Le groupe Ecobank international incorporated a réalisé de bons résultats en 2024, mais a préféré, pour « des considérations stratégiques », ne pas verser de dividendes à ses actionnaires. Ce qui n’a pas eu l’heur de plaire à ces derniers, qui ont étalé leur déception.
Lors de la 37e assemblée générale ordinaire du groupe Ecobank transnational incorporated (Eti), tenue mercredi 28 mai 2025 au siège à Lomé (Togo), il a fallu beaucoup de tact et d’explications pour calmer les quelques actionnaires présents à la cérémonie. L’information du jour : il n’y aura pas de dividendes à verser (comme l’année dernière), même si le groupe panafricain a fait des résultats positifs pour l’exercice 2024. En chorus, les actionnaires, principalement le représentant du collectif des actionnaires sénégalais, n’y sont pas allés par quatre chemins pour étaler leur déception. Une pluie de critiques que le président du conseil d’administration, Papa Madiaw Ndiaye, a qualifié de constructives.
Et pourtant, en 2024, Eti a réussi à réaliser un résultat net (bénéfices) de 333 millions de dollars, soit environ 192 milliards de FCfa, en progression annuelle de 16%, et un produit net bancaire de 2,1 milliards de dollars, explique le président du conseil d’administration, Papa Madiaw Ndiaye. Le bénéfice net par action a augmenté de 16% pour s’afficher à 0,004 dollar (soit 1,335 cent). Le total du bilan s’est accru de 3%, soit 28 milliards de dollars dont 19,6 milliards de dollars de dépôts de la clientèle et 10,5 milliards de dollars de crédits, ajoute M. Ndiaye, qui vient de boucler sa première année à la tête du conseil d’administration. Entre autres performances, le coefficient d’exploitation a progressé « à un niveau historiquement bas » de 53%, « traduisant notre rigueur opérationnelle et notre aptitude de l’exploitation optimale des plateformes de nos plateformes stratégiques », dit-il.
Malgré des résultats « qui témoignent de la robustesse » de la stratégie d’Eti de diversification régionale et la résilience de ses activités, le contexte n’est pas favorable au versement de dividendes, explique le Pca à l’endroit des 641.000 actionnaires du groupe. Cependant, les filiales du groupe en ont distribué un montant record de 217 millions de dollars. « La décision de ne pas distribuer de dividendes cette année, bien que difficile, repose sur des considérations stratégiques », ajoute Papa Madiaw Ndiaye.
Satisfaire les ratios prudentiels
Il s’agit pour lui de satisfaire les ratios prudentiels et ne pas s’exposer à une situation difficile. Certaines succursales, et pas des moindres, comme au Nigeria sont un peu dans le rouge. Face à cette situation, « c’est très difficile pour les banques centrales de voir que vous êtes en train de payer des dividendes alors que vous ne raffermissez même pas certaines situations », dit-il. « Nous sommes en mesure de payer des dividendes, mais nous avons pris une décision courageuse, qui demande du courage et de la vision. Il faut avoir un socle de capitaux pour nous permettre de faire face à toute cette volatilité que nous voyons dans ce monde aujourd’hui ».
La banque, préoccupée par le renforcement de sa structure financière préfère atteindre une croissance accélérée et continue. « Respecter nos obligations vis-à-vis des créanciers et des clauses des emprunts existants, ou verser des dividendes », c’était donc le dilemme cornélien des responsables d’Eti. Mais le directeur général du groupe, Jeremy Awori, à son tour, a tenu aussi à rassurer les actionnaires, en leur assurant que la banque est dans une logique de renforcement pour mieux les satisfaire. En conférence de presse, il dira que l’intention de la banque, c’est de faire croître l’activité, affiner les marchés d’Eti et augmenter la croissance. Ceci ne saurait se faire sans le processus de digitalisation qui donne des satisfactions au groupe. Ecobank a réalisé, en 2024, un taux record de rentabilité des capitaux propres tangibles de 32,7%, les revenus au sein de la banque des grandes entreprises et d’investissement ont progressé de 16% pour s’afficher à 1,1 milliard de dollars. Une performance rendue possible par sa position de leader dans la zone Uemoa et en Afrique de l’Ouest anglophone.
250 millions de dollars à lever
La banque a réussi aussi de solides résultats dans ses produits phares (gestion de liquidités, paiement et commerce). Ses décaissements en faveur du commerce ont atteint 450 millions de dollars, pendant que la gestion des liquidités générait 500 millions de dollars de dépôts. La banque commerciale et des particuliers a, quant à elle, augmenté ses revenus de 15% (soit 504 millions de dollars), explique Awori. « Cette faible présence sur le marché met en évidence tout le potentiel de croissance dont nous disposons », ajoute le directeur général.
Par ailleurs, l’assemblée générale a approuvé, entre autres résolutions, la levée prochaine de fonds d’un montant de 250 milliards de dollars au titre d’un instrument supplémentaire.
Malick CISS