Malgré son potentiel immense pour la lutte contre la pauvreté et le développement territorial, l’Économie Sociale et Solidaire (Ess) au Sénégal a souvent navigué en eaux troubles, entre confusion des rôles et manque de soutien ciblé.
Avec l’adoption de 17 mesures concrètes et ambitieuses, le Sénégal s’engage résolument à structurer, dynamiser et reconnaître pleinement ce secteur vital, lui offrant enfin les outils nécessaires pour transformer durablement les vies et les communautés à travers le pays.
Longtemps confrontée à des défis structurels et une reconnaissance inégale, l’Économie sociale et solidaire (Ess) entre dans une nouvelle ère de transformation. Dans une initiative audacieuse marquant un tournant décisif pour le développement national, le Conseil interministériel sur l’Ess s’est réuni ce 23 mai 2025. Cette rencontre positionne résolument l’Ess comme un pilier central de la lutte contre la pauvreté et du développement harmonieux des territoires. Les 17 décisions prises augurent d’une transformation profonde du secteur, le dotant d’un cadre structuré et des moyens nécessaires à son plein essor, afin de surmonter les obstacles rencontrés jusqu’alors. Le Ministre de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire, Alioune Dione, a souligné l’importance capitale de ce Conseil interministériel. « Le régime du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye accorde beaucoup d’importance à ce secteur », a-t-il affirmé.
Il a rappelé que l’offre programmatique du président a explicitement désigné la microfinance, l’économie sociale et solidaire et le développement communautaire comme des piliers essentiels pour la viabilisation des systèmes de production et le développement des territoires. Ce référentiel s’inscrit dans la « Vision Sénégal 2050». Le ministre Dione a également mis le curseur sur la complexité actuelle du secteur, notant une confusion entre l’Ess et l’entrepreneuriat public, et une perception souvent limitée de l’Ess aux organisations féminines, en particulier dans l’artisanat. La situation du secteur est en réalité dans une situation un peu complexe par la nature même du secteur », a-t-il expliqué, précisant que cela touche quasiment tous les secteurs, mais également les types positifs qui doivent accompagner la pleine mise en œuvre de la politique de l’économie sociale solidaire sont en voie de construction à plusieurs niveaux.
Il a, par ailleurs, insisté sur le fait que ce qui était fait jusque-là « se caractérise par une confusion du secteur, notamment dans les trois dimensions que constituent la production solidaire, l’habitualisation et l’économie sociale ». Le ministre Dione a également regretté que « les politiques publiques n’accompagnaient pas pleinement le secteur en tant que tel, soulignant qu’il y avait une confusion entre l’économie sociale solidaire et l’entrepreneuriat public. Il est revenu sur l’urgence de partager les résultats des travaux avec l’ensemble des parties prenantes pour voir les recommandations qui pourront servir dans le cadre de la pleine mise en œuvre de la politique sectorielle. Parmi les décisions phares issues de ce Conseil, on compte l’accélération de la mise en place d’un dispositif de gouvernance intégrant un Conseil national de l’Ess, organe d’orientation, de réflexion stratégique, de concertation et de dialogue des acteurs, placé sous la supervision du président de la République.
Ce dispositif comprendra également un Comité interministériel de pilotage, de coordination, et de suivi des politiques publiques du secteur, ainsi qu’un Observatoire national de l’Ess, en appui à l’identification des acteurs, à la production statistique et à l’évaluation des impacts. Des services régionaux et départementaux dédiés à l’Ess seront également mis en place.
Orientations stratégiques et mesures concrètes
Le Premier Ministre a également engagé le Ministre des Finances et du Budget, en collaboration avec le ministre de la Microfinance et de l’Économie sociale et solidaire, ainsi que le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, à œuvrer pour la mise en place effective d’un régime fiscal et douanier incitatif spécifique à l’Économie sociale et solidaire, conformément à la Loi d’orientation relative à l’Ess. Ceci inclura le renforcement des facilitations fiscales et l’instauration d’un régime douanier préférentiel au bénéfice des acteurs et partenaires de l’Ess. Il a également été décidé de promouvoir les produits de l’Ess à travers l’application stricte, voire le relèvement du quota d’au moins 5% des marchés publics en faveur des organisations de l’Ess et d’accompagner la promotion des produits des acteurs de l’Ess.
Par Pathé NIANG