À Touba, comme dans d’autres localités du pays, les femmes et les jeunes, dans le cadre de leurs activités génératrices de revenus, ont recours aux institutions de microfinance. Même s’ils arrivent à mobiliser des enveloppes qui impactent positivement leurs activités, ils font face à la hantise des taux jugés élevés.
Les femmes entrepreneures de Touba ont souvent recours aux structures de microfinance pour financer leurs activités, notamment à travers des fonds de roulement, des crédits d’investissement ou des avances sur facture.
Cependant, celles qui n’ont pas accès au système bancaire formel critiquent les taux d’intérêt élevés pratiqués par ces institutions de microfinance. Touba, la deuxième ville économique du Sénégal après Dakar, est caractérisée par une économie dominée par le secteur informel.
Les femmes entrepreneures y trouvent souvent un soutien auprès des structures de microfinance pour développer leurs activités. Mais, cet accompagnement comporte des implications notables. Sokhna Ndioba Mbacké, une habitante de Touba Kharja, dirige le réseau Lamp Fall « Takku Ligueye », une structure créée en 2007, qui se concentre sur la transformation des céréales locales.
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Avec près de 50 groupements de femmes affiliés, seuls 15 sont actuellement actifs. Selon elle, les institutions de microfinance jouent un rôle crucial dans le fonctionnement de leurs activités. D’après elle, en raison du manque de moyens pour financer leurs activités, les femmes du réseau Lamp Fall « Takku Ligueye » se tournent vers les structuacc-sres de microfinance.
Elle précise que le Crédit mutuel du Sénégal (Cms) est l’une des principales institutions avec lesquelles elle travaille depuis la création du réseau. En outre, elle collabore également avec d’autres banques de microfinance locales pour soutenir les activités de ces femmes.
Sokhna Ndioba Mbacké affirme que, depuis le début de la collaboration avec les institutions de microfinance, notamment le Crédit mutuel du Sénégal (Cms) et d’autres banques de microfinance, les relations sont bonnes. Elle souligne que les groupements de femmes ont toujours honoré leurs engagements envers leurs bailleurs, sans rencontrer de problèmes majeurs.
Cette dame reçoit des financements des institutions de microfinance, qu’elle redistribue ensuite aux différents groupements de femmes membres du réseau Lamp Fall « Takku Ligueye », pour soutenir leurs activités de transformation des céréales locales.
Les prêts sont remboursables à la fin du mois, selon la durée du crédit, avec un taux d’intérêt de 15 à 17 %, ce que Sokhna Ndioba Mbacké juge très élevé.
Le handicap des taux d’intérêt
« C’est vraiment difficile, mais nous n’avons pas d’autre choix. Nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Nous sommes donc obligées de contracter des prêts auprès des banques. Cependant, certaines femmes ont du mal à rembourser », a-t-elle déclaré.
Selon elle, les conditions de prêt sont telles que, pour obtenir 500 000 FCFA, il faut parfois dépenser 200 000 FCFA avant même de recevoir l’argent, auxquels s’ajoutent les intérêts à payer. Cela pousse certaines femmes à travailler à perte, mais elles n’ont souvent pas d’autre choix.
Mame Bousso Diop, une femme entrepreneure à Darou Salam Gawane, confirme ces propos en affirmant que, sur dix femmes qui contractent des prêts, seule une parvient à réussir. Cette femme, qui évolue aussi dans la transformation de céréales locales, déplore les problèmes liés aux taux d’intérêt élevés pratiqués par certaines institutions de microfinance, où le renouvellement des prêts est parfois automatique.
Selon elle, pour un financement d’un million de FCFA, il faut ajouter 250 000 FCFA d’intérêts, auxquels s’ajoutent des frais de dossier de 30 000 FCFA, ce qu’elle juge anormal. Selon Mame Bousso Diop, malgré les difficultés, elle est contrainte de collaborer avec les structures de microfinance pour obtenir des financements, car elle n’a pas d’autre choix.
Malheureusement, elle peine à s’en sortir avec les conditions de prêt proposées. Les femmes entrepreneures rencontrées soulignent que, outre les difficultés liées aux taux d’intérêt élevés des structures de microfinance, il est également difficile d’obtenir des financements auprès des structures mises en place par l’État du Sénégal, car ces dernières sont souvent perçues comme politiques.
169 milliards FCfa d’emprunts au premier trimestre 2025
Au Sénégal, le secteur de la microfinance a dénombré 4 566 414 comptes ouverts, soit une hausse de 1,6 % comparativement au trimestre précédent, d’après le rapport du premier trimestre 2025 de la Direction de la réglementation et de la supervision des systèmes financiers décentralisés.
Sur une base annuelle, les dépôts ont augmenté de 13 milliards de FCFA, soit une croissance de 2,2 % sur la période. Pour ce qui est des emprunts, au premier trimestre 2025, le montant s’est établi à 169,9 milliards de FCFA contre 166,0 milliards au trimestre précédent, soit une hausse de 2,4 %. Cette situation est consécutive à la progression des emprunts à court terme de 103,9 %.
Concernant les fonds propres des IMF, ils sont passés de 219,3 milliards de FCFA au 4ᵉ trimestre 2024 à 212,2 milliards au 1ᵉʳ trimestre 2025, soit une baisse de 3,3 %. Cette situation découle d’une diminution simultanée des fonds propres détenus par les Imcec affiliées (-3,1 %), les sociétés anonymes (-1,9 %) et les Imcec non affiliées (-17,8 %).
Le taux de pénétration, calculé en rapport avec la population totale, est ressorti à 25,2 % au 1ᵉʳ trimestre 2025 contre 24,8 % au trimestre précédent. Quant au taux d’accès, il est resté invariable, à 20,3 %. Au titre des dépôts, l’encours, au premier trimestre 2025, a connu une hausse de 1,9 % par rapport au trimestre précédent, en se situant à 590,4 milliards de FCFA.
Cette situation découle des hausses simultanées de 1,6 % des dépôts à vue et à terme, ainsi que de 3,3 % des autres dépôts. Pour l’année 2024, le total du bilan a atteint plus de 1 097,2 milliards de FCFA, soit une progression de 11,8 % sur un an.
Par Birane DIOP (Correspondant) et Demba DIENG

