La Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique (Agoa) n’est pas une aide, elle porte sur le commerce. Elle a profité à la fois aux exportateurs africains et aux fabricants basés aux États-Unis. C’est ce qu’a souligné mercredi à Genève la Directrice exécutive du Centre du commerce international (ITC), Pamela Coke-Hamilton.
La Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique (Agoa), pierre angulaire du commerce entre les États-Unis et l’Afrique, a expiré le 1ᵉʳ octobre 2025. Aujourd’hui, face aux différentes mesures restrictives prises par l’administration de Donald Trump, le renouvellement de cette loi reste incertain.
« Il est question d’un renouvellement, mais à ce jour, nous n’en savons pas plus. Mais permettez-mois de faire cette remarque : l’Agoa n’est pas une aide, elle porte sur le commerce. Elle a profité à la fois aux exportateurs africains et aux fabricants basés aux États-Unis », a soutenu la Directrice exécutive du Centre du commerce international (ITC), Pamela Coke-Hamilton.
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D’après Mme Coke-Hamilton, il est grand temps que l’Afrique accorde la priorité à l’Afrique en renforçant les chaînes de valeur régionales. Mais aussi, en veillant à ce que même les plus petites entreprises aient un rôle à jouer au cœur de cette transformation.
Depuis un quart de siècle, rappelle-t-elle, l’Agoa permet un accès en franchise de droits au marché américain pour les marchandises provenant de 32 pays africains. Elle favorise ainsi la croissance économique, la création d’emplois et le renforcement des liens commerciaux.
« Les pays éligibles en ont tiré parti à des degrés divers, mais dans l’ensemble, cet accord a été mutuellement bénéfique. L’expiration de l’Agoa serait un coup dur pour les pays africains qui subissent déjà le poids des nouvelles mesures commerciales, des derniers droits de douane aux exigences en matière de durabilité », a-t-elle relevé.
L’accès aux marchés clés devient, selon la Directrice exécutive de l’ITC, « de plus en plus difficile », et les pays africains, en particulier les moins développés, en ressentent les effets.
Le secteur de l’habillement et le textile le plus exposé
En ce qui concerne les secteurs, si l’Agoa n’était pas renouvelée, Mme Coke-Hamilton informe que le secteur le plus touché serait celui de l’habillement et du textile.
« Nos données montrent que les droits de douane à eux seuls vont se traduire par une réduction des exportations des pays bénéficiaires de l’Agoa vers les États-Unis de 11 % d’ici 2029. Avec la fin de l’Agoa, ce chiffre atteindrait 21 %. D’autres secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, tels que le cuir, la chaussure, les produits alimentaires transformés et les boissons, risquent également de perdre du terrain », a-t-elle indiqué.
Dans une perspective future, Mme Coke-Hamilton estime qu’il ne s’agira pas seulement d’une question de préférences perdues ou d’accès réduit au marché. Il s’agira surtout d’un test sur les capacités de réaction des économies africaines.
Promouvoir la Zlecaf pour renforcer le commerce intra-africain
Ainsi, elle trouve que les pays africains peuvent saisir cette occasion pour s’engager pleinement dans la diversification au-delà des secteurs et des marchés traditionnels, la transformation des marchandises avant leur exportation et le renforcement du commerce au sein du continent.
« Il faut pour cela se projeter à long terme, et la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est notre meilleur outil pour y parvenir. Elle peut ouvrir les marchés régionaux, attirer les investissements et réduire la dépendance vis-à-vis d’un partenaire commercial unique », a préconisé la Directrice exécutive de l’ITC.
Mariama DIEME