Ce village situé à 34 km de Louga est un bourg où le maraichage y occupe une place de choix. Les produits font venir les commerçants d’un peu partout avec l’ognon comme principale spéculation. En dépit de ce cadre propice au commerce, le village est confronté à de nombreuses difficultés.
Les chargements se font minutieusement. A l’entrée de Potou, la scène passe presque inaperçue. Il faut revenir sur ces pas pour voir de plus près une camionnette et des tonnes de légumes disposés dans des caisses. Debout devant le véhicule, un homme de teint clair et à la taille moyenne supervise la livraison de ses produits. Dans un coin, les sacs et caisses à légumes sont soigneusement rangés. Des ouvriers font d’inlassables va-et-vient et chargent le véhicule qui ne tarde pas à se remplir de tomates, poivrons et ognons.
La scène est loin d’être inhabituelle. En effet, Potou est connu comme étant un bourg de cultivateurs. C’est donc naturellement que le commerçant se tourne vers ce patelin pour s’approvisionner en légumes. « Je viens régulièrement pour acheter des provisions pour les revendre à Dakar, Kaolack et Gambie », explique Idrissa Sow. Ce commerçant venu de Dakar est dans le milieu depuis 2000. Il a acheté près de 120 caisses de tomates, 800kg de poivrons et 200 sacs de d’ognons. Ce dernier produit fait la réputation de ce village situé à 34 km de Louga.
L’ognon, produit vedette
Il se conjugue à toutes les sauces au parc de stockage d’ognons de Potou. Des sacs sont visibles à perte de vue minutieusement empilés dans les hangars. Dans ce lieu, l’ognon occupe une place prépondérante. Il y a tout un écosystème autour de ce produit et fait vivre Potou.
Le parc est en pleine effervescence. Les camions et charretiers font d’inlassables va-et-vient en ce début d’après-midi. Assis à l’ombre d’un arbre, Diangana Ndiaye supervise le chargement de ses marchandises. Dans le milieu depuis plus d’une trentaine d’années, le commerçant charge sept camions par jour. « Je transporte 70 tonnes d’ognons. Je distribue tout le marché de Touba », assure le ressortissant de la ville sainte. Le commerçant s’est fait un nom grâce à son activité. Il est également dans la production d’ognon. « Je travaille avec seize commerçants et emploie douze manœuvres qui s’assurent du chargement », détaille le producteur. Un milieu dans lequel il y trouve son compte.
Diangana Ndiaye n’est pas le seul commerçant qui y trouve son compte. Selon Ousseynou Lo, le responsable des véhicules, c’est plus d’une quarantaine de camions qui entrent et sortent du parc de stockage chaque jour. « Il y en a même qui envoie des voitures de Dakar, Kaolack pour leur stock », affirme Ousseynou Lo.
Une activité en plein rush
Elle passe presque inaperçue. Assise à même le sol, sous un des nombreux hangars installés, Rokhaya Fall remplit des sacs d’ognons. La quinquagénaire vient de la commune de Leona située à 7km de Potou. Elle fait partie des nombreuses commerçantes. « J’achète 5 à 20 tonnes que je revends aux commerçants et grossistes », renseigne la commerçante. Celle-ci juge cette activité « lucrative » malgré les aléas liés au transport des marchandises.
Le visage perlé de sueurs, la mine déconfite, Moussa Diop tente tant bien que mal de faire entrer son âne. Après quelques efforts, il y arrive visiblement éreinté. L’homme de 20 ans sillonne Potou et ses environs pour charger et distribuer l’ognon. Ce jour-là, c’est 25 sacs qu’il décharge moyennant 25FCfa le sac soit 3125FCfa pour la course. « Je peine à m’en sortir financièrement et les routes sont difficiles d’accès », déplore le charretier.
Village maraicher aux nombreuses difficultés
Potou est un village réputé pour le maraichage particulièrement pour l’ognon, son principal produit. Mais derrière cette réputation, les problèmes ne manquent pas pour les habitants. L’oignon fait la réputation de Potou mais d’autres produits maraichers tels que la carottes, les navets, le poivron, le piment, la tomate d’après Mbaye Guèye, chef de village. Ce dernier affirme que l’économie du village repose sur le maraichage. Potou occupe une place très importante dans l’économie de Louga grâce aux produits horticoles. « C’est un village de cultivateurs. C’est pour cela que nous voulons des pistes de production pour faciliter le transport des marchandises », plaide Mbaye Guèye. Cela n’est pas la seule préoccupation des habitants. « Il est difficile pour nous d’avoir accès à l’eau et l’électricité », confie le chef de village. Des défis majeurs pour ce village aux énormes potentiels horticoles.
Arame NDIAYE-Maguette NDONG