Les Industries chimiques du Sénégal (Ics) vont lancer deux usines pour augmenter la production d’engrais et transformer les roches phosphoriques. Ces projets, annoncés, hier, par son directeur général, Mama Sougoufara, visent une meilleure contribution à la mise en œuvre de l’agenda 2050.
Les Industries chimiques du Sénégal (Ics) ont organisé, hier, à Dakar, un séminaire de restitution du rapport de l’impact de l’entreprise sur l’économie sénégalaise. Le nouveau directeur général, Mama Sougoufara, a profité de l’événement pour annoncer des projets dans l’objectif de contribuer à l’agenda 2050. Il a en ligne de mire un premier investissement de 60 milliards de FCfa destiné à la mise en place, à Mbao, d’une usine qui fera passer à 600 000 tonnes la production d’engrais par an contre 250 000 tonnes actuellement. La société prévoit également un investissement de 240 milliards de FCfa, à travers une nouvelle usine de transformation de la roche brute, afin d’augmenter la production de 300 000 tonnes. « C’est pour répondre à l’appel du gouvernement sur la contribution à la révolution agricole et à la promotion de la souveraineté alimentaire », a dit M. Sougoufara.
Abordant les indicateurs du groupe présentés dans le rapport entre 2014 et 2023, il a informé que d’importantes performances ont été enregistrées, telles qu’une production de deux millions de tonnes par an de roches phosphoriques, de 600 000 tonnes d’acides phosphoriques et de 250 000 tonnes d’engrais. « Les Ics se sont développées avec quelques difficultés, en fonction du contexte économique mondial. Les crises se sont succédé et ont mis à genoux l’entreprise. En 2008, l’État a décidé d’une première structuration avec la reprise de l’entreprise par Ifco. Une autre restructuration a eu lieu en 2014. C’est ainsi qu’Indorama a pris une participation majoritaire. Notre capacité de résilience est inégalée », a déclaré le Dg des Ics. Du point de vue financier, dit-il, la barre a pu être redressée alors qu’en 2013, c’était un placement en régime de pré-faillite, avec une dette de 271 milliards de FCfa, une production de 20 % de la capacité et un résultat net de -34 milliards de FCfa. « En 2014, les banques sénégalaises étaient fortement exposées étant donné les dettes élevées des Ics. Les engagements et investissements immédiats du groupe Indorama ont contribué à la stabilité du secteur bancaire. Indorama a soutenu les Ics en donnant des garanties de la maison-mère et des lettres de confort d’une valeur totale de 131 milliards de FCfa aux différents prêteurs », a rappelé M. Sougoufara.
L’autre bonne nouvelle économique et financière est, d’après lui, le remboursement de tous les prêts dès décembre 2022, dont ceux des banques locales et des banques étrangères, ainsi que ceux attribués au groupe Indorama d’une valeur totale de 161 milliards de FCfa.
25 milliards de dividendes à l’État en 2023
L’État du Sénégal est actionnaire des Ics à hauteur de 15 %. Ainsi, en 2023, il a reçu des dividendes de 25 milliards de FCfa. « La Contribution directe dans le budget de l’État, ces 10 dernières années, est estimée à 84 milliards de FCfa. Avec le redressement de l’entreprise, les dividendes de 25 milliards de FCfa sont versés en 2023 à l’État du Sénégal », a indiqué Mama Sougoufara. À l’en croire, la restructuration et le réinvestissement ont permis de retrouver les niveaux de performance, permettant la production de 1,9 million de tonnes de phosphates. Pour ce qui est du gain en devises, il est estimé à 40 % de la contribution des entreprises minières (307 milliards de FCfa en 2023). Pour le Dg des Ics, les retombées sont également sociales. « Avec 5000 emplois directs, nous devenons le premier employeur en milieu rural. S’agissant du contenu local, la facture des achats auprès des entreprises du pays est passée à 80 milliards de FCfa en 2023 contre 47 milliards en 2014, soit de 269 à 627 partenaires. Nous avons également pu consacrer 1,5 milliard de FCfa aux projets Rse. C’est une situation plus que favorable », a-t-il ajouté.
Cependant, M. Sougoufara note des défis à relever pour maintenir la trajectoire de performance. Il s’agit principalement d’augmenter la production et la disponibilité des engrais pour les paysans, d’accompagner les coopératives agricoles par des partenariats forts et d’accélérer le développement durable et la réduction des impacts environnementaux. Sans oublier le renforcement du dialogue et de l’engagement communautaire et le soutien au développement local des activités génératrices de revenus.
Demba DIENG