Au Sénégal, des progrès sont réalisés dans la prise en compte des questions liées à la promotion et au respect des droits des personnes vivant avec un handicap. Le nouveau gouvernement s’est engagé à renforcer les acquis et à donner à la personne vivant avec un handicap toute sa dignité et sa place dans le processus de développement économique et social du pays. Dans cet entretien, Cheikh Saad-Bouh Diouf, conseiller spécial du président de la République chargé du handicap, décline ses ambitions et celles du président de la République pour améliorer les conditions de vie des personnes en situation de handicap.
Vous êtes conseiller spécial du président de la République chargé des questions du handicap. Comment avez-vous apprécié cette nomination ?
J’accueille cette nomination avec un profond sentiment d’honneur, d’humilité et de responsabilité mais aussi de gratitude à l’endroit de son excellence Bassirou Diomaye Diakhar Faye, Président de la République du Sénégal. C’est un acte fort du Président de la République, qui s’inscrit en droite ligne de son programme présidentiel « Projet d’un Sénégal souverain, juste et prospère », lequel fait une place de choix à l’inclusion du handicap. Il témoigne de la volonté du chef de l’État et de son Premier ministre, Ousmane Sonko, d’inscrire définitivement la question du handicap au cœur des politiques publiques.
Au-delà de ma personne, cette nomination marque une reconnaissance envers l’ensemble des personnes handicapées de ce pays, qui se battent depuis des décennies pour la dignité, l’égalité des droits, la participation et la pleine citoyenneté. Je la considère donc comme une mission exaltante, mais aussi comme un engagement moral : celui de travailler sans relâche pour que plus aucune personne handicapée du Sénégal ne soit laissée en marge de la République.
Vos nouvelles responsabilités interviennent au moment où la Fédération des associations de personnes vivant avec un handicap exige l’application intégrale de la loi d’orientation sociale. Quel rôle comptez-vous jouer pour que cette demande soit satisfaite ?
La demande d’application intégrale de la loi d’orientation sociale nᵒ 2010-15 du 6 juillet 2010 est légitime, juste et urgente. Il faut rappeler que cette loi est promulguée depuis 15 ans. Pour avoir participé à son élaboration et m’être battu des années durant pour la signature de ses textes d’application, en ma qualité de président de l’Association des anciens pensionnaires de l’Institut des jeunes aveugles du Sénégal (AAPIJAS), je sais que c’est une vieille doléance des organisations de personnes vivant avec un handicap. Nous l’avons hérité de l’ancien régime.
Mais la volonté du président de la République est claire : la vision d’un Sénégal souverain, juste et prospère accorde une priorité essentielle à la prise en charge et à l’accompagnement des personnes en situation de handicap. Il a demandé aux ministres concernés de finaliser l’évaluation de l’application de la loi d’orientation sociale, notamment le système des cartes d’égalité des chances, et de préparer une nouvelle stratégie nationale d’accompagnement des personnes vivant avec un handicap.
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Mon rôle est d’accompagner le président de la République dans la prise de décisions structurantes, pour que les droits consacrés par les conventions internationales ratifiées par le Sénégal, la Constitution et la loi d’orientation sociale deviennent une réalité tangible pour les personnes handicapées. Ma mission consistera aussi à faciliter le dialogue technique et politique entre les acteurs : le gouvernement, les organisations de personnes handicapées et les partenaires techniques et financiers. Je travaillerai à renforcer la synergie entre l’ensemble des acteurs pour accélérer l’adoption des textes d’application restants, renforcer la production des cartes d’égalité des chances et les services associés.
Je m’emploierai également à promouvoir l’effectivité des droits dans les domaines de l’éducation, de la formation, de la santé, de l’emploi et de l’accessibilité ; mais aussi à accompagner la mise en œuvre du Plan d’action 2025-2026 sur le handicap et de l’ensemble des politiques publiques d’inclusion des personnes handicapées, adossées à la stratégie nationale de développement (SND 2025-2029) et à l’agenda de transformation systémique Vision Sénégal 2050.
Vous êtes coordonnateur du mouvement national des patriotes handicapés (MONAPH), responsable du sous-commissariat Justice du mouvement national des cadres patriotes (MONCAP) section diaspora et rapporteur de la thématique justice et du volet inclusion et prise en charge du handicap du projet d’un Sénégal souverain, juste et prospère du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Pensez-vous que votre poids politique et votre position au gouvernement pourraient influer sur le respect des droits des personnes handicapées au Sénégal ?
Cette position me donne une place privilégiée et une responsabilité supplémentaire, et c’est un levier que je mets entièrement au service de la cause du handicap. Mon engagement politique, combiné à mon investissement au sein du MONAPH, du MONCAP, des associations de personnes handicapées et à l’expérience acquise en France et à la Direction des Droits humains du ministère de la Justice, me permet de porter une voix forte et légitime au sein des espaces décisionnels, de relayer les véritables préoccupations des personnes handicapées auprès du Président de la République. Mon combat consiste à œuvrer à lever les blocages institutionnels et à défendre, avec détermination, les réformes nécessaires que j’ai contribué à identifier dans le cadre de l’élaboration du projet d’un Sénégal souverain, juste et prospère.
Cette convergence entre action citoyenne, engagement politique et responsabilité institutionnelle est une opportunité historique pour la cause du handicap. Je ferai tout pour qu’elle se traduise par des avancées concrètes, mesurables et durables pour toute la communauté. Je reste déterminé à travailler, avec loyauté et engagement, sous le leadership éclairé du Président de la République, pour que chaque personne handicapée au Sénégal puisse vivre dignement, accéder à ses droits et participer pleinement à l’œuvre de construction de notre nation.
Pape Coly Ngome


