Le Sénégal vise, à l’horizon 2027, un mix de nouveaux financements extérieurs et domestiques à hauteur de 41 et 59 % respectivement.
Dans le cadre de la Stratégie de dette à moyen terme (Sdmt 2025-2027), le Sénégal ambitionne de mobiliser les ressources concessionnelles disponibles auprès des bailleurs classiques à travers une sélection rigoureuse de projets à financer (en s’appuyant sur le Comité de sélection des projets et programmes d’investissement mis sur place en 2024). L’objectif stratégique est de recourir davantage au financement domestique et aux financements innovants afin d’augmenter la part des financements libellés en monnaie locale. Il est ainsi visé ; à l’horizon 2027, un mix de nouveaux financements extérieurs et domestiques à hauteur de 41 et 59 % respectivement.
« Sous ce rapport, il sera recouru aux Diaspora bonds comme source de diversification de l’endettement en monnaie locale. Il faut relever cependant que la mise en œuvre de cette option nécessite d’ores et déjà un travail de benchmarking, de sensibilisation ainsi qu’une étude approfondie des profils de la cible pour réussir une bonne structuration de projets suffisamment attractifs pour capter les flux », indique le document publié par le ministère des Finances et du Budget. Ces ressources des Diaspora bonds, conjuguées à la bonne capacité d’absorption des titres du Sénégal sur le marché domestique (par adjudication et par appel public à l’épargne), estimée à plus de 1500 milliards de FCfa, « permettront, sur le moyen long terme, de substituer à la domination des ressources d’origine externe dans le portefeuille la prééminence de dette en monnaie locale avec tous les avantages en termes de réduction de l’exposition au risque de change et au risque de taux d’intérêt variable ».
Toutefois, l’orientation de la stratégie vers la constitution d’une dette dominée par la monnaie locale n’exclut pas le bénéfice des opportunités offertes par les autres types de financements innovants, comme les financements portés vers l’Environnement, le social et la gouvernance (Esg), qui ont été expérimentés en 2024. Le document-cadre de financements durables du Sénégal, élaboré en 2023 et aligné, en la matière, aux principes de l’Association internationale des marchés de capitaux (Icma) et de l’Association des marchés de prêt (Lma), « ouvre de belles opportunités pour capter les liquidités orientées vers les projets visant à soutenir le développement durable », indique le ministère des Finances.
Pour le département de Cheikh Diba, il est également primordial d’opérer une large diversification géographique des sources en explorant les zones du Moyen-Orient et de l’Asie qui présentent actuellement d’immenses possibilités en termes de liquidités disponibles. « La modalité de financement relative aux contrats de Partenariat public-privé (Ppp) est fortement encouragée dans cette stratégie », précise le document. Il s’agira pour le privé de prendre le relais de l’État qui s’est vigoureusement engagé ces dernières années. La création de l’Unité nationale d’appui aux partenariats public-privé (Unappp) et la mise en place des textes encadrant les contrats de Ppp « constituent une opportunité dont il faudra tirer pleinement parti ». Le plan de financement de l’année 2025 qui découle de cette stratégie donne la répartition par devise, par nature et par type de taux des ressources qui seront mobilisées pour combler le besoin de financement qui sera dégagé dans le budget.
74,3 % de dette extérieure en 2023
À fin 2023, la mise en œuvre de la stratégie 2023-2025 a révélé que les ressources extérieures dominaient encore dans les sources de financement (à hauteur de 51,8 % des mobilisations pour une cible de 34 % définie dans la stratégie). La durée moyenne de la nouvelle dette extérieure ressort à 13,9 ans avec un différé moyen de 3,8 ans pour un coût moyen de 4,5 % en 2023. « Sur le 1er semestre 2024, ces indicateurs se situent à 13 ans avec un différé moyen de 5,5 ans et un coût moyen de 5,5 %. Sur le marché domestique, notamment le marché des titres publics, les ressources de court et moyen terme ont été plus disponibles ; les maturités au-delà de 5 ans ont été obtenues à travers les Appels publics à l’épargne (Ape) », mentionne le document.
La durée moyenne de cette dette est de 3,4 ans avec un différé moyen de 2,4 ans pour un coût moyen de 6,7 % en 2023. Sur le 1er semestre 2024, ces indicateurs ressortent à 3,5 ans avec un différé de moins de 6 mois pour un coût moyen de 6,93 %. L’encours de la dette à fin 2023 est constitué à 74,3 % de dette extérieure, dont près de 30 % de dette libellée en dollar. La durée moyenne de l’encours de la dette extérieure ressort à 8,9 ans ; elle est de 3,4 ans pour la dette intérieure. Le taux d’intérêt moyen pondéré de l’encours de la dette extérieure est de 3,7 % contre 6 % pour la dette intérieure. La dette à taux variable représente 15 % de l’encours à fin 2023.
Par Seydou KA