Inflation maîtrisée, investissements en hausse, mais endettement croissant et faiblesse des infrastructures freinent le développement de la région.
À l’occasion des BOAD Development Days, la Banque ouest-africaine de développement a livré un état des lieux contrasté de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Malgré les secousses économiques mondiales, la région affiche une relative stabilité. Selon Ambroise Kafando, Directeur de la Stratégie et des Études de la BOAD, le cadre macroéconomique reste solide. L’inflation, bien qu’en hausse après les chocs liés à la pandémie et à la guerre en Ukraine, est en net recul : elle est estimée à 3,5 % en 2024, contre un objectif communautaire fixé à 3 %. « Grâce aux politiques économiques et aux efforts de nos États, cette tendance reste maîtrisée », a souligné M. Kafando.
Endettement : des signes de tension
Si la stabilité globale est saluée, l’endettement devient un point de vigilance. Plusieurs pays membres dépassent désormais le seuil des 70 % du PIB, limite fixée par la norme communautaire. « Pour la plupart des États, on observe une accélération du recours à la dette. Des mesures devront être prises pour contenir cette trajectoire », alerte l’économiste.
Les investissements étrangers en forte croissance
Autre point positif : les investissements directs étrangers (IDE) sont en nette augmentation, dopés notamment par les projets pétroliers et gaziers au Sénégal. Entre 2018 et 2022, ces flux ont tout simplement doublé. Cette croissance témoigne d’un intérêt international croissant pour les ressources et les marchés de la région.
Une Union riche… mais entravée Malgré ce dynamisme, de nombreux défis structurels freinent l’élan de l’UEMOA. Le faible accès au numérique (35 % de la population), la cherté de l’énergie, la dégradation des infrastructures routières ou encore la persistance de la crise sécuritaire sont autant d’obstacles majeurs.
L’insuffisance de la formation professionnelle, un taux d’alphabétisation de 42 % et un chômage touchant 12 % de la population active viennent compléter un tableau préoccupant. « Ces facteurs expliquent le classement peu favorable de nos pays dans l’Indice de développement humain », déplore Ambroise Kafando.
Un potentiel humain et naturel à valoriser
L’Union, qui regroupe huit pays (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Togo), reste pourtant riche de nombreuses ressources : or, pétrole, gaz, phosphate, terres agricoles… Et surtout, un capital humain immense : 60 % de la population a moins de 25 ans.
« C’est un marché de 133 millions de personnes, avec une classe moyenne en expansion. Cela représente un levier majeur pour stimuler la demande intérieure », insiste le représentant de la BOAD.
La BOAD en moteur du développement régional
Institution clé dans cette dynamique, la BOAD entend consolider son rôle de catalyseur. Elle annonce avoir dépassé ses objectifs pour la période 2019–2024.
« D’ici à la fin de l’année, nous atteindrons un taux de réalisation compris entre 106 et 110 %, avec un taux de décaissement de 74 %, soit 1 821 milliards de FCFA sur les 2 480 prévus », conclut M. Kafando.
Elhadji Ibrahima THIAM, envoyé spécial au Togo