228 sites clandestins, 275 titres inactifs et de graves manquements administratifs. Le ministre Birame Soulèye Diop promet un assainissement du portefeuille minier et une meilleure protection des communautés.
À la veille du lancement des journées portes ouvertes du ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, prévues du 18 au 26 septembre 2025, le ministre Birame Soulèye Diop a présenté, hier à Dakar, les résultats d’un vaste audit des titres miniers. Les conclusions révèlent un secteur minier traversé par des irrégularités profondes. Sur 1 153 titres examinés, seules 94 demandes ont été jugées recevables, soit un taux de conformité de 8,15 %. L’audit de terrain a permis la visite de 848 sites miniers, dont 620 disposaient de documents administratifs réguliers. Mais les enquêteurs ont également mis au jour 228 sites clandestins et 275 titres inactifs. Au-delà de ces chiffres, l’audit a révélé plusieurs dysfonctionnements : exploitation de titres expirés, absence de renouvellement, titres non enregistrés au cadastre, octroi irrégulier par dérogation aux procédures établies. À cela s’ajoutent le non-paiement de taxes et redevances ainsi que la non-exécution d’engagements contractuels par certains opérateurs. Assainir le portefeuille minier Face à ces dérives, le ministre a insisté sur la nécessité d’assainir le portefeuille minier afin de protéger à la fois les intérêts de l’État, des communautés locales et des opérateurs. Les journées portes ouvertes, organisées pour la première fois simultanément dans cinq pôles géologiques (Thiès, Kaolack, Ziguinchor, Kédougou et Matam), s’inscrivent dans cette dynamique.
Elles permettront de vulgariser les procédures d’octroi, de renouvellement et de gestion des titres miniers, mais aussi de rappeler les obligations des entreprises en matière sociale, environnementale et fiscale. Pour accompagner cette réforme, le ministère a mis en place un comité d’instruction composé de plus de vingt experts, chargé de vérifier que chaque dossier respecte désormais la législation en vigueur. Dans le même esprit, une période exceptionnelle de régularisation de 60 jours a été instaurée pour donner aux opérateurs la possibilité de mettre leurs dossiers en conformité avant toute décision définitive. « Cette période n’existe pas dans la loi, mais elle a été instaurée par souci d’accompagnement et de soutien au secteur privé national », a précisé Birame Soulèye Diop.
En rendant publics ces résultats et en ouvrant la voie à un dialogue inclusif à travers les journées portes ouvertes, le ministre veut impulser une nouvelle gouvernance minière. Objectif : concilier les intérêts de toutes les parties prenantes et mettre fin aux pratiques irrégulières qui fragilisent le secteur.
Maguette GUÈYE DIÉDHIOU