Il n’y a pas eu débat à Abidjan, mais Amadou Hott ne manque pas d’arguments. Le candidat sénégalais pour la présidence de la Banque africaine de développement (Bad) dispose, pour beaucoup d’observateurs, le meilleur profil et une vision claire.
Finalement, il n’y a pas eu débat ! Il était prévu, dans le cadre de l’Africa Ceo Forum qui se tient à Abidjan, un débat, le 13 mai, entre les candidats à la présidence de la Banque africaine de développement (Bad). Mais, la confrontation verbale tant attendue par les observateurs a été annulée par les organisateurs à cause du désistement des autres candidats. Avant cela, le 24 avril dernier, un débat, organisé par « The Brookings Institution » en marge des réunions de printemps de la Banque mondiale et du Fmi, avait permis aux cinq candidats d’exposer leurs visions et programmes. Tous avaient affiché le même objectif : accélérer la transformation économique de l’Afrique. « En tant que candidat, ma vision entend soutenir l’Afrique à réaliser son autonomie et à bâtir plus de résilience ». Amadou Hott s’était notamment engagé à œuvrer pour renforcer les partenariats avec le secteur privé pour le développement des infrastructures clés (énergie, santé, éducation, agriculture). Une autre priorité du candidat sénégalais concerne le développement de talents et l’emploi pour les jeunes et les femmes.
Il promet aussi, s’il est élu président de la Bad, de soutenir les réformes pour mobiliser davantage de ressources locales (recettes fiscales, investissements institutionnels). Ancien vice-président de la Bad chargé de l’Énergie et du changement climatique, M. Hott revendique un bilan plus qu’honorable en matière de transition énergétique, notamment grâce à l’apport du secteur privé. « Nous avons augmenté les opérations du secteur privé de 150 % en deux ans. Mon objectif est de généraliser cette réalisation à tous les secteurs de la banque », a-t-il expliqué. Adapter la Bad aux réalités actuelles Le candidat propose aussi, s’il est élu, de nommer un vice-président de la banque dédié au secteur privé et à l’ensemble de l’écosystème. Ce, « afin de nous assurer que nous sommes plus sensibles au secteur privé, que nous mobilisons davantage de ressources et que nous travaillons avec davantage de personnes », a-t-il avancé. Amadou Hott, qui a été le premier directeur général du Fonds souverain d’investissements stratégiques du Sénégal (Fonsis), connait l’importance de l’effet de levier. « Lorsque je travaillais au Fonsis, nous avons créé une institution à partir de rien, avec un ratio de levier de 1 à 20 ou 1 à 30 », a-t-il révélé.
Un objectif qu’il pense pouvoir atteindre avec la Bad. « En tant que président de la Banque africaine de développement, je travaillerai avec mon équipe, le Conseil d’administration et tout le monde, pour nous assurer que nous maximisons le facteur de levier de tout dollar ou tout euro que nous recevons dans la banque », a-t-il déclaré. S’il n’entend pas remettre en cause la stratégie décennale de la Bad (2024-2033), lancée l’année dernière, à Nairobi, Amadou Hott compte, s’il est élu, « l’adapter aux réalités actuelles ». « Les besoins de l’Afrique évoluent et notre approche doit suivre le rythme. Mon approche consiste à adapter et à accélérer la stratégie décennale de la Bad en réponse aux réalités géopolitiques et économiques complexes d’aujourd’hui et non à la réinventer », a-t-il indiqué. Il veut ainsi moderniser la Banque pour gagner en rapidité, en efficacité et en impact.
Cela, en simplifiant les processus, en intégrant des outils numériques et en renforçant les capacités des bureaux pays. M. Hott ambitionne également d’accroître la capacité financière tout en maintenant la notation AAA. Pour ce faire, il compte mobiliser des instruments innovants : capital hybride, garanties, finance mixte, plateformes de cofinancement et réaffectation des Droits de tirage spéciaux (Dts) du Fmi. Pour booster le secteur privé, il promet de créer une vice-présidence dédiée qui collaborera avec des partenaires stratégiques pour structurer des projets bancables, notamment au profit des femmes, des jeunes et des entrepreneurs. « Nous devons nous assurer que nous fournissons des outils aux banques, que nous modernisons leurs processus et que nous les digitalisons, que nous ajoutons de la valeur à l’argent et réduisons les délais de livraison. Aussi, nous accroîtrons considérablement nos activités dans le secteur privé et notre soutien aux pays pour développer et préparer davantage de projets finançables dans des secteurs prioritaires ».
Seydou KA