Voilà un an que notre pays, le Sénégal, est entré, de plain-pied, dans la phase de production d’hydrocarbures (pétrole et gaz). Dans l’optique de se donner les moyens de tirer le maximum de profits de cette nouvelle industrie, beaucoup de mesures salutaires ont été prises depuis 2016.
C’est ainsi que l’environnement institutionnel, législatif et réglementaire a été profondément modifié. Pour coller aux exigences de cette nouvelle étape dans la vie du bassin sédimentaire sénégalais, de nouvelles structures et organes ont vu le jour comme le Cos Pétrogaz, le Ges-Pétrogaz, le Comité national de suivi du contenu local (Cncl), l’Institut national du pétrole et du gaz (Inpg) ou le Réseau national de transport de gaz par gazoducs (Rgs). Des réformes en profondeur ont été aussi menées avec la création, pour la première fois, du ministère du Pétrole, la filialisation de la société nationale des Pétroles du Sénégal (Petrosen) qui devient une holding avec deux branches chargées de l’amont et de l’aval.
D’autres acteurs comme la Société africaine de raffinage (Sar) ou encore la Société nationale d’électricité (Senelec) ont aussi procédé à des ajustements pertinents pour s’adapter au nouvel environnement dans l’approvisionnement en produits d’hydrocarbure. Pendant ce temps, en haute mer, les activités de production de pétrole ou de gaz, à plein régime, sont essentiellement orientées vers l’exportation. Alors que cette production devrait commencer à redessiner la structure de notre économie à travers le raffinage continu par la Sar du pétrole brut de Sangomar, l’approvisionnement de la Senelec en gaz et en fuel. Mais on en est encore loin, car le dispositif infrastructurel n’a pas suivi l’évolution des travaux de développement du projet de Sangomar et Gta.
Le Sénégal a accusé beaucoup de retard dans la mise en place de certaines infrastructures complémentaires comme le Réseau gazier, mais aussi le stockage, la pétrochimie. Certes, dans un premier temps, les sociétés ont existé, sur le papier, et en sont à des phases d’études ou de projet. Le Rgs, pilier essentiel de la stratégie du Gas to Power et du Gas to Industries, n’a pas encore démarré les travaux de réalisation du réseau devant rallier les zones de production aux points d’utilisation. Sur les cinq segments de raccordement prévus, le plus avancé est celui du Nord. Son contrat vient d’être signé le 29 avril 2025. Le Segment Nord, d’une longueur 85 km, relie le Hub Gta à la centrale électrique située à Gandon dans la région de Saint-Louis.
Le début de la mise en œuvre de la libération des emprises est prévu au troisième trimestre de 2025, alors que le démarrage des installations de gazoducs et de la pré-exploitation pour le quatrième trimestre de 2025 et le début d’exploitation au troisième trimestre de 2026. Mais à côté de l’accélération de ces travaux, le Sénégal gagnerait aussi à développer un espace approprié à l’implantation et au développement de cette nouvelle industrie pétrolière. Avec la recrudescence des activités dans la chaine aval, une toute nouvelle industrie, l’industrie pétrolière, va voir le jour et va se mettre progressivement en place dans notre pays.
Cette industrie aura besoin d’un espace dédié qu’il faudra lui réserver. Il faut rappeler que dans la plupart des pays producteurs, l’industrie pétrolière s’est offert un environnement propre, une ville du pétrole. C’est le cas au Nigeria, avec Port Harcourt connue comme étant la cité pétrolière du pays, au Gabon, c’est la ville de Port Gentil, au Congo c’est la ville de Pointe Noire, et récemment au Ghana, c’est la ville de Takoradi. Une analyse de la cartographie des zones de production (Sangomar, Gta et Gadiaga) et de découverte (Yaakar Téranga à Cayar) combinée au tracé du réseau gazier ainsi que les centrales électriques, le site de la Sar, positionne la zone de la Grande Cote comme l’endroit idéal pour l’implantation de la Ville pétrolière. Il faut souligner que cette partie du pays à cheval sur les quatre projets de productions de pétrole et de gaz avait déjà, par le passé, abrité le projet de Nouvelle ville de Lompoul. La loi n° 2005-09 du 22 juillet 2005 avait été prise, portant création, édification et organisation de la Nouvelle ville.
Cette loi serait encore en vigueur et pourrait être actualisée dans ce sens. Généralement, les principaux critères qui président aux choix d’un quelconque site sont la proximité à un port ayant de grands espaces de stockage d’équipements, de matériels et des produits et un aéroport ou un héliport. L’environnement marin, dans lequel se déroulent l’extraction et le traitement primaire des hydrocarbures, est un environnement instable, difficile d’accès et où l’espace de stockage est extrêmement limité.
Au Sénégal, la ville qui semble se prêter au mieux de devenir la future ville du pétrole semble être Lompoul. Ici, il est possible de créer une ville industrielle, clé en main avec toutes les infrastructures et commodités nécessaires comme un port, un aéroport d’affaires, un centre de stockage, une usine de raffinage, une unité de pétrochimie et une cité résidentielle de 300 000 villas. La réflexion sur le projet de la ville pétrolière avait déjà été menée, au début de la découverte du pétrole. Mais elle n’a jamais été validée et partagée. sarbaba@hotmail.com