«L’éducation est l’arme la plus puissante que l’on puisse utiliser pour changer le monde ». Cette maxime de l’ancien président sud-africain Nelson Mandela, champion de la paix et de la lutte contre le racisme, résonne aujourd’hui plus que jamais dans l’esprit des autorités sénégalaises. Elles ont saisi l’importance de réformer notre système éducatif pour le rendre plus compétitif et mieux adapté aux défis actuels. Si l’introduction de l’anglais dans l’enseignement constitue un jalon important, l’autorisation des jeux d’échecs dans le cursus scolaire apparaît comme une initiative stratégique pour renforcer les capacités cognitives des élèves et améliorer leurs performances à l’école.
Bien plus qu’un simple jeu de société, les échecs sont une discipline qui exige concentration, réflexion stratégique et anticipation. Leur pratique favorise le développement de compétences cruciales, telles que la logique, la résolution de problèmes, la gestion du temps et la prise de décisions. Autant d’atouts qui peuvent non seulement améliorer les résultats scolaires, mais aussi préparer les jeunes à affronter les défis du monde moderne surtout dans un pays où les taux d’échec scolaire demeurent préoccupants malgré les efforts de l’État. Les bénéfices des échecs ne se limitent pas à l’amélioration des compétences intellectuelles des élèves. Cette discipline crée également un environnement propice à la discipline personnelle et à l’esprit de compétition saine, des valeurs essentielles pour les jeunes générations.
En apprenant à planifier plusieurs coups à l’avance, à anticiper les conséquences de chaque action et à accepter la défaite comme une opportunité d’apprentissage, les élèves développent des qualités de résilience et de persévérance, primordiales pour réussir dans la vie.
Ces réformes audacieuses s’inscrivent dans une démarche plus large de modernisation du système éducatif sénégalais. En maîtrisant une langue internationale comme l’anglais et en développant des compétences stratégiques par les échecs, les élèves sénégalais se retrouvent armés pour concourir à l’échelle mondiale. L’objectif est clair : offrir aux jeunes du Sénégal une éducation qui les prépare non seulement aux défis locaux, mais aussi à la compétitivité internationale.
D’autant que, dans un monde en pleine et perpétuelle mutation, chaque nation essaie de dérouler sa propre stratégie. Si par exemple le « peruskoulu » – le système éducatif finlandais obligatoire – lancé dans les années 1970, a connu un succès dès les années 1990, c’est parce qu’il a été renforcé par une série de réformes innovantes. Aujourd’hui, lorsque des délégations internationales d’experts se rendent dans le pays pour apprendre la formule du « miracle » de l’éducation en Finlande, on leur dit qu’une éducation publique de haute qualité est le résultat non seulement de politiques éducatives, mais aussi de politiques sociales efficaces.
D’autres pays, comme Israël, ont déjà réussi à mettre en œuvre un programme efficace permettant de transformer les parents en enseignants pour préparer les enfants pauvres. Autant d’exemples qui confortent donc cet élan de réformes éducatives entreprises dans le cadre plus vaste de gestion de la crise dans le secteur de l’éducation sénégalais. Même si, il faut le reconnaître, grâce aux efforts conjoints des autorités et des enseignants, les grèves, autrefois récurrentes, sont devenues moins fréquentes. Des éducateurs tels que Bara Mbengue, honoré, ce jeudi, par le Grand Prix du chef de l’État pour son engagement, incarnent l’excellence pédagogique et l’espoir d’un avenir meilleur pour l’éducation sénégalaise. Il faut par ailleurs noter que cette dynamique fait également écho à la réponse sénégalaise à des décisions externes parfois perçues comme préjudiciables. Ainsi, en dépit de la suspension surprenante de programmes d’aide à l’éducation par l’administration Trump, le Sénégal continue de tracer son chemin avec détermination, en veillant à ce que l’éducation reste un levier puissant pour l’émancipation des enfants et des jeunes, acteurs du développement de demain.
C’est pourquoi notre pays doit continuer de réformer et d’adapter davantage son école, non seulement pour la rendre plus moderne, mais aussi pour en faire un véritable moteur de progrès social et économique.
Par Salla GUÈYE
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