. Donc les ministres peuvent être traduits en cas d’écart dans leur gestion. La reddition des comptes est une obligation politique, légale et morale. Nous apprécions donc la conduite de ces dossiers.
Certains pensent cependant que cela a un relent de règlements de comptes politiques. Peut-on leur donner tort ?
Ce n’est pas un règlement de comptes politiques parce que, je l’ai dit, le fait générateur ou l’élément déclencheur de ces poursuites est un rapport qui ne date pas de notre régime. Par ailleurs, est-ce que nous pouvons trouver un rapport sur place et faire comme si de rien n’était alors que nous avions promis la reddition des comptes aux Sénégalais? Non. Ce serait les trahir. Donc c’est un engagement qui doit être tenu, cela n’a rien de politique.
Entretien réalisé par : Elhadji Ibrahima THIAM