Les entreprises du Btp ont fustigé, ce jeudi 24 juillet, leur « exclusion » des marchés de la commande publique. Une situation qui sera bientôt un vieux souvenir, selon Yankhoba Diémé, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens. Il a annoncé le prochain vote de la loi sur le patriotisme économique et la préférence nationale.
La participation des entreprises du secteur du Btp dans l’exécution des procédures de la commande publique s’est progressivement amenuisée face à une percée des entreprises étrangères. Le constat est de Moustapha Djitté, directeur général de l’Autorité de Régulation de la Commande publique (Arcop). Il s’exprimait, hier, jeudi 24 juillet, lors de l’atelier sur la compétitivité du secteur privé axé sur le thème : « L’accès des Btp à la commande publique ». En réplique, Yankhoba Diémé, ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, a indiqué que le gouvernement va bientôt présenter, à l’Assemblée nationale, une loi sur le patriotisme économique et la préférence nationale.
Il a rappelé que le département qu’il dirige est conscient de la place des Btp dans l’économie nationale. Il s’agit, selon lui, de 30 % de la commande publique et 4 % du Pib. « Nous ne pouvons pas construire ce pays sans la relance des Btp. Au nom du gouvernement, qui est conscient qu’il y a une ardoise, que les entreprises de Btp sont en difficulté quelque part, je suis là pour vous rassurer que ce sont des difficultés bien surmontables », a rassuré M. Diémé. En ce sens, il dit avoir engagé avec les acteurs du Btp « un dialogue franc, véridique et basé sur le devoir d’assainir le secteur ».
Pour le directeur général de l’Arcop, il est temps d’engager une « véritable endogénéisation » de la commande publique en réussissant un repositionnement stratégique et intelligent du secteur privé national dans l’exécution des projets publics. « Ce pari légitime qui fait écho à un souverainisme affiché et assumé par les plus hautes autorités trouve dans le cadre de la commande publique un terreau fertile », a soutenu Moustapha Djitté.
Cette situation est due à une multitude de facteurs, dont le déséquilibre dans le portefeuille, selon Abdel Kader Ndiaye, président du Syndicat national des Entreprises du Bâtiment et des Travaux publics (Snbtp). «7 0% des marchés en valeur échappent au secteur privé national à cause de certaines barrières injustes fixées arbitrairement à l’entrée par des donneurs d’ordre pour éliminer les entreprises locales. Ces autorités contractantes connaissent, le plus souvent, la typologie des entreprises locales ainsi que les limites de leurs capacités qu’elles utilisent comme repères », a-t-il décrié.
M. Ndiaye pointe aussi la faiblesse de la régulation dans l’exécution des contrats, c’est-à-dire après la passation. Toujours parmi les défis du secteur, il recommande aussi de « faire respecter les délais contractuels de paiement et autres obligations de l’autorité contractante ». Pourtant, se félicite le président du Snbtp, le Btp a été un « contributeur appréciable du Pib (6 à 7 %) et un grand pourvoyeur d’emplois (200.000 emplois directs, 600.000 emplois si nous intégrons les emplois non déclarés) ».
Babacar Gueye DIOP