Entre 2017 et 2021, le secteur extractif sénégalais a généré près de 740 milliards FCFA pour le budget national. Dans le même temps, les collectivités locales n’ont perçu qu’un peu plus de 13,7 milliards FCFA, selon une étude publiée par Enda LEAD Afrique Francophone en juillet 2025.
En cinq ans, les recettes budgétaires de l’État issues du secteur extractif sont passées de 108,7 milliards FCFA à 206,04 milliards FCFA, soit une croissance de 89,54 %. Mais sur cette même période, la part reversée aux communes n’a progressé que de 14,07 %, passant de 2,4 milliards FCFA à 2,7 milliards FCFA.
Au total, les budgets communaux n’ont absorbé que 1,86 % des revenus extractifs nationaux sur la période étudiée. Et encore : une bonne partie de ces fonds a été captée par les communes situées dans la région de Dakar, loin des sites d’extraction.
Les zones d’extraction, grandes perdantes
L’étude révèle que dix des douze communes bénéficiaires des impôts locaux versés par les sociétés extractives se trouvent dans la capitale. Sabodala, principal site aurifère du pays, fait figure d’exception : 38 % de son budget communal provient des mines. Mais la plupart des localités directement impactées par l’exploitation minière ne voient quasiment rien venir. « Les populations supportent les nuisances environnementales, mais ne voient pas les retombées économiques », déplore un élu local de Kédougou.
Le rapport souligne que les recettes locales issues du secteur extractif proviennent essentiellement de la patente, de la Contribution économique locale (CEL) et de la Taxe sur les revenus issus des mines et carrières (TRIMF). Mais ces mécanismes restent insuffisants pour compenser les déséquilibres territoriaux. Pour Enda LEAD, la clé réside dans un meilleur encadrement de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) et dans une réforme des transferts financiers pour garantir une redistribution équitable.