Le Sénégal a franchi une nouvelle étape dans la modernisation de son environnement économique avec l’adoption, en septembre 2025, du nouveau Code des investissements et du Code général des impôts (CGI). Ces deux textes fondateurs marquent un tournant majeur pour le climat des affaires, en offrant un cadre fiscal plus compétitif, plus lisible et mieux adapté aux ambitions d’industrialisation et de souveraineté économique du pays.
Un cadre fiscal incitatif pour stimuler la production locale
Le nouveau Code des investissements, qui remplace celui de 2004, répond à la nécessité de s’adapter aux réalités d’une économie mondialisée. En ce sens, il introduit un régime fiscal incitatif, capable d’attirer davantage d’investisseurs tout en stimulant la production locale.
L’article 34 du Code prévoit une suspension de la TVA sur les acquisitions locales et importations, ainsi qu’une exonération des droits de douane sur les matériels et équipements de production durant la phase de réalisation du projet. Cette période, fixée à trois ans pour les investissements réalisés à Dakar et Thiès, peut être portée à cinq ans pour ceux implantés dans les autres régions, conformément à l’article 32.
Ces dispositions traduisent la volonté de l’État de réduire le coût d’entrée pour les investisseurs et d’encourager la décentralisation économique, en rendant les régions de l’intérieur plus attractives pour les projets industriels.
Le texte de 2025 apporte plusieurs innovations majeures qui traduisent la vision d’une économie mieux structurée et plus équitable. La création d’un guichet unique dématérialisé simplifie les procédures et garantit un traitement des dossiers en moins de dix jours ouvrables. Le Code introduit également la territorialisation des incitations, ajustées selon la localisation et la nature stratégique des projets, ainsi que l’intégration du contenu local afin de renforcer la participation des PME sénégalaises aux grandes chaînes de valeur.
Autre innovation de taille, le seuil d’investissement a été abaissé pour permettre à un plus grand nombre d’entreprises, y compris les structures de taille moyenne, d’accéder aux avantages fiscaux et douaniers. Ces avancées contribuent à démocratiser l’investissement productif et à ancrer la dynamique de développement dans l’ensemble du territoire.
Le Code général des impôts, un outil au service de la compétitivité
En complément du Code des investissements, le nouveau Code général des impôts modernise la fiscalité nationale pour la rendre plus prévisible et plus conforme aux standards internationaux. Il harmonise les dispositifs fiscaux autour des priorités de la Vision Sénégal 2050, en mettant l’accent sur la stabilité, la transparence et la digitalisation.
Le texte introduit une simplification des démarches déclaratives et un paiement en ligne des impôts, tout en prévoyant des réductions ciblées pour les entreprises innovantes, exportatrices ou implantées dans des zones industrielles à fort potentiel. En ce sens, il constitue un levier stratégique pour renforcer la compétitivité du Sénégal face à ses voisins de la CEDEAO.
L’un des points forts du nouveau dispositif repose sur la facilitation de l’accès au foncier productif. Le gouvernement a lancé un programme d’aménagement de zones industrielles et de parcs économiques régionaux, offrant aux investisseurs des terrains viabilisés accessibles à travers des baux à long terme.
Cette réforme, couplée aux incitations fiscales et douanières, constitue un levier direct de création d’emplois et de valorisation du capital humain. Désormais chaque investissement doit désormais générer de la valeur locale, de l’emploi, de la formation et de la transformation. Cette philosophie économique traduit la volonté de lier attractivité, compétitivité et souveraineté productive, dans une logique où l’investissement devient un outil de développement équitable.
L’articulation entre le Code des investissements et le Code général des impôts crée un cadre cohérent, transparent et durable pour renforcer la confiance des investisseurs. Ces réformes structurantes placent le Sénégal dans une dynamique de transformation économique profonde, fondée sur la création d’emplois, la décentralisation industrielle et la promotion du contenu local.
Elles témoignent d’une ambition claire de faire du Sénégal non seulement une destination d’investissement, mais un véritable hub industriel et logistique en Afrique de l’Ouest, où la fiscalité, le foncier et l’innovation s’articulent désormais autour d’une vision commune – celle d’un pays compétitif, souverain et tourné vers l’avenir.
Par Cheikh Gora DIOP


