Le plan de redressement économique du Sénégal ne se contentera pas d’une gestion plus rigoureuse des dépenses publiques.
Il s’appuiera également sur une stratégie ambitieuse de mobilisation des recettes domestiques, ciblant notamment les secteurs émergents et jusqu’alors sous-taxés. Parmi les axes majeurs de cette stratégie figure la fiscalisation accrue des jeux de hasard et des jeux en ligne, un domaine jugé porteur de revenus significatifs pour l’État.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a souligné la nécessité d’aller au-delà des mesures conventionnelles pour renflouer les caisses de l’État. Le plan prévoit ainsi d’étendre la fiscalité à de nouveaux champs d’activité, à commencer par la publicité en ligne et les services numériques, incluant explicitement les plateformes de vidéo à la demande comme Netflix. Le potentiel de ces secteurs est estimé à 16 milliards de francs CFA. Le e-commerce et les revenus des influenceurs, souvent non déclarés, sont également dans le viseur du gouvernement, qui souhaite encadrer fiscalement ces activités en pleine croissance.
Mobile money et jeux de hasard dans le viseur
Un autre axe majeur concerne l’imposition du mobile money. Le Premier ministre a précisé que le gouvernement s’attend à engranger 130 milliards de francs CFA sur trois ans grâce à la taxation des transferts, et 90 milliards de francs CFA sur les transactions marchandes effectuées via cette technologie. Ces projections ambitieuses nécessiteront une collaboration étroite entre le ministère des Finances et celui des Télécommunications pour établir des bases saines, sans entraîner de surcoût excessif pour les utilisateurs.
C’est toutefois dans le domaine des jeux de hasard, notamment les paris et casinos en ligne, que le Premier ministre Ousmane Sonko a mis un accent particulier. Les jeux en ligne représentent désormais 80 % des jeux de hasard au Sénégal, un marché en pleine explosion. L’État entend désormais « aller chercher les 20 % qui restent » et affiner la taxation de ce secteur.
Une nouveauté notable est la volonté de taxer les gains des parieurs, une pratique jusqu’alors peu encadrée. Le Premier ministre a expliqué que 75 % des mises constituent souvent un gain que le parieur cherche à empocher. Au-delà de l’objectif de mobilisation de recettes, le chef du gouvernement a insisté sur la dimension sociale de cette mesure : l’État a l’obligation de protéger les petits parieurs contre l’addiction et leurs propres excès. Cette taxation du gain s’inscrit donc dans un modèle qui allie impératif fiscal et responsabilité sociale.
Le tabac aussi davantage taxé
Dans la même veine, le plan prévoit une augmentation significative de la taxe sur le tabac. Actuellement à 70 %, ce taux sera porté au « plafond humain » de 100 %. Cette mesure, qui devrait générer 1 milliard de francs CFA supplémentaires, témoigne d’une double stratégie : celle de l’augmentation des recettes fiscales et celle de la santé publique, en dissuadant la consommation de tabac.
Cheikh Tidiane NDIAYE