Pour le ministre conseiller Elhadji Mounirou Ndiaye et l’expert financier Zeynil El Abidine Ndongo, la « Vision Sénégal 2050 » marque une vraie rupture. Ils y voient l’ambition de garantir le développement dans le long terme en misant sur les secteurs clés.
Le Sénégal a présenté, lundi, son nouveau référentiel des politiques publiques à l’horizon 2030. Selon le ministre conseiller et directeur du Bureau de suivi et d’évaluation des programmes publics, Elhadji Mounirou Ndiaye, le document tient d’abord la promesse de mettre à la disposition des Sénégalais un projet. Pour lui, il est pertinent d’avoir un plan avec un horizon élargi. « Nous avons un horizon élargi à 2050 avec des projets décennaux et un plan d’action quinquennal qui fixe les premières étapes pour la construction d’une Nation juste, prospère et souveraine », soutient-il, saluant « une démarche tout à fait nouvelle ». À ses yeux, le nouveau référentiel des politiques publiques va porter le développement dans plusieurs secteurs. Avec une production d’électricité projetée à plus de 14 000 MW en passant à 4000 MW supplémentaires dès 2029, avance-t-il, il y aura une baisse des prix de l’électricité de 110 FCfa aujourd’hui à 60 FCfa en 2050. « Il permettra d’atteindre 100 % d’accès à l’électricité, à l’assainissement et à l’eau potable. Au fil des années, des jalons vont être posés avec des projets et réalisations concrets », indique Elhadji Mounirou Ndiaye. À l’en croire, toutes ces réalisations seront faites, loin des élans électoralistes. « La quête du second mandat a toujours gêné l’exécution correcte des politiques publiques. Le projet est basé sur des pas solides et les Sénégalais le sentiront à travers des lendemains meilleurs », ajoute M. Ndiaye.
Le développement autrement
Si le Pse et la « Vision Sénégal 2050 » diffèrent sur certaines orientations, ils partagent plusieurs similitudes, notamment la focalisation sur la croissance économique, l’industrialisation, le développement des infrastructures, le renforcement du capital humain et la transition énergétique, constate l’économiste et financier Zeynil Abidine Ndongo. Cependant, il estime que la « Vision Sénégal 2050 » se distingue par un accent plus marqué sur la souveraineté économique, la réduction des inégalités sociales et régionales ainsi qu’un développement davantage axé sur la durabilité environnementale. « La « Vision Sénégal 2050 » marque une véritable rupture dans la stratégie de développement du pays. Présentée par le nouveau gouvernement issu de la troisième alternance politique, elle s’appuie sur l’enthousiasme et les aspirations du peuple. Elle a introduit des réformes plus profondes et ambitieuses », explique le spécialiste. Sur le plan environnemental, indique M. Ndongo, la « Vision Sénégal 2050 » accorde une importance primordiale à la gestion durable des ressources naturelles, à la transition énergétique et à la lutte contre le changement climatique. Des aspects jusque-là « secondaires » dans le Pse. Ces priorités, soutient-il, témoignent d’une volonté d’assurer une prospérité durable à long terme en plaçant l’écologie au cœur des politiques publiques. Enfin, en matière de capital humain, la nouvelle vision ambitionne de renforcer l’investissement dans l’éducation, la santé et la protection sociale afin d’améliorer la répartition des richesses, notamment en direction des populations marginalisées ; ce qui fait dire à M. Ndongo que le nouveau référentiel vise un développement « plus inclusif et durable, tant sur le plan social qu’économique ».
Demba DIENG
Les pôles territoriaux pour créer l’équilibre
Pour le ministre conseiller Elhadji Mounirou Ndiaye, les huit pôles territoriaux, prévus dans le cadre du nouveau référentiel des politiques publiques, règlent les difficultés de l’Acte 3 de la Décentralisation. « Ils vont porter le développement et équilibrer l’activité économique. Les pôles vont être configurés suivant une dynamique économique qui permettra de réduire considérablement la macrocéphale de Dakar », explique-t-il. Sur cet aspect, l’expert Zeynil El Abidine Ndongo estime que contrairement au Pse, qui concentrait les investissements dans les grandes métropoles, principalement à Dakar, la nouvelle vision cherche à corriger les déséquilibres entre les zones urbaines et rurales en créant des pôles économiques régionaux. Ainsi, précise-t-il, l’ambition est de favoriser un développement plus équitable sur l’ensemble du territoire national. D. DIENG