Une lecture croisée entre l’Uemoa et l’Ue, c’est l’exercice auquel s’est livré le Pr Abdourahmane Dioukhané dans son dernier ouvrage présenté samedi dernier à Dakar.
« Le marché commun de l’Union européenne et de l’Uemoa », tel est le titre du nouvel ouvrage du Pr Abdourahmane Dioukhané. Dans cette étude comparative de grande profondeur, le spécialiste de droit public ne se contente pas de juxtaposer deux modèles. « Il révèle les tensions fécondes entre supranationalité et réalité locale, entre idéal juridique et contrainte politique », explique le Pr Babacar Guèye lors de la cérémonie de présentation et de dédicace, samedi dernier, à Dakar, au siège de la maison d’édition L’Harmattan. Selon l’auteur, l’originalité de l’ouvrage réside dans sa capacité à éclairer, à travers le prisme du droit international et des finances publiques, les promesses inachevées de l’intégration africaine tout en interrogeant les acquis, parfois fragiles, de l’expérience européenne. L’actualité internationale, marquée particulièrement par le déclenchement d’une guerre commerciale par Donald Trump, s’est également invitée au débat.
Pour le Pr Dioukhané, cette guerre tarifaire montre tout l’intérêt pour les États africains de s’unir. Il préconise l’identification de domaines porteurs dans lesquels des projets communs pourraient être investis et financés. Revenant sur les motivations qui l’ont poussé à rédiger cet ouvrage, l’auteur a évoqué les dangers qui menacent le marché commun tant au sein de l’Ue que de l’Uemoa. Pour l’Ue, le principal risque est lié à la montée de l’extrême droite, hostile au projet européen. Pour l’Uemoa, des mouvements nationalistes et souverainistes émergent en Afrique de l’Ouest, menaçant également l’unité régionale.
À cela s’ajoute l’instabilité politique marquée par la récurrence des coups d’État militaires. Donc, le premier défi de l’Uemoa, estime Abdourahmane Dioukhané, reste la consolidation de la démocratie et de l’État de droit. L’autre grand défi réside dans le développement du commerce intracommunautaire, lequel peine à décoller. En effet, celui-ci représente à peine 13 % des échanges, un chiffre jugé très faible comparé aux échanges avec l’Asie (20 % des exportations et près de 40 % des importations) et avec l’Europe (43 % des exportations et 37 % des importations en 2022). Selon Amadou Tchambou, représentant résident de l’Uemoa au Sénégal, ces chiffres traduisent de graves insuffisances et un manque de compétitivité des économies de l’Union.
Moussa SECK