En tournée ce jeudi 26 juin dans plusieurs localités de la région de Ziguinchor, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Jean-Baptiste Tine, a porté un message fort : celui d’un État aux côtés des populations déplacées, revenues sur leurs terres après des décennies de conflit. À travers le Plan Diomaye pour la Casamance (Pdc) doté d’une enveloppe globale de plus de 50 milliards de F Cfa et impulsé par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, le gouvernement affirme sa volonté de panser les plaies de la guerre et d’assurer une paix durable.
ZIGUINCHOR – Il était un peu plus de 09 heures, ce jeudi matin, quand Jean-Baptiste Tine posait le pied à Bilasse, l’un des villages emblématiques du retour des déplacés dans le département de Ziguinchor. Accompagné du gouverneur Mor Talla Tine et des autorités locales, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique est allé à la rencontre des communautés des communes de Boutoupa Camaracounda, Adéane, Niaguis et Nyassia. Une visite de terrain au cœur du Plan Diomaye pour la Casamance (Pdc), mis en œuvre par l’Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales en Casamance (Anrac), en soutien aux zones affectées par le conflit armé.
Bilasse, repeuplé et doté de 49 maisons neuves
À Bilasse, récemment libéré par les armées au terme des opérations de sécurisation, le ministre a été accueilli par des chants de bienvenue et un sentiment de renaissance. Le chef de village, Chérif Diamé, a, devant l’autorité, sollicité la reconnaissance administrative du village, aujourd’hui repeuplé et doté de 49 maisons neuves. « Nous avons choisi de revenir chez nous parce que nous savons que l’État ne nous laissera pas tomber », a-t-il souligné, ému.
Une requête bien reçue par le Général Tine qui a salué la résilience des populations. « Bilasse, comme beaucoup d’autres localités, a subi les affres de la guerre. C’est un moment de fierté que de voir les habitants réinstaller et reprendre goût à la vie là où elle avait été éteinte. Le gouvernement, avec ses partenaires, travaille pour un retour à la normale durable », a renchéri le premier flic de ce pays.
À Bissine, village pionnier du retour, le bilan est éloquent : 137 ménages revenus depuis 2020, 77 773 m² déminés, 5 salles de classe et 89 latrines construites. Un bilan qui a fait réagir le gouverneur de région. De plus, Mor Talla Tine a insisté sur la cohésion retrouvée dans ce village fondé vers les années 1800. « Ce retour massif traduit une volonté profonde de paix », a soutenu le patron de l’exécutif régional.
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Une lueur d’espoir et une renaissance retrouvée
Après Bilasse et Bissine, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique Tine a poursuivi sa tournée à Mahamadou, dans la commune de Nyassia, où 26 ménages ont retrouvé leurs terres en 2022. Là, 37 maisons et 16 latrines ont déjà été réalisées. L’ancien député et habitant de ce patelin Demba Keïta y voit une lueur d’espoir. « Le cadre est désormais propice, la production agricole reprend, notamment la culture de mangues. Le déminage y est effectif et cela change tout », s’est réjoui l’ancien parlementaire.
Pour la maire de Nyassia, Justine Manga Bassène, la dynamique est bien enclenchée, mais il faut aller plus loin. « Le retour est réel, mais il faut accélérer le déminage et poursuivre la reconstruction. Les populations de Badem, Bouniak ou encore Bagam attendent encore de pouvoir revenir », a indiqué la première magistrate de la commune de Nyassia. Partout, Jean-Baptiste Tine a réaffirmé l’engagement de l’État.
« À Bissine, comme partout ailleurs, nous nous inclinons devant la mémoire des victimes, des soldats tombés et des civils emportés. Le Plan Diomaye n’est pas un simple programme, c’est une réponse historique à la souffrance des populations déplacées. L’État ne reculera pas », a assuré le Général Tine. À travers ce périple, le ministre de l’Intérieur a surtout délivré un message clair. À ses yeux, la paix en Casamance tant chantée ne se limite pas au silence des armes. Selon lui, elle passe par la reconstruction, la justice et la présence visible de l’État dans chaque hameau retrouvé.
Par Gaustin DIATTA (Correspondant)