À travers l’association dénommée « Alliance des filles pour le développement des jeunes » (Afdj), dont elle est la présidente, la demoiselle Awa Diongue mène, depuis un an, un combat pour la sécurité et la promotion de la jeune fille à l’école dans l’académie de Kédougou. Son approche est basée sur la sensibilisation, la formation et le plaidoyer. Diplômée en ingénierie solaire et entrepreneuriat, Awa et les 600 membres de son association sont en croisade contre la déperdition scolaire des filles dans la région de Kédougou.
Jusqu’en 2023, le taux de décrochage était élevé dans l’académie de Kédougou. Très rares étaient les filles qui terminaient leurs cycles moyen et secondaire. Les causes étaient, entre autres, les mariages d’enfants, les grossesses précoces et l’éloignement des établissements par rapport aux lieux d’habitation. Pour lutter contre cette déperdition scolaire, un groupe de jeunes filles, encadrées et formées par l’Ong Plan International dans le cadre du projet « Girls Engage » (les filles s’engagent), a mis en place un ensemble de programmes. C’est ainsi qu’est née l’association « Alliance des filles pour le développement des jeunes » (Afdj). Il s’agit, pour ces élèves, de poursuivre et de renforcer les activités déjà menées dans le projet, en vue de les pérenniser. « Notre association a été créée en avril 2014 par un groupe de jeunes filles ayant bénéficié de l’accompagnement de Plan International jusqu’à l’obtention du baccalauréat. Toutes les filles de la première cohorte du projet ‘’Girl Engage’’ ont obtenu ce diplôme. Certaines ont déjà un emploi, d’autres ont créé leur propre entreprise », confesse Awa Diongue, rencontrée à Kédougou, en juin dernier, lors des journées de partage et d’évaluation des interventions de l’Ong Plan International.
L’objectif de l’alliance, explique-t-elle, est d’améliorer le statut de la jeune fille, d’accompagner les filles vers l’emploi et l’auto-employabilité. Il s’agit aussi de réunir les membres animées d’un même idéal pour leur permettre d’atteindre un objectif commun.
Selon Mlle Diongue, depuis la création de l’association, de nombreuses activités ont été menées : sensibilisation, formation, plaidoyer, mentorat, organisation de journées de don de sang, distribution de serviettes hygiéniques et de fournitures scolaires.
Impacts des interventions
À cela s’ajoutent des voyages d’échanges avec d’autres associations partageant les mêmes visions. « Certaines de nos membres ont participé à plusieurs rencontres nationales, notamment avec le Programme des Nations Unies pour le développement, dans le cadre de la résolution 2250, mais aussi avec Gorée Institute à travers un atelier de sensibilisation pour la protection des enfants », informe la présidente de l’Afdj. Présentement, confie Awa, l’association déroule un plan d’actions centré sur la sensibilisation des filles et de la communauté autour des mariages d’enfants.
Après un an de mise en œuvre, les activités de l’association ont donné les résultats escomptés. Awa Diongue soutient que grâce à la formation, à la sensibilisation et aux visites à domicile, les mariages d’enfants ont diminué et les filles excellent davantage dans les séries scientifiques et techniques.
« Beaucoup de nos sœurs savent comment faire de la médiation pour éviter un mariage forcé. Mais ce qui est le plus important, c’est que les jeunes filles, comme les garçons, peuvent désormais parler en communauté des mutilations génitales féminines, des mariages forcés ou précoces sans que cela soit un tabou. C’est ça le véritable changement que le projet a réussi à impulser à Kédougou », se félicite la jeune militante.
Au regard de la taille de la région et de l’immensité des défis, l’Afdj est scindée en quatre cellules réparties entre les communes de Khossanto, Saraya, Salémata et Bandafassi. Elles sont ouvertes à toutes les filles, scolarisées ou non. Elles travaillent pour un seul objectif : zéro grossesse, zéro mariage d’enfant, zéro abandon, zéro harcèlement, zéro violence basée sur le genre d’ici à 2026.
Pape Coly NGOME