L’école a rouvert ses portes, mais de nombreux pensionnaires n’ont pas encore répondu présent. Dans la ville de Fatick, cette situation est imputable au manque de moyens ou à la précarité des familles.
FATICK – L’absence notoire des élèves, c’est la situation qui prévaut dans plusieurs écoles à Fatick. Au lycée Coumba Ndoffène Diouf, comme dans l’ensemble des établissements de la ville, l’affluence est quasi inexistante. Les premiers jours de l’ouverture des classes sont marqués par un vide déconcertant dans les écoles. Une absence due à des facteurs sociaux dont le plus en vue est sans doute le manque de moyens ou, en d’autres termes, la précarité des familles. Du moins, si l’on s’en tient aux témoignages de certains apprenants interrogés sur le sujet.
En cette période de vaches maigres, des parents font une course effrénée contre la montre pour trouver les moyens d’inscrire et de vêtir leurs enfants. Au-delà, ce sont les apprenants eux-mêmes qui cherchent à se payer des fournitures. Par conséquent, nombre d’entre eux traînent encore dans la recherche de sous.
« Le manque de moyens explique en grande partie le retard ou l’absence des élèves. On doit acheter des fournitures, mais également des habits », souffle timidement Maïmouna Kébé, âgée de dix-sept ans. Pour l’élève en troisième au CEM Khar Ndoffène Diouf de Fatick, beaucoup de ses camarades se trouvent dans cette même situation de précarité.
Toutefois, malgré la faiblesse des moyens, Maïmouna souhaite rejoindre son école au plus tard lundi prochain. De son côté, Mamadou Faye, élève en terminale au lycée Coumba Ndoffène Diouf de Fatick, était présent le jour de la rentrée. Mais l’absence de ses camarades a fait que les cours n’ont pas débuté. Selon lui, c’est même devenu une habitude. « Chaque année, c’est comme ça. C’est le manque de moyens qui pose problème. Mais ce serait mieux de venir faire cours », souffle M. Faye, aujourd’hui âgé de dix-neuf ans.
Le casse-tête des parents
Comme à l’accoutumée, les lieux de vente sont animés en cette période d’ouverture des classes. Et le marché de Fatick n’en fait pas exception. De nombreux bagages constitués essentiellement de fournitures scolaires sont accrochés sous une tente contiguë à la route traversant le marché. Élèves et parents les prennent d’assaut et se livrent à un long marchandage. Un scénario qui en dit long sur la situation économique de ces familles démunies.
« Les temps sont durs », se confesse une mère accompagnée d’un jeune gamin. Native du quartier traditionnel de Ndiandiaye, elle a préféré garder l’anonymat. « Cette année, les choses sont vraiment difficiles. Les parents se débrouillent péniblement pour acheter des fournitures à leurs enfants. Ces difficultés sont, d’une certaine manière, la cause du retard ou de l’absence des élèves », confie la quinquagénaire, l’air déconcerté.
À peine a-t-elle fini ses achats qu’une jeune élève attend une moto Jakarta pour rejoindre son domicile. Fatiguée, elle finit par s’énerver : « C’est trop compliqué pour nous. Financièrement, beaucoup ne sont pas prêts pour reprendre les cours », lance-t-elle.
À la lumière de ces raisons expliquant l’absence des élèves, la question qui taraude les esprits est de savoir si la rentrée sera effective ou non lundi prochain. En tout état de cause, ce délai est de rigueur dans un établissement comme le lycée Coumba Ndoffène Diouf de Fatick et pratiquement dans toutes les autres écoles.
El Hadji Fodé SARR (Correspondant)