Dans son rapport sur l’évolution des prix à la consommation, publié le 3 juillet, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) prévoit une tendance baissière de l’inflation si la zone est épargnée par la tension et les méfaits de la crise internationale.
La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a publié, le 3 juillet 2025, son rapport sur l’évolution des prix à la consommation. Le document indique que sur la base des calculs effectués à partir des modèles économétriques de projection de l’inflation, tenant compte des hypothèses, une décélération de l’inflation est attendue en 2025. Ainsi, pour le scénario central, le taux d’inflation en moyenne pour l’ensemble de l’Union se situerait à 2,2 % en 2025 contre 3,5 % en 2024. En 2026, l’inflation, selon la Bceao, devrait se maintenir dans la zone cible communautaire pour s’établir à 2,3 % pour l’ensemble de l’Union. Cette évolution sera essentiellement imprimée par l’absence de tensions sur les cours mondiaux des produits alimentaires et pétroliers projetés à cet horizon. Ainsi, la détente des prix, amorcée en 2023, s’est poursuivie en 2024.
Cette évolution est consécutive à la baisse des prix des composantes « logement » et « restauration » ainsi que des cours internationaux des produits alimentaires et du pétrole. La poursuite des actions des gouvernements en faveur de la préservation du pouvoir d’achat des populations a accentué la tendance. Toutefois, renseigne la Bceao, la détente de l’inflation a été atténuée par l’augmentation des prix des produits alimentaires locaux impactés par l’évolution défavorable de l’offre de céréales locales à l’issue de la campagne agricole 2023/2024. De même, les effets des perturbations dans les circuits d’approvisionnement, en relation avec la persistance de l’insécurité dans certaines zones de l’Union, ont constitué des sources de tensions sur les prix en 2024. Selon la Bceao, des risques peuvent perturber cette tendance.
Il s’agit notamment de la persistance de la situation sécuritaire difficile dans les pays du Sahel, surtout au Mali, au Burkina et au Niger, entraînant, du coup, des difficultés d’approvisionnement des marchés dans ces pays, induisant ainsi des tensions sur les prix. « L’Uemoa continue également de maintenir un différentiel d’inflation favorable vis-à-vis de ses principaux partenaires commerciaux. En 2024, ce différentiel est ressorti à 4,2 points de pourcentage par rapport à l’ensemble des partenaires, atteignant 29,7 points et 17,6 points, respectivement vis-à-vis du Nigeria et du Ghana », mentionne le rapport. Les autres facteurs de risque ont trait à une stagnation de la production céréalière au cours de la prochaine campagne agricole, laquelle pourrait se traduire par une accélération des prix.
La persistance des problèmes sécuritaires, particulièrement dans la zone sahélienne, pourrait perturber les circuits de commercialisation et entraîner in fine une progression de l’inflation. Aussi, des tensions pourraient, d’après le document, résulter de l’accentuation des crises géopolitiques, notamment au Moyen-Orient, et entraîner une augmentation des prix des produits pétroliers. Les risques baissiers portent sur l’appréciation de l’euro vis-à-vis du dollar, dans un contexte de reprise de la croissance économique dans la zone euro. Les risques baissiers portent, par ailleurs, sur la révision à la baisse des prix à la pompe des carburants, en lien avec le recul des cours mondiaux du pétrole observé en 2024, combinée à une diminution plus forte que prévu des prix domestiques des produits alimentaires importés.
Demba DIENG