C’est la galaxie trumpienne à la sauce sud-africaine, version Bafana-Bafana. Cette influence découle notamment de personnalités importantes gravitant autour de Donald Trump, surnommées la « Mafia PayPal » en référence à l’application de paiement et de transfert d’argent qu’ils ont contribué à créer. Parmi elles, trois figures majeures : Elon Musk, Peter Thiel, et David Sacks.
Ces trois hommes, désormais influents dans les sphères de la tech et de la politique, partagent plusieurs points communs : une adhésion à l’idéologie libertarienne, un soutien affiché à Donald Trump, et des racines sud-africaines liées à l’époque de l’apartheid.
Un passé marqué par l’apartheid
Elon Musk a grandi dans l’Afrique du Sud ségrégationniste avant de partir pour les États-Unis à 17 ans. Son père, selon la biographie de Walter Isaacson, était un raciste convaincu, tenant des propos tels que : « Sans les Blancs, les Noirs seraient encore dans les arbres. » Quant à son grand-père maternel, il avait quitté le Canada en 1950 pour s’installer en Afrique du Sud, qu’il considérait comme un pays suffisamment « dur » après avoir jugé le Canada « trop mou ».
Peter Thiel, de son côté, a passé une partie de son enfance en Namibie et en Afrique du Sud. Son père travaillait dans l’extraction d’uranium pour des projets clandestins du régime ségrégationniste visant à se doter d’armes nucléaires. Selon sa biographie, Peter Thiel défendait ouvertement l’apartheid durant ses études à Stanford, affirmant que « le système fonctionnait bien ».
David Sacks, né au Cap en 1972, a émigré aux États-Unis avec sa famille à l’âge de 5 ans. Plus tard, il a exprimé ses préoccupations sur l’avenir de l’« opportunité américaine », plaidant pour des figures autoritaires comme Trump afin de restaurer l’ordre et la loi.
La naissance de Paypal et un réseau conservateur
Les trois hommes ont uni leurs talents pour lancer PayPal, une entreprise qui, à ses débuts, n’employait ni femmes ni Noirs, reflétant leur vision peu inclusive. Pour stabiliser ses finances, ils ont fait appel à Roelof Botha, diplômé de l’Université du Cap et petit-fils de Pik Botha, ancien ministre des Affaires étrangères du dernier gouvernement d’apartheid.
Avec des ressources financières colossales et une idéologie anti-woke, ces hommes soutiennent activement la droite réactionnaire américaine. Ils bénéficient également du soutien de personnalités comme Joel Pollak, journaliste sud-africain pro-Trump, qui a notamment promu le livre de Steve Bannon, conseiller controversé de Trump.
Une influence mondiale
Ces figures influentes, marquées par leur éducation dans un contexte ségrégationniste, continuent de façonner le débat public en utilisant leurs ressources financières et leur pouvoir pour diffuser une vision conservatrice d’un « monde nouveau ». Leur passé sous l’apartheid et leur trajectoire personnelle alimentent une stratégie idéologique résolument tournée contre le multiculturalisme et les mouvements progressistes.
Moussa DIOP