L’air pur est une illusion malgré la mer, ce grand bleu à perte de vue. À Thiaroye-sur-Mer, le sable est souillé par les plastiques, morceaux de tissus et de bois, tessons de bouteille. Un cocktail de déchets qui a noirci l’eau de mer. L’odeur nauséabonde des résidus de poisson agresse les narines sur le site de transformation « Pencum Sénégal ». Ici, quelques canaris où bouillissent des produits halieutiques laissent échapper des relents repoussants. L’environnement de travail est désordonné, sale, à côté de la rive qui menace d’investir les lieux. Dans cet endroit où le capharnaüm est à son paroxysme, quelque 217 femmes surfent sur une vague d’inquiétudes. À Thiaroye-sur-Mer où on produit aussi du « gejj » (poisson salé puis séché) que l’on met dans les plats salés pour relever le goût, c’est le marasme.
Désormais, elles observent cette masse d’eau qui a nourri des générations avec un sentiment d’amertume. Cet océan qui laisse ses vagues s’écraser sur les rives, est devenu le symbole de leurs désillusions. « Les usines de farine nous font beaucoup de mal. Au Marché central au poisson de Pikine, on ne peut plus avoir de déchets à cause des usines de farine qui pullulent dans le pays. Le métier de femme transformatrice est appelé à disparaitre cette année si la situation perdure. Certes, il y a une crise avec la raréfaction de la ressource, mais les usines de farine sont venues nous porter le coup de grâce », déplore Diaba Diop, présidente du Réseau des femmes de la pêche artisanale (Refepas).
Babacar Gueye DIOP