L’Association du transport aérien international (IATA) tire la sonnette d’alarme concernant 1,3 milliard de dollars appartenant aux compagnies aériennes qui restent bloqués dans plusieurs pays, empêchant leur rapatriement. Ce montant, bien que représentant une amélioration de 25 % par rapport aux 1,7 milliard de dollars bloqués en octobre 2024, demeure un obstacle majeur au bon fonctionnement des compagnies aériennes dans un contexte économique déjà fragile.
Dans un communiqué publié ce 3 juin, l’IATA exhorte les gouvernements des dix pays concernés à lever toutes les restrictions qui entravent le transfert rapide des recettes issues des ventes de billets et autres activités des compagnies aériennes. Selon Willie Walsh, Directeur général de l’IATA, « il est vital pour les compagnies aériennes de rapatrier promptement leurs recettes afin de couvrir les dépenses en dollars et assurer la continuité de leurs opérations. Les retards et blocages violent les accords bilatéraux et exposent les compagnies à un risque accru de change. »
Parmi les dix pays responsables de 80 % des fonds bloqués, figurent notamment le Mozambique (205 millions de dollars), la zone XAF (191 millions de dollars) — qui comprend le Cameroun, la République centrafricaine, le Tchad, le Congo, la Guinée équatoriale et le Gabon —, l’Algérie (178 millions de dollars) et le Liban (142 millions de dollars). D’autres pays comme le Bangladesh, le Pakistan, l’Angola, l’Érythrée, le Zimbabwe et l’Éthiopie sont aussi concernés.
L’IATA souligne que l’accès fiable à ces revenus est crucial, en particulier pour un secteur qui fonctionne avec des marges très faibles. La connectivité internationale, qui soutient des millions d’emplois et stimule les économies locales, est menacée lorsque les compagnies aériennes ne peuvent accéder librement à leurs fonds.
L’IATA note néanmoins des progrès dans certains pays, comme le Pakistan et le Bangladesh, qui ont réduit sensiblement leurs arriérés depuis octobre 2024. Une amélioration majeure a aussi été enregistrée en Bolivie, qui a totalement libéré ses 42 millions de dollars précédemment bloqués. La région Afrique et Moyen-Orient concentre à elle seule 85 % des fonds bloqués à la fin du mois d’avril 2025, soit environ 1,1 milliard de dollars.
L’IATA appelle à un engagement urgent des autorités gouvernementales afin d’assurer la fluidité des flux financiers essentiels au secteur aérien. « Les gouvernements doivent comprendre que bloquer ou retarder ces fonds complique sérieusement la capacité des compagnies à maintenir une connectivité internationale vitale pour les économies et les populations », insiste Willie Walsh.
Cheikh Tidiane NDIAYE