Le Conseil sénégalais des chargeurs (COSEC) a organisé, mardi, une journée économique à Méri, dans le département de Podor. Une rencontre placée sous le signe du développement local et de la responsabilité sociétale d’entreprise (RSE), marquée par l’annonce d’un ambitieux projet piscicole dans la commune.
Devant les officiels et les populations de Méri, la directrice générale du COSEC a officialisé le lancement prochain d’un projet d’élevage de poissons. Il vise à tirer profit du potentiel hydraulique encore sous-exploité de la région.
« Nous avons de l’eau en abondance dans cette partie du pays, mais elle n’est pas encore utilisée à sa juste valeur. Le COSEC a donc initié ce programme pour créer de la valeur ajoutée et promouvoir le développement à la base », a-t-elle déclaré.
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Le projet s’inscrit dans un programme plus vaste, baptisé « Un foyer, un bassin », porté par la convergence des pêcheurs du nord. Il prévoit la construction de 100 bassins piscicoles entre Dagana et Bakel. L’objectif est de soutenir l’aquaculture comme alternative durable à la pêche, aujourd’hui en déclin dans la région. Selon Dr Samba Ka, directeur général de l’Agence nationale de l’aquaculture (ANA), ce programme est une réponse directe à la baisse des captures de poissons et à ses conséquences sur l’emploi.
« Il y a une nécessité de préserver l’aquaculture. Toutes les conditions sont réunies dans le nord du pays pour faire émerger cette filière », a-t-il souligné. Le COSEC a déjà débloqué une enveloppe de 45 millions FCFA pour lancer les trois premiers bassins à Méri. Ce programme bénéficiera à 200 personnes (100 hommes et 100 femmes), avec des critères bien définis, et devrait générer 700 emplois directs.
Le choix s’est porté sur l’élevage du poisson-chat, jugé plus rentable, notamment une fois transformé. Les perspectives sont prometteuses. Ainsi, 2600 tonnes de production sont attendues sur 5 ans, pour un chiffre d’affaires estimé à 1,4 milliard FCFA.
Autonomie en semences et formation
Pour garantir l’autonomie en semences, 1,3 million d’alevins seront produits localement. À ce jour, 120 personnes ont déjà été formées, et d’autres le seront prochainement à Méri. Le maire de la commune, Aboubacry Sow, a salué l’initiative qu’il “qualifie d’opportunité majeure pour les populations locales”, dans un contexte où le poisson devient de plus en plus rare.
Outre le volet économique, la journée a également été marquée par des actions sociales fortes, dans un contexte sanitaire préoccupant, notamment avec la menace de la fièvre de la vallée du Rift. Le COSEC a octroyé des médicaments, d’une valeur de 15 millions de FCFA, aux postes de santé de Mbolo Birane, Méri et Médina Ndiathbé pour renforcer les capacités locales.
En période d’inondations, où la traversée des zones du Fouta s’avère périlleuse, 200 gilets de sauvetage ont été distribués pour assurer la sécurité des populations. Pour Ndèye Rokhaya Thiam, ces initiatives traduisent l’engagement du COSEC à concilier développement économique, responsabilité sociale et environnementale. « C’est un acte de solidarité et d’engagement collectif », a-t-elle conclu.