La rue Mohamed V incarne un petit Maroc niché au cœur de Dakar avec ses étals débordants de babouches, djellabas et parfums orientaux. Ce lieu de commerce témoigne d’une forte présence marocaine établie de longue date au Sénégal. Entre nostalgie du pays natal et attachement profond au « pays de la Teranga », les commerçants marocains y ont trouvé une seconde patrie.
Au marché Sandaga, les activités vont bon train. En ce début de weekend, ce carrefour commercial refuse du monde. Les marchands attendant sagement de potentiels acheteurs. L’ambiance est le même à la rue Mohamed V. Cette ruelle est le Maroc en signature. Située à quelques encablures, en plein centre-ville, ce lieu de commerce en hommage au roi du Maroc qui a régné de 1927 à 1961, regorge de produits du royaume chérifien. Babouches, djellabas, qamis, tapis de prières, parfums, mocassins, il y a du tout pour une découverte touristique sans passeport ni visa. Assis devant leurs échoppes, les Marocains sont à l’affut de clients. Ces derniers ne viennent que par compte-goutte.
Abdou Fall est venu acheter un tapis marocain chez Hassan Ben Souda. Après quelques marchandages, ils finissent par tomber d’accord. Pour ce quadragénaire, la rue Mohamed 5 est l’endroit idéal pour trouver des produits de qualité du royaume chérifien. « Je viens souvent ici, car il y a beaucoup de choix à des prix abordables », avoue ce fidèle client d’Hassan. Ce dernier y tient une échoppe où babouches, tapis, mocassins sont soigneusement exposés dans des étagères. Le marchand est établi au Sénégal depuis une trentaine d’années. « Le Sénégal est mon deuxième pays. J’ai pratiquement passé toute ma vie ici », avoue ce père de quatre enfants. Il se décrit comme un véritable sénégalais et arrive à vivre de son commerce.
Bouchra Lahlo a également passé une bonne partie de sa vie au pays de la Teranga. La commerçante est au Sénégal depuis 2013. Assise devant sa boutique, elle guette l’arrivée d’éventuels clients. La djellaba de couleur noire qu’elle porte renseigne à suffisance sur les produits vendus. « Je suis dans le commerce depuis cinq ans. Je vends des djellabas marocaines. Elles sont vendues à 5.000fcfa et les abayas sont vendues à 25.00fcfa », renseigne-t-elle, montrant quelques motifs accrochés sur des cintres. Comme Hassan, Bouchra apprécie le Sénégal. Cette dernière décrit un beau pays hospitalier et chaleureux. Cependant, elle regrette le fait que ses activités ne marchent plus comme à ses débuts. « Ce n’est pas évident de s’en sortir financièrement. Les clients se font de plus en plus rares », regrette-t-elle tout en parlant d’un éventuel retour au pays.
« C’est mon deuxième pays ! »
« J’ai un attachement spirituel à ce pays. En sus de cela, il n’y a pas beaucoup de différences entre le Maroc et le Sénégal. C’est mon deuxième pays », révèle Hanna visiblement émue. La quadragénaire vit au Sénégal depuis plus d’une vingtaine d’années. « J’étais venue pour faire un peu du tourisme. J’ai fini par tomber sous le charme de ce pays », dit-elle tout sourire. A l’époque, enchaine-t-elle, le commerce marchait très bien. « J’ai toujours fait du commerce et le Sénégal est un pays où on s’y attache facilement. Je m’y sens en sécurité », reconnait celle qui a construit sa vie au pays de la Teranga.
Hicham Ammari a aussi vécu plusieurs années au Sénégal. L’homme de 42 ans y a posé ses valises en 2006 pour y monter sa propre affaire. Djellabas, babouches, mocassins, parfums, le quadragénaire fait découvrir aux Dakarois les merveilles du Maroc. « Je suis arrivé à une période où les activités marchaient très bien », affirme-t-il d’un brin nostalgique. Le sieur reconnait que le Sénégal est un pays où il fait bon vivre. Cependant, son business a subi quelques secousses. « Je peine à m’en sortir financièrement », reconnait-il. Mais ce dernier souligne que son attachement, lui, ne faiblit pas.
Arame NDIAYE