A partir d’aujourd’hui, s’ouvre à Dakar, la 8e édition du Salon international des énergies renouvelables et de l’environnement en Afrique. Co-organisatrice de l’évènement, le directeur de l’Agence des énergies renouvelables évoque, dans cet entretien, les objectifs et les acteurs attendus. Il assure que le salon facilite la sensibilisation, la promotion sur les énergies renouvelables, en mettant l’accent sur les potentialités, les domaines d’application, etc.
Vous organisez, à partir du 24 avril, un salon international sur les énergies renouvelables. En quoi l’édition de cette année est exceptionnelle ?
Le salon a été initié par Ben Bass Diagne en 1983. Sous le magistère du président Aboulaye Wade, avec le problème des coupures d’électricité, il a jugé utile de faire la promotion des énergies renouvelables. Il avait demandé, en 2009, la tenue du salon qui a été organisé en 2015 et en 2017. Le Salon de cette année exceptionnel parce qu’il a lieu presque huit ans après la dernière édition. De plus, les autres éditions ont été organisées dans un contexte particulier et entre temps, le Sénégal est devenu un pays exportateur de pétrole et de gaz. Voilà pourquoi, c’est exceptionnel.
Quels sont les objectifs poursuivis à travers ce salon ?
L’objectif principal, c’est de faire rencontrer les différents acteurs qui sont dans le secteur des énergies renouvelables, dans l’efficacité et la transition énergétique afin d’échanger et de partager les expériences. Il y a également les objectifs spécifiques tels que faciliter les échanges entre les acteurs qui sont souvent des privés, le monde professionnel et celui de la recherche. Aujourd’hui, les énergies renouvelables ont un sous-bassement fondamental : la recherche et l’innovation. Et s’il n’y a pas d’échanges entre ces acteurs, on ne peut pas innover. Le salon constitue une bonne tribune pour faciliter les échanges entre les porteurs de projets, les politiques, c’est-à-dire les décideurs politiques, les acteurs et la population. Le salon facilite aussi la sensibilisation, la promotion sur les énergies renouvelables. Il permet de voir les potentialités liées aux énergies renouvelables, les domaines d’application.
Qui sont les acteurs attendus ?
Il y a les entreprises privées, c’est-à-dire celles qui font les installations, vendent les équipements, les fournisseurs. Il y a également les chercheurs, les universitaires, les étudiants, les inventeurs qui sont des ingénieurs dont certains sont des free-lances. Il y a aussi les décideurs politiques comme les agences, les ministères. L’évènement est organisé par deux ministères : celui de l’énergie et de l’environnement. Enfin, il y a des partenaires financiers et technique qui viennent du Maroc, du Canada et d’autres pays.
Comment les énergies renouvelables peuvent-elles aider à un développement inclusif et durable ?
Le taux d’accès à l’électricité au Sénégal, dans les zones urbaines, est de 90 % voire 98 % dans certaines villes. En revanche, dans le monde rural, ce taux est à 65 %. Dans certaines zones comme la Casamance, le taux est à 30 %. C’est une iniquité. L’inclusivité consiste à apporter de l’électricité aux populations laissées en rade, à bas coût. L’accès à l’énergie permet la création de services comme les salons de coiffure, des équipements de transformation comme les moulins.
Aujourd’hui, le Sénégal a du gaz et du pétrole. Mais ces types d’énergie ont un impact sur l’environnement. Contrairement à ces énergies, les énergies renouvelables ont moins d’impact sur l’environnement et c’est durable parce que c’est renouvelable. Chaque jour, il y a le soleil.
Quel rôle joue l’Aner dans la réalisation des objectifs du gouvernement en matière de mix énergétique ?
Le gouvernement s’est fixé deux objectifs majeurs : la réduction du coût de l’électricité et porter le mix énergétique à 40 % à l’horizon 2030. Aujourd’hui, le kilowatt est de 117 francs. On souhaite aller à moins de 60 francs en 2030. Et l’ANER a pour mission de promouvoir les énergies renouvelables dans tous les secteurs d’activités. Nous sommes un pilier dans le développement du mix énergétique. Et l’objectif d’avoir 40 % de renouvelable dans l’électricité d’ici 2030 fait que l’ANER est un pilier dans l’atteinte de cet objectif. L’agence a donc pour mission d’accompagner l’État dans la définition de la réglementation et des politiques d’orientation. Nous accompagnons le ministère, la Senelec, et des secteurs stratégiques comme l’agriculture, le transport pour réduire les factures énergétiques. Et tous nos projets sont focalisés sur ces objectifs, c’est-à-dire l’usage productif de l’énergie renouvelable.
Que fait concrètement l’Aner pour augmenter le mix énergétique ?
Les années passées, nous avions des projets pilotes. Actuellement, nous sommes en train de passer à l’échelle avec des projets impactants. Je peux citer, par exemple, le programme « Autoroutes du Solaire ». Ce projet a été récemment primé au salon de Genève et va installer des systèmes photovoltaïques le long des autoroutes pour produire jusqu’à 300 mégawatts, voire plus qui seront injectés dans le réseau. D’après les études faites par le ministère, le mix énergétique permet de réduire le coût de l’électricité. Le solaire, l’éolien coûtent beaucoup moins cher. De plus, les énergies fossiles ont une durée d’exploitation de 20 ans, 30 ans d’exploitation. Il faut préparer les futures générations. C’est pourquoi, il faut investir dans le mix énergétique. L’autre aspect fondamental, c’est l’industrialisation du pays qui va nécessiter beaucoup d’énergie. Nous devons donc nous tourner vers le gaz tout industriel qui permet d’impacter plus le secteur industriel qui a plus besoin de plus d’énergie que d’électricité. Pour l’électricité, nous devons renforcer le mix en utilisant le renouvelable qui est disponible et coûte moins cher.
Propos recueillis par Mamadou GUEYE