Ingénieur de conception en informatique de base formé à l’École supérieure polytechnique de Dakar, Omar Cissé est le fondateur de la plateforme de transactions financières InTouch. Un projet réussi qui fait de lui, l’un des entrepreneurs technologiques sénégalais les plus en vue. En 2023, 2 000 milliards de FCfa en opérations ont été enregistrés. Aujourd’hui, son objectif est de passer de 26 pays à une couverture de toute l’Afrique.
À Casablanca, l’agenda d’Omar Cissé est très serré. Il enchaîne des rencontres B to B dans le cadre de l’Africa Financial Summit organisé par la Société financière internationale et Jeune Afrique Média Group (9-10 décembre 2024). « Excusez-moi, j’avais quelques rencontres », sourit-il, dans la salle de presse. En costume noir, il tient un cartable et distribue des gestes de sympathie à des connaissances. De teint noir et de taille moyenne, il fait partie des entrepreneurs technologiques sénégalais les plus en vue. Très tôt, il a fait de l’entreprenariat sa principale voie, notamment dès sa sortie de l’École supérieure polytechnique de Dakar. Sa première expérience a été dans l’industrie logicielle.
« Je suis ingénieur de conception en informatique de base. En 2000, après ma formation, j’ai décidé de lancer avec deux autres amis une entreprise dans l’ingénierie logicielle que j’ai dirigé de 2005 à 2010 », indique Omar Cissé. Une expérience qui aiguise sa soif d’entreprendre. Par la suite, le jeune Sénégalais décide de lancer un projet avec la Banque mondiale et d’autres acteurs sénégalais. Dans cette expérience, il parvient à finaliser des levées de fonds, lancer la structure, recruter les premiers employés, mettre en place le modèle économique et commencer à opérer. Il dirige la structure durant trois ans. L’envie de relever d’autres défis le conduit dans l’écosystème de l’accompagnement des entrepreneurs. « Je me suis dit que l’accompagnement des entrepreneurs ne suffisait pas. Les entrepreneurs avaient besoin aussi de fonds », souligne Omar Cissé. Il cofonde avec Olivier Furdelle, un fonds d’investissement Teranga capital. « Nous investissons dans les petites entreprises entre 50 et 300 millions de FCfa par entreprise. À partir de 2014, j’ai décidé de revenir dans mon secteur de prédilection, dans le secteur du numérique, donc j’ai lancé InTouch », révèle-t-il, tout souriant.
Une famille d’informaticien
Pour Omar Cissé, l’une de ses chances, c’est sans doute, le fait d’être issu d’une famille d’informaticiens. « J’ai peut-être eu la chance d’être dans une famille d’entrepreneurs où mon père était ingénieur informatique. À un moment donné, il a décidé de se retirer et d’entreprendre. Mes premiers frères l’ont suivi et nous sommes une famille d’informaticiens », explique Omar Cissé. Très tôt, il s’est intéressé au développement des outils technologiques. « Dans les années 2000 où l’Internet venait de se développer, nous faisions partie des premières générations de codeurs qui développaient les outils web et autres. Nous avons tout de suite compris que nous avions quelque chose à mettre sur le marché. Et avec des amis, nous nous sommes battus, nous avons cru en nous, en nos compétences et nous les avons mises sur le marché », dit il.
Ce parcours entrepreneurial n’est pas aussi lisse qu’il en donne l’air. Les débuts étaient difficiles. « Ça n’a pas été facile parce que nous sommes passés par des phases assez complexes. Au début, on s’est fait avoir et on a repris à zéro. On a appris à travailler parce que c’était notre première expérience, à satisfaire les clients, à gérer la croissance, à gérer les ressources humaines. On a tout appris de nous-mêmes et c’était un vrai parcours qui nous a forgés », se réjouit le boss de InTouch.
2 000 milliards de FCfa de transactions
À la tête d’InTouch, M. Cissé rêve de couvrir toute l’Afrique pour couronner des années d’efforts qui ont rehaussé les indicateurs de l’entreprise. « Au Sénégal, nous étions quatre à l’époque, et aujourd’hui nous sommes dans 26 pays avec 500 personnes. L’année dernière, nous avons pu traiter jusqu’à 2 000 milliards de FCfa. Nous fêtons nos dix ans cette année », dit-il. Après ces résultats encourageants, il vise à faire de son entité, un acteur global du paiement. « Pour la petite start-up comme pour la grande entreprise, nous voulons faire en sorte que dès qu’elle se connecte à InTouch, qu’elle puisse accepter du paiement partout dans le monde. Que ce soit du paiement cash, du paiement mobile money, quel que soit l’opérateur de mobile money, mais aussi que ce soit du paiement carte, voucher, tous les moyens de paiement », ambitionne Omar Cissé. Son autre combat est de faire en sorte que les transactions financières puissent se faire d’un pays à un autre de la manière la plus simple en interconnectant les opérateurs de mobile money via sa plateforme. Dans le management de ses entreprises et projets, Omar Cissé mise sur l’ouverture et la cohésion.
« Mon principal souci, c’est de garder cette cohésion des hommes sur le long terme. Et pour ce faire, la justice sociale est importante. Je le dis toujours à mes collaborateurs, tous autant que nous sommes, prenons des centaines de décisions par jour. Mais si ces décisions ne sont pas basées sur des principes, on se perd soi-même et on perd ses collaborateurs », insiste-t-il, déterminé à surfer sur une vague de succès au Sénégal et ailleurs.
Demba DIENG