Face aux inquiétudes soulevées par la Cour des comptes et la dégradation de la note du Sénégal par certaines agences de notation, l’économiste Pape Demba Thiam appelle à une réponse immédiate des autorités. Selon lui, la priorité absolue est de rétablir la confiance des investisseurs et des acteurs financiers dans le système économique du pays.
Pour l’ancien fonctionnaire de la Banque mondiale, les mesures prises par l’État, notamment les poursuites judiciaires contre les responsables présumés des irrégularités financières, sont nécessaires mais insuffisantes. Il insiste sur l’urgence d’une refonte en profondeur des mécanismes de contrôle et de gestion des finances publiques.
« Restaurer la confiance dans le système financier est une priorité absolue. Cela passe par des mesures correctives immédiates pour assainir la gestion et renforcer les mécanismes de contrôle », affirme-t-il sur l’APS.
Pape Demba Thiam, titulaire d’un doctorat en économie du développement, met en garde contre les conséquences de cette situation sur l’investissement. « Comment convaincre les Sénégalais de la diaspora et les investisseurs étrangers d’injecter des capitaux dans le pays si des dysfonctionnements persistent au sein du système financier ? », s’interroge-t-il.
L’économiste souligne également la nécessité de revoir le modèle économique du Sénégal. Il rappelle les engagements des nouvelles autorités à opérer une rupture, mais estime qu’un véritable changement de cap suppose une refonte des instruments de financement du développement.
« On ne peut pas transformer le pays en continuant à s’appuyer massivement sur l’endettement public. Il faut privilégier l’investissement direct étranger et le secteur privé, tout en dotant l’État des moyens de financer des infrastructures compétitives », explique-t-il.
Pape Demba Thiam insiste enfin sur l’importance des notations des agences internationales. Selon lui, une note dégradée affecte directement la confiance des investisseurs et la capacité du pays à mobiliser des ressources. « Aucun pays ne s’est développé sans attirer des capitaux privés et sans un État capable de créer un environnement propice à l’investissement », conclut-il.