Dans la périphérie de Touba, un agriculteur se distingue par un pari audacieux : cultiver du riz sur le sol dior (type de sol sableux), réputé peu propice à cette céréale. Parti de 20 m² en 2024, Ousmane Sall exploite aujourd’hui près de trois hectares et interpelle les autorités pour soutenir cette initiative prometteuse.
MBACKE – Depuis 24 mois, Ousmane Sall, un agriculteur originaire de Kaffrine, s’investit dans la riziculture à Touba. Cette année, il est passé d’une surface de 20 mètres carrés à près de trois hectares à Keur Kabe, dans la périphérie de la cité religieuse. Pour développer davantage son entreprise, il en appelle désormais au soutien des autorités. Cultiver du riz sur du sol dior est bel et bien possible, selon Ousmane Sall, qui s’y est essayé depuis 2024. Aujourd’hui, ses champs s’étendent sur presque trois hectares et il en est à sa deuxième saison. Originaire de Ndiaye Counda, un village du département de Kaffrine, il possède une solide expérience dans la riziculture. Avant de s’installer à Touba, dans le quartier de Keur Kabe, en 2018, il avait exercé cette activité dans le Saloum pendant deux ans, en en faisant son principal moyen de subsistance.
À l’en croire, sa production lui permettait même de vivre de ses récoltes durant toute la saison sèche. Après quelques années de pause, il a relancé la culture en 2024. Sa progression est impressionnante : l’an dernier, il ne cultivait que 20 m² ; en 2025, il exploite près de trois hectares, un bond considérable dans sa production. Pour mener à bien son projet, Ousmane Sall a acheté 300 kilogrammes de semences de riz en Casamance, spécialement adaptées au sol dior.
Contrairement aux sceptiques, il affirme que l’expérience a validé la faisabilité de la riziculture à Touba. « Ceux qui vendaient les semences les avaient testées en Casamance, et elles ont bien pris ici aussi », insiste-t-il. Des semences adaptées au sol dior La riziculture reste néanmoins une tâche difficile. Ousmane Sall a financé seul l’achat des semences, au prix du riz local. Son fils Modou a quitté Dakar pour l’aider dans les champs. Après les semis effectués le 5 juillet, il espère une première récolte en octobre, soit quatre mois plus tard. Faute de moyens modernes, il travaille encore avec des outils rudimentaires, comme une machine tirée par un âne ou un cheval. Pour les semis, il a dû louer des chevaux à 20.000 FCfa par jour.
Malgré ses efforts, il déplore la rareté de l’engrais et de l’urée dans la zone, produits pourtant indispensables, selon son fils Modou. Conscient des limites des récoltes manuelles, il appelle les autorités à l’accompagner, notamment par la mise à disposition d’une moissonneuse-batteuse. Il rappelle avoir déjà bénéficié de l’appui de l’Agence nationale de conseil agricole et rural (Ancar) dans son village natal, où les agriculteurs utilisaient des machines. Une telle aide, selon lui, permettrait d’améliorer considérablement sa productivité. Au-delà de son propre cas, Ousmane Sall met en avant l’intérêt économique de cette culture : un sac de riz se vend à 20.000 FCfa.
Il encourage ainsi ses concitoyens à s’investir dans la riziculture et se dit prêt à les accompagner, notamment pour l’acquisition de semences en Casamance. Pour lui, le riz représente une véritable opportunité de développement communautaire, à la fois source de revenus et de sécurité alimentaire pour la région.
Birane DIOP (Correspondant)