Alors que le Grand Magal est terminé, le temps est venu de faire le compte des gains générés par cette célébration religieuse aux marchés Hlm et Colobane de Dakar. Si certains vendeurs ont vu leur chiffre d’affaires connaitre une hausse durant l’événement, d’autres ont eu du mal à écouler leurs marchandises.
Le samedi 17 août 2025, un jour comme les autres au marché Colobane. La fin du Magal de Touba coïncide avec un vendredi pluvieux. La pluie de la veille ne semble pas avoir cassé la dynamique du marché situé à Dakar. Bien que le ciel soit gris en plein après-midi, Colobane est très animé.
Partout, les clients circulent entre les différents étals de marchandises. Difficile de les différencier des simples passants. Du moins jusqu’à qu’ils s’arrêtent de temps en temps pour poser un regard curieux et intéressé sur un article avant de marchander ou de continuer leur route. Les marchands, quant à eux, tiennent à bout de bras leurs marchandises ou alors se prélassent dans leurs boutiques recouvertes de bâche.
Toutes ces personnes vaquent à leurs occupations, en prenant le soin d’éviter les quelques flaques d’eau qui bordent la chaussée et les véhicules stationnés un peu partout. Le bruit des klaxons de voitures et les marchandages rajoutent une touche à l’atmosphère si caractéristique de ce marché dans lequel, on retrouve toutes sortes de marchandises, de fruits, de légumes et des vêtements et aux produits cosmétiques.
Le dos tourné aux étals de marchandises et le regard au loin, Mamadou Diallo semble perdu dans ses pensées tandis qu’il porte à bout de bras et sur ses épaules des pantalons en tissus. Il affirme ne pas avoir vendu beaucoup de marchandises durant la période du Magal. « Il n’y avait pas suffisamment de clients. Certains étaient allés à Touba donc je n’ai pas beaucoup vendu », confie le vendeur.
Son opinion est partagée par une autre vendeuse croisée plus loin sur le trottoir d’en face. Âgée d’une vingtaine d’année, Mary Mbaye vend du maïs grillé. Devant elle, un petit fourneau et une table sur laquelle est posée sa marchandise. « La vie est vraiment dure. On n’a pas beaucoup de revenus. Je ne suis même pas venue vendre au marché durant la période du Magal car je savais qu’il n’y aurait pas de clients », dit-elle en tendant à un client un épi de maïs grillé, préalablement enroulé dans sa peau verte.
Elle poursuit en disant que la pluie n’arrange rien aux affaires. « Hier, j’ai été obligée de m’abriter dans une boutique et dans ces conditions, il est difficile de vendre. On a quand même eu de la chance que le marché ne soit pas inondé. » dit-elle.
À quelque pas de là, Cheikh Seck partage un autre avis. Ce vendeur de bijoux à l’effigie de guides spirituels tels que Cheikh Ahmadou Bamba, affirme ne pas avoir eu de problèmes à écouler sa marchandise. « Il est vrai que les affaires ont été bonnes. Je n’ai pas à me plaindre », dit-il.
Il promène ensuite ses doigts sur la multitude de chaînes pendues à des crochets. « Je vends celles-ci à 1.000 FCfa et les autres à 500 FCfa », indique-t-il en désignant deux types de chaines. L’une d’elle a un pendant de forme arrondi tandis que l’autre est fait dans un style plus simple.
Cap ensuite sur le marché Hlm. Là-bas, l’eau de la pluie s’est mêlée au sable, de sorte que les passants se trouvent obligés de patauger dans la boue. Certaines femmes tiennent le bas de leur robe tandis qu’elles circulent entre les étals. D’autres endroits du marché ont toutefois été épargnés par les flaques d’eau.
C’est dans un de ces endroits que Mohamed, écouteurs pendus aux épaules, vend des téléphones. La voix dominant à peine le bruit de la circulation, il affirme avoir gagné davantage durant la période du magal. « Je rends grâce à Dieu, j’ai bien écoulé mes produits. Les affaires se portent bien », se réjouit-il en mettant un écouteur à son oreille.Derrière lui, le marché impitoyable pour certains vendeurs et clément pour d’autres résonne de mille bruits.
Par Yaye Bilo NDIAYE (Stagiaire)