Quinze représentants d’organisations de producteurs issus des départements de Nioro du Rip, Foundiougne et Koungheul ont pris part, du 20 au 24 juillet, à une mission d’échange dans les zones agricoles des Niayes et de la Vallée du Fleuve Sénégal. A l’initiative de la Sénégalaise pour une agriculture durable (SENAD), avec l’appui financier de l’Agence Belge de Développement (ENABEL) et sous la supervision du Fonds National de Développement Sylvo-pastoral (FNDASP), cette mission s’inscrit dans le cadre du projet de mise en place de six Centres de Services Agricoles (CSA)
Selon Ousmane Sow, agronome et responsable du programme Agri-service à la SENAD, « ce projet, lancé en août 2024 pour s’achever en avril 2026, vise à doter Nioro, Foundiougne et Koungheul de centres modernes de services agricoles opérationnels d’ici décembre 2025. L’objectif est d’offrir des prestations clés, des travaux mécanisés, intrants, stockage, compost pour ainsi intensifier et professionnaliser l’agriculture dans ces zones à fort potentiel.
La mission, qui a mobilisé six coopératives sélectionnées parmi 45 organisations candidates, visait à renforcer les capacités des futurs gestionnaires des CSA. Les visites dans la vallée du Fleuve Sénégal ont permis de découvrir des Farmers’ Hubs (FH) et des Centres d’Exploitation de Machines Agricoles (CEMA), structures qui illustrent la professionnalisation des services agricoles au Sénégal. « Avec ce que nous avons vu et échangé avec les coopératives visitées, nous sommes mieux armés pour lancer nos propres CSA. Les centres de mécanisation observés, bien équipés et bien gérés, montrent l’importance des partenariats entre coopératives et centres de formation pour développer des services performants », a expliqué Malick Ndiaye, chef de service départemental pour la promotion du développement territorial, soulignant l’intérêt de mutualiser les ressources.
La mécanisation agricole a été un axe central de la mission. « Dans les zones ciblées, les superficies sont vastes, les producteurs motivés, mais le manque de tracteurs, moissonneuses et équipements post-récolte freine la productivité. Les CSA devront combler ce déficit », précise Ousmane Sow. Les participants ont notamment visité le Centre sectoriel de formation professionnelle aux métiers du machinisme agricole, situé dans la commune de Diama, département de Dagana. Depuis 2019, ce centre forme chaque année des jeunes techniciens spécialisés en maintenance d’agroéquipements.
Pour Pape Mamour Diop, coordonnateur du centre, « la mécanisation doit jouer un rôle fondamental dans le développement agricole. Sans elle, l’autosuffisance alimentaire reste hors de portée. Nous formons des jeunes, titulaires du Bfem ou du niveau second, sur deux ans, pour répondre à un marché en pleine mutation. L’insertion est facilitée par la proximité de grandes agro-industries, mais aussi par des initiatives d’auto-emploi et de coopératives agricoles communautaires soutenues par le ministère de l’Agriculture ».
Selon les organisateurs, la mission permettra, à terme, de former les bénéficiaires sur l’utilisation et la maintenance des agroéquipements, les pratiques agronomiques, et de les accompagner dans l’acquisition de machines adaptées. « Au-delà de la formation, nous assurerons un coaching technique et un suivi pour mesurer l’impact du projet sur les revenus et la productivité », assure M. Sow. Avec la création de six CSA dans les trois départements, le projet ambitionne de stimuler les économies rurales, de générer au moins 30 emplois pour les jeunes et de dynamiser les filières agricoles phares (horticulture, arachide, mil/sorgho, maïs, sésame).
Un rapport de mission détaillé sera bientôt publié pour capitaliser les enseignements et formuler des recommandations en vue d’une mise en œuvre optimale des CSA.
Jeanne SAGNA (Correspondante)