Présent à l’Exposition universelle d’Osaka 2025, le Sénégal a marqué sa participation par l’inauguration de son propre pavillon de 300 m², une Journée nationale et un forum économique. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Serigne Guèye Diop, commissaire général de la Participation du Sénégal, dresse un premier bilan et insiste sur l’importance du « marketing territorial » pour attirer les investisseurs.
Monsieur le ministre, après la semaine du Sénégal, comment évaluez-vous cette participation du Sénégal à l’Expo 2025 d’Osaka ?
Le bilan est très positif. Nous avions prévu trois grands événements : la Journée nationale, la visite du pavillon par le président de la République et le forum économique « Invest in Senegal ». Chacun a été une réussite, à la fois politique, diplomatique et économique. C’était des moments forts. Le chef de l’État a été accueilli par le ministre japonais de l’Économie, de l’Industrie et du Commerce. Nous avons pu mettre en valeur la culture sénégalaise, présenter nos atouts touristiques et économiques et surtout réaffirmer la volonté de renforcer la coopération bilatérale entre le Japon et le Sénégal. C’était à la fois un événement politique et diplomatique, qui a vraiment été une réussite totale.
Ce genre d’événement est l’occasion de faire ce qu’on appelle du marketing territorial, c’est-à-dire promouvoir la « Destination Sénégal », qui est particulière vu le statut politique du pays, sa stabilité, ses nouvelles ressources -pétrole, gaz, zircon, fer- et qui doit être connue. L’autre événement très important, c’est la visite de notre exposition par le Président. Là aussi, il était essentiel que le chef de l’État vienne s’assurer lui-même de la qualité de notre pavillon. Je rappelle que, sur les 54 pays africains, seuls cinq disposent chacun d’un pavillon de 300 m². Tous les autres partagent des espaces communs de 10 à 15 m² à peine pour présenter ce qu’ils font dans le monde. Donc, le plus important aujourd’hui, c’est d’avoir ce pavillon, d’être dans la cour des grands et de montrer que le Sénégal est sérieux dans tout ce qu’il fait en matière de marketing territorial. Le troisième événement, c’était le forum. Je dis toujours que le marketing n’a de valeur que s’il permet des retombées.
C’est vrai qu’une retombée importante, c’est la notoriété. Si 80 % des Japonais connaissent le Sénégal, c’est déjà bien. Mais, cela ne suffit pas. Les retombées, ce sont les milliards de FCfa qui seront réinvestis au Sénégal. Pour nous, c’est cela l’indicateur de performance. En fait, l’objectif est clair : à l’issue du forum, combien d’entreprises japonaises, combien de Pme, combien d’autres structures viendront désormais s’installer dans nos Zones économiques spéciales à Diamniadio, Sandiara et Diass, mais aussi dans les nouvelles zones que nous développons en Casamance, à Sindian, dans le Saloum, à Louga, à Matam, ainsi que dans nos grands projets sur le phosphate ou le fer de la Falémé. Cela a été une réussite de ce point de vue là, avec le forum « Invest in Senegal » organisé hier soir.
Vous insistez beaucoup sur le fait que le Sénégal dispose de son propre pavillon. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Vous savez, dans beaucoup de pays, le marketing territorial n’est pas pris au sérieux. Certains pensent que leur pays est déjà suffisamment attractif. Mais, on oublie souvent que dans le monde, il y a 194 pays et que tous cherchent à attirer les investisseurs. Celui qui réussit, c’est celui qui se distingue par sa communication, sa gouvernance, sa stabilité politique et ses ressources naturelles. Il était essentiel de se démarquer. Avec un pavillon de 300 m², aux côtés de grands pays comme l’Égypte et l’Afrique du Sud, nous montrons que le Sénégal est un État ambitieux. Ce pavillon permet d’accueillir davantage de visiteurs, d’organiser des rencontres B2B et de promouvoir deux concepts clés : « Invest in Senegal » et « Made in Sénégal ».
Quelles retombées concrètes attendez-vous de cette présence à Osaka ?
Nous avons eu près de 400 participants au forum économique, lesquels ont montré leur intérêt et compris que le Sénégal n’était pas un pays comme les autres. Surtout, nous avons gagné en crédibilité grâce à l’intervention de partenaires solides, tels que Toyota Tsusho (propriétaire de Cfao au Sénégal,) ou encore Mitsubishi, présent dans le secteur du pétrole et du gaz, qui sont venus témoigner. Ils ont rassuré les Japonais avec ces termes : « Nous sommes au Sénégal depuis 50 ans et c’est un pays où il faut être ». La visibilité est importante, mais l’essentiel, ce sont les investissements. Nous voulons savoir combien d’entreprises japonaises, de Pme et de multinationales viendront s’implanter au Sénégal. Nos Zones économiques spéciales de Diamniadio, Sandiara, Diass ou encore nos projets miniers en Casamance et à la Falémé sont prêts à les accueillir. Le forum « Invest in Senegal » a déjà suscité un vif intérêt.
Quelle est, selon vous, la portée politique et diplomatique de cette participation ?
La présence du chef de l’État a donné une crédibilité supplémentaire. Il a personnellement invité les investisseurs à participer au forum, prévu à Dakar, les 7 et 8 octobre prochains, et surtout à venir s’installer durablement au Sénégal. Cela montre que notre pays ne se contente pas d’exister sur la scène internationale, il veut compter, il veut attirer et il veut réussir. J’invite les visiteurs et les investisseurs à venir découvrir le Sénégal tout au long de l’Expo qui va jusqu’au 13 octobre. Nous leur garantissons accueil, accompagnement et opportunités concrètes. Le marketing territorial n’est pas un slogan : c’est une stratégie pour transformer notre visibilité en investissements réels et en emplois pour les Sénégalais.
Entretien réalisé par Elhadji Ibrahima THIAM (Envoyé spécial à Osaka)